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mardi 19 mars 2013

Une pépite d'évangile


La liturgie du dimanche 17 mars invitait à (re)lire et à méditer un des plus beaux passages des évangiles : la rencontre de Jésus avec une femme adultère.

Ce texte est entouré d'un certain mystère : il est absent en effet dans les manuscrits les plus anciens, et dans les versions latines, syriaques, etc. Les bibles modernes le situent généralement au chapitre 8 (v. 1 à 11) de l'Evangile de Jean.  Quelques manuscrits pourtant le font figurer à la fin de l'évangile de Jean, d'autres le rattachant à l'évangile de Luc. L'auteur en est-il Luc ou Jean ?  De nombreux exégètes, se fondant sur des arguments stylistiques, pensent que l'auteur de ce récit est Luc.

Le voici dans sa version liturgique, tel qu'elle a été lue le 17 mars dernier :

Jésus s'était rendu au mont des Oliviers; de bon matin, il retourna au temple de Jérusalem. Comme tout le peuple venait à lui, il s'assit et se mit à enseigner. Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu'on avait surprise en train de commettre l'adultère. Ils la font avancer et disent à Jésus : " Maître, cette femme a été prise en flagrant d'adultère. Or, dans la loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, qu'en dis-tu ? " Ils parlaient ainsi pour le mettre à l'épreuve, afin de pouvoir l'accuser. Mais s'était baissé, et, du doigt, il traçait des traits sur le sol. Comme on persistait à l'interroger, il se redressa et leur dit : " Celui d'entre vous qui est sans péché, qu'il soit le premier à lui jeter la pierre. " Et il se baissa de nouveau pour tracer des traits sur le sol. Quant à eux, sur cette réponse, ils s'en allaient l'un après l'autre, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme en face de lui. Il se redressa et lui demanda : " Femme, où sont-ils donc ? Alors personne ne t'a condamnée ? " Elle répondit : " Personne, Seigneur. " Et Jésus lui dit : "Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. "


Le contexte du récit

La scène se passe à Jérusalem, au temple, où Jésus s'est rendu de bon matin. Rapidement, la foule l'a entouré et il s'est mis à enseigner. La fête des tentes vient à peine de s'achever. Il y a encore de nombreux pélerins à Jérusalem, des familles entières, venant d'un peu partout. Jésus a vraisemblablement passé la nuit au mont des Oliviers, dans ce jardin de Gethsémani qu'il affectionne, afin d'y trouver le calme et le silence pour prier et se reposer. On ignore si des disciples sont avec lui.

Durant la semaine qui  a précédé, la foule s'est divisée à propos de Jésus. Attirés autant par la curiosité que par son enseignement et les guérisons qu'il a accomplies, certains sont séduits par le ton nouveau du discours de Jésus et par la priorité qu'il donne aux pauvres, d'autres se montrent franchement sceptiques. Les scribes et les pharisiens sont inquiets pour leur pouvoir, leur influence ; ils redoutent que la situation ne leur échappe.

A plusieurs reprises, ils ont manifesté leur ferme intention de faire taire Jésus, de s'emparer de lui, et même de le faire mourir. Ils ont à cette fin envoyé des gardes pour l'arrêter, mais ceux-ci sont revenus sans lui, eux aussi impressionnés par les paroles de Jésus : "Jamais homme n'a parlé comme cet homme".

A chaque fois, l'évangéliste répète que si personne n'a mis la main sur lui c'est que son heure n'était pas encore venue.


Les acteurs du récit

On peut relire le récit en distinguant plusieurs points de vue : celui de Jésus, celui des scribes et des pharisiens, celui de la femme adultère, celui de la foule.
           
            La foule

La foule qui entourait Jésus pour l'écouter assiste à toute la scène, mais le récit ne dit rien de ses réactions, ni de ses sentiments. On imagine mal qu'elle soit restée totalement muette et figée pendant tout ce temps. C'est rarement l'attitude de la foule en pareilles circonstances, quand un fautif est ainsi soumis à l'opprobre public. On ne sait pas non plus quel impact la scène a pu avoir sur ceux qui y ont assisté. Qu'en ont-ils retenu ?

            Les scribes et les pharisiens

Ils créent l'événement en amenant à Jésus cette femme prise en flagrant délit d'adultère.

Leur intention est révélée par le texte. Ils visent moins à faire respecter la loi qu'à tendre un piège à Jésus. Leur attitude est d'une grande bassesse : dans le fond, cette femme en faute ne les intéresse pas, pas plus que la Loi, qui leur sert seulement de prétexte. Ils utilisent cette femme à leur merci pour arriver à leurs fins : mettre Jésus dans l'embarras. Attitude triste, mais néanmoins fréquente, de puissants utilisant dans leur seul intérêt plus faible qu'eux.

Les faits sont incontestables : il y a flagrant délit d'adultère. La société juive du 1er siècle, comme bien d'autres sociétés, condamnait et punissait l'adultère. La sanction prévue par la loi de Moïse est particulièrement lourde : " Quand un homme commet l'adultère avec la femme de son prochain, ils seront mis à mort, l'homme adultère aussi bien que la femme adultère  (Lév., 20, 10 ; Dt, 22,22). On voit bien que les accusateurs de la femme ne sont guère préoccupés par le respect de la loi.  Pourquoi seule la femme est-elle amenée à Jésus (et pas l'homme) ? Le texte ne le dit pas. Je suis peu convaincu par l'explication fournie par certains exégètes qui, attribuant le récit à l'évangéliste Luc, relèvent que ce dernier souligne à maintes reprises, dans son évangile, l'attitude révolutionnaire de Jésus vis-à-vis des femmes.

Le piège tendu à Jésus est extrêmement bien pensé. Il vise à ne lui laisser que deux possibilités de réponse :
- soit il confirme que la loi doit être appliquée, ce qui implique la mise à mort ;
- soit il fait preuve de mansuétude et écarte la peine de mort.

Dans le premier cas, il ne pourra que briser son image, auprès de ceux qui le soutiennent, se mettant en contradiction avec son discours d'ouverture, de libération et de miséricorde adressé aux pécheurs, aux pauvres et aux faibles.

Dans le second cas, il se mettra en porte-à-faux vis-à-vis de la loi divine et se rendra coupable de blasphème, substituant sa propre loi à celle de Dieu. Le blasphème est, lui aussi, puni de la peine de mort par la loi de Moïse.

Le silence opposé par Jésus a dû particulièrement énerver ces prétendus défenseurs de la loi. Le texte dit qu'ils le pressent de répondre se montrant particulièrement insistants.

La réponse que Jésus leur donne, après un temps de silence que l'on peut supposer assez long, n'est pas du tout ce qu'ils attendaient. Jésus déjoue le piège. Il sort de l'alternative dans laquelle ils voulaient l'enfermer. La réponse donnée par Jésus - " Que celui qui n'a jamais péché lui jette la première pierre " - a dû les désarçonner. Le texte ne décrit pas avec précision leurs sentiments. Il se borne à dire qu'abandonnant leur arrogance ils finissent par s'en aller l'un après l'autre ( " en commençant par les plus âgés ", note avec malice l'évangéliste).

On est réduit à imaginer ce qu'il se passe, à ce moment-là, dans leur coeur et dans leur tête. Ont-ils honte de ce qu'ils ont fait ? Ont-ils du regret ? Ont-ils vraiment compris ce que Jésus voulait leur dire en faisant appel à leur conscience, à savoir que nous sommes tous pécheurs et que nous avons tous besoin de la miséricorde de Dieu comme de la miséricorde des hommes " Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux " (Lc, 6, 36). Rien n'exclut que certains d'entre eux soient partis en mûrissant déjà leur prochaine vengeance. Jésus leur a laissé le choix. C'est d'eux-mêmes qu'ils partent.

            La femme

Il n'est pas difficile d'imaginer dans quel état d'humiliation et de honte devait se trouver la femme amenée à Jésus, son péché ainsi étalé sur la place publique. Peut-être pleure-t-elle ? Elle doit redouter la mort qui plus que vraisemblablement l'attend. Elle ne doit pas oser croiser le regard de ceux qui l'entourent, en ce compris peut-être celui de Jésus. Osons nous dire que semblable situation se produit encore aujourd'hui.

La femme restera muette pendant toute la scène. A quoi bon nier ? Il y a eu flagrant délit.

Pendant ces longues secondes où Jésus se tait et trace des signes sur le sol, elle réfléchit sans doute. Rentrée en elle-même, elle doit considérer son acte. En comprendre l'importance et la gravité. Peut-être éprouve-t-elle du regret et de la culpabilité ?

Alors que ses accusateurs s'en vont un à un, elle reste près de Jésus. Elle aurait pu profiter de la situation pour s'enfuir. On peut penser qu'elle attend quelque chose : un geste, une parole, un regard de Jésus ?

Jésus se redresse et leurs regards se croisent. Suit un dialogue très bref, mais d'une grande portée : " - Femme, où sont-ils donc ? Alors personne ne t'a condamnée ? - Personne, Seigneur. - Moi non plus je ne te condamne pas. Va désormais ne pèche plus. "

Benoît XVI, dans une méditation, a légèrement transformé le texte comme suit : " Moi non plus, je ne te condamne pas afin que tu ne pèches plus. Va. " Bien plus que la condamnation, ce non-jugement ouvre la voie à une nouvelle fécondité.

La loi n'est pas abolie. Jésus d'ailleurs n'a jamais transigé sur l'indissolubilité du mariage. Il la défend même au-delà de ce que la loi de Moïse prévoit : " Quiconque répudie sa femme - ce que permet la loi - l'expose à l'adultère ; et si quelqu'un épouse une répudiée, il est adultère. " (Mt, 5, 32). N'oublions pas que, pour Jésus, l'adultère commence dès le moment où un homme regarde une femme avec convoitise (Mt, 5, 28).

La femme doit se sentir libérée et en même temps retournée. Ne masquons cependant pas les difficultés qui l'attendent : elle va devoir affronter son mari, sa famille, l'épouse de son amant peut-être ...

Jésus

La réaction de Jésus au piège qui lui est tendu est étonnante, étrange même :
- il baisse les yeux et regarde le sol,
- il se tait suffisamment longtemps pour que ses adversaires s'impatientent, persistent à l'interroger et le pressent de répondre,
- du doigt il trace des traits sur le sol.

Est-il désarçonné et prépare-t-il ainsi sa réponse ? Ou bien veut-il signifier qu'il se sent comme étranger à la question qui lui est posée ? Veut-il faire comprendre qu'il n'est pas dupe quant aux intentions de ses interlocuteurs et désapprouve la médiocrité de leur procédé ?

Toujours est-il qu'il n'agit pas en avocat ou en juge. Il n'instruit pas le dossier. On pourrait discuter en effet : tous les cas d'adultère se valent-ils et méritent-ils le châtiment suprême ? Cet adultère était-il connu ou tenu secret ? S'agissait-il d'un égarement passager ou d'une liaison ? La femme n'avait-elle pas de circonstances atténuantes ? Peut-être cette femme était-elle maltraitée par son mari. Jésus  n'entend pas mener un procès. Il répondra d'une toute autre manière.

Les yeux baissés, il ne regarde pas la femme. Par délicatesse ?

Et ces traits qu'ils dessinent sur le sol, que représentent-ils ? S'agit-il d'un geste anodin ou signifie-t-il quelque chose ? Les exégètes ont formulé bien des hypothèses à ce propos. Veut-il fixer l'attention sur lui afin que les regards se détournent de la femme ?

Après un assez long silence, Jésus se redresse, regarde ses accusateurs et prononce une seule phrase, avant de tourner à nouveau son regard vers le sol : "Que celui qui n'a jamais péché lui jette la première pierre ". Extraordinaire réponse : au lieu de tomber dans le piège qui lui a été tendu, en se prononçant sur l'application ou non de la loi, Jésus renvoie ses accusateurs à leur conscience.

Jésus, pendant qu'ils partent un à un, garde les yeux baissés. Quelle délicatesse à nouveau ! Il ne leur fait pas subir l'humiliation de sa victoire.

C'est seulement après qu'ils soient tous partis - Jésus se trouve-t-il alors seul avec la femme ? - qu'il porte son regard sur elle et lui dit : " Je ne te condamne pas. Va, désormais ne pèche plus ".

Le message

La réaction de Jésus s'explique par d'autres bribes de ses discours :
 - " Vous jugez de façon humaine. Moi je ne juge personne. " (Jn, 8, 15) ;
- "  Ne vous posez pas en juges et vous ne serez pas jugés. Ne condamnez pas et vous ne serez pas condamnés. Acquittez et vous serez acquittés. " (Lc, 6, 37).

Jésus n'est pas venu pour juger le monde, mais pour le sauver, le relever. La loi ne peut pas être pour Jésus synonyme d'enfermement, de mort. Elle doit être appel à la conversion.

" Soyez miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux " (Lc, 6, 36). Face à la faute, la personne doit passer avant la règle. Manquer à la miséricorde, c'est être infidèle au Dieu de miséricorde. C'est bien plus grave que de manquer au respect inconditionnel de la loi. 

samedi 9 mars 2013

Ils ont reculé au lieu d'avancer

"Ils ont reculé au lieu d'avancer ", on peut lire cela dans le livre de Jérémie (Jr, 7, 24).

J'éprouve souvent ce sentiment que rien ne bouge, qu'il n'y a pas d'issue, que tout régresse même. Je le vis au quotidien dans ma propre vie. Autant à cause de moi qu'à cause de ceux qui m'enchaînent, mais je dois aussi avoir une grande part de responsabilité dans ce sentiment.

J'ai de la peine à constater que cela fait partie aussi de la vie de mes plus proches. Tout stagne et rien n'avance.

J'aimerais savoir si j'en suis la cause. Si oui, j'aimerais confier à d'autres le soin de faire avancer les choses.

Ce qui est intéressant dans les propos de Jérémie, c'est qu'ils mettent ce sentiment en perspective : " ils n'ont pas écouté, ils n'ont pas prêté l'oreille, ils ont suivi les mauvais conseils de leur coeur obstiné " (Jr, 7, 28).

C'est vrai, je n'ai plus guère prêté l'oreille, ces derniers mois, à la Parole, dont je sais pourtant qu'elle est la seule nourriture qui me porte. Je n'ai suivi que mon coeur. Et mon coeur a encaissé beaucoup de choses depuis trois mois. Il a réagi tantôt avec force, tantôt avec fatigue, tantôt avec exaspération, tantôt avec découragement, tantôt avec confiance.

J'espère trouver au bord du puits que je vais rejoindre demain de quoi faire avancer surtout mes proches et accessoirement moi-même.


lundi 4 mars 2013

Pourquoi suis-je moi ?

C'est Julien Green qui a intitulé le volume 1993-1996 de son journal : " Pourquoi suis-je moi ? " (Fayard, 1996). Une forme de réponse figure, dans cet extrait, où je me retrouve complètement.

" Voici la vérité sur moi-même : j'étais fait pour l'amour. Point. La sexualité chez moi n'a jamais pu envahir l'amour. Il s'agit de deux réalités sans rapport. La frénésie sexuelle que j'ai connue, dont j'ai eu ma part, n'a jamais pu se faire passer pour l'amour. Faire l'amour est une expression qui à mes yeux ne signifie rien.L'amour nait en nous, mais il ne se fabrique pas.On peut tomber amoureux d'un visage, parce que dans le visage se lit et se raconte l'amour, la grande histoire de l'amour que beaucoup ne connaissent pas. L'appareil sexué n'a à nous offrir que la sensation. Faire raconter à la sensation ce qui dépasse tout est une façon de se jouer la comédie à soi-même. Et cependant, Romeo mêle son amour et sa jouissance quand Juliette est entre ses bras. Mais c'est l'un qui fait naître l'autre ".




samedi 2 mars 2013

Une très belle rencontre

Lui et moi ne savons plus très bien comment le contact est né sur Facebook. Par quel intermédiaire ?

Après quelques échanges, commentaires et "I like", nous avons éprouvé le désir de nous rencontrer.

Il vient de loin. Je pourrais être son père. Il sont venus, en Belgique, avec ses parents et son frère du pays des mollahs, comme réfugiés politiques. Sa famille ne correspondait pas vraiment au moule islamique. Une famille d'enseignants, comme la mienne, et de juristes, comme je l'ai été.

Ce garçon, qui a l'âge de mon fils aîné, a pris sa vie en main, dès l'âge de 19 ans, et a vécu bien des choses.

Le plus étonnant a été le nombre de points communs que nous avions sur le plan de la personnalité et des idéaux, surtout concernant la relation à l'autre, la place du sexe dans la vie, l'identité, la conception de l'amitié, la difficulté à nous assimiler à un groupe. Ouf, m'a-t-il dit, je ne suis pas le seul. Nous avons évoqué aussi ce monde, où l'on parle des travailleurs en les appelant "ressources humaines", comme il existe des ressources naturelles ou financières. Nous avons évoqué la futilité : quel sens donner à ce mot ? Nous nous sommes interrogés sur la culpabilité et le remords : quelle est la nuance ? La notion de faute sans doute.

Bref, nous n'avons cessé de toucher l'un et l'autre les questions de l'autre toujours à propos.

Son job aujourd'hui est d'écouter et d'accompagner des gens en difficulté. Une dimension sociale, humaine, qui a, chez lui, pris le pas sur ce qu'il croyait être sa passion : l'informatique ; il  a suivi une formation de web designer.

L'université lui a été interdite pour des raisons de diplômes non fournis par son Etat d'origine.

Parmi ses désirs d'université, outre la psychologie et le journalisme, il y aurait aussi le droit.

Je ne dois pas avoir été très encourageant à cet égard.

Quand je lui ai dit qu'un moine était quelqu'un qui adoptait une distance par rapport au monde, pour unifier son être ... Il m'a dit : "alors, je suis un moine". Je lui ai répondu : oui.

vendredi 1 mars 2013

Mami et les maisons de repos

Entre autres multiples choses à régler, depuis le décès de mon père, il y a le bien-être de ma mère.

Ce n'est pas une mince affaire, d'autant que je me heurte quotidiennement à des contradictions.

Dans l'instant, j'ai organisé une chaîne de solidarité telle qu'elle ne passe aucun jour sans visite ou aide. Nous cherchons maintenant une maison de repos, malgré l'opposition première "je veux encore profiter un peu de mon appartement" ... puis, "je me sens seule" suivi de "il y a eu trop de monde aujourd'hui autour de moi". Trouver le juste milieu se révèle, en l'occurrence, un objectif inaccessible.

Première maison visitée. Moderne. Des chambres peu lumineuses toutefois. Un milieu aseptisé. Pas une plante verte, pas une décoration. Une salle à manger ressemblant à un réfectoire. Des petites vieilles en chaise roulante regroupées devant une télé à chaque étage. Un cours de gym infantilisant. Ma mère a dit non tout de suite. Je ne veux pas vivre avec des mémères en chaise roulante. Oui, mais ...

Deuxième maison visitée. Les résidents sont bien. Les chambres sont spacieuses. Mais tout est peint en orange. C'est trop d'orange. Et puis il y faisait fort chaud. C'est plutôt non.

Troisième maison programmée demain. Tout ce que ma mère veut - ambiance hôtel, nappage et fleurs sur des tables rondes de quatre à la salle à manger, salons divers pour recevoir ... mais c'est loin, pour les visites et puis c'est trop cher.

Quatrième maison : le rendez-vous fixé cet après-midi a été annulé par la maison de repos.  Ma mère a téléphoné pour leur dire que leur maison était un foutoir ...

Je ne sais pas quelle sera la cinquième, mais on n'est pas sorti de l'auberge.

HELP !