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lundi 30 novembre 2009

30 novembre 2009

Un petit écho de la vie juridique belge.

Le législateur fédéral, parce que cela relève de sa compétence, a créé, à côté du mariage, un statut parallèle: la cohabitation légale. Contrairement "au modèle français", que chérissent tant certains de mes amis, le contrat belge de cohabitation légale n'a pas la même signification symbolique que le PACS, en France. La raison en est simple: un couple homosexuel peut, en Belgique, se marier; ce n'est pas le cas en France. Toujours dans le domaine de sa compétence, le législateur fédéral belge a décidé d'assimiler fiscalement les couples mariés et les couples de cohabitants légaux (le mariage à plus de deux, pas plus que la cohabitation légale à plus de deux, n'étant pas légalement reconnus en Belgique). Cette assimilation vaut pour l'impôt sur le revenu des personnes physiques.

Mais, en Belgique, rien n'est simple. Le pays est minuscule, mais il a des idées et des plombiers (on appelait l'ancien premier ministre, Jean-Luc Dehaene, le "plombier"). L'Etat fédéral a perdu beaucoup de ses compétences au profit des Régions. Ce qui, soit dit en passant, est parfaitement antinomique, puisque dans un Etat fédéral, on "met des choses en commun", tandis qu'en Belgique on "dépossède" l'Etat, dit fédéral, de tout ce qu'il est possible de lui enlever à  la demande des flamands.

Bref, les droits dus en cas de succession sont aujourd'hui une compétence  régionale. La région qui emporte la cagnotte est celle où s'ouvre la succession, c'est-à-dire celle où le défunt résidait quand il meurt (peu importe où se trouvent ses biens). Les régions ayant adopté des politiques fiscales différentes, en matière de droits de succession, on a vu apparaître des délocalisations de petites vieilles et de petits vieux! Des héritiers peu scrupuleux ont vite compris tout l'intérêt de mettre Tatie Danièle dans une maison de retraite plutôt en Flandre qu'à Bruxelles! Certains juristes se sont d'ailleurs fait un plaisir de les conseiller.

Mais revenons au sujet.

Les flamands, plus ouverts d'esprit, ont choisi de traiter, en ce qui concerne le tarif des droits de succession, les gens qui vivent ensemble (à deux ou plus) de la même façon. Les cohabitants de fait doivent seulement témoigner d'une certaine stabilité dans la vie commune.

Les wallons, parfois en retard d'une guerre, ont franchi le pas de manière plus timide quelque temps après. Les cohabitants de fait n'ont pas plu (pour des raisons budgétaires sans doute). Le meilleur tarif a été réservé aux successions entre conjoints mariés et entre cohabitants légaux "depuis un an au moins au jour du décès". On imagine une réunion, en fin d'après-midi, au cabinet du ministre des Finances et du Budget d'alors. Ce qui va suivre est pure fiction.

- Le ministre:  "Oui mais, il faut le dire, ... si j'ai une jeune maîtresse, elle pourrait, voyant ma fin venir, m'extorquer un contrat de cohabitation légale, "in extremiste" ... "...miss", pour avoir mon pognon avec moins de droits de succession!"
- Le chef de cabinet: "Oui, monsieur le ministre, nous allons arranger cela. Un délai d'un an au moins vous semble-t-il raisonnable?"
- Le ministre: "Un an? ... Elles ne restent jamais plus d'un soir! Allez, c'est bon. Il faut bien gouverner quand même. Un an".

Tout se joue là!

Un bon chef de cabinet aurait dû dire au ministre: "Ce n'est pas possible, monsieur le ministre. Une telle disposition est contraire à la Constitution: elle crée une discrimination injustifiée entre les couples mariés et les couples de cohabitants légaux". Mais le texte est présenté comme cela au Parlement (parfois après avis du Conseil d'Etat ... que l'on ne juge pas toujours utile de suivre). Il est voté sans discussion. Comme dirait Sarko, le Parlement n'est quand même pas là pour mettre des bâtons dans les roues à l'action du Président.

Les cabinets d'avocats se frottent les mains! Et cela donne, un arrêt de la Cour constitutionnelle, rendu le 26 novembre 2009, qui met le ministre dans les cordes (arrêt n° 187/2009). Un décret assure déjà la réparation de cette bévue. Des exemples de ce type, j'en ai un certain nombre en réserve.

Il n'y a pas à dire: dans le contexte actuel de crise et de sous-emploi, si on fait le compte de tous les gens qui auront travaillé sur la question posée in casu, la Région wallonne se préoccupe indéniablement de créer de  l'emploi.

29 novembre 2009

Je n'ai pas tout dit de l'interview de David Fray (cfr. post précédent). Il dit aussi ceci que j'invite à méditer:
" Avant, j'étais obsédé par la perfection de la réalisation technique, j'avais peur de passer pour un imposteur! Aujourd'hui, ce n'est pas encore que je me sente légitime, mais disons que j'essaie de placer le débat ailleurs, de cultiver ma singularité. Cocteau disait: "ce que les gens te reprochent, cultive-le, parce que c'est toi". Alors voilà, j'essaie de cultiver ce que je suis. Et j'espère que le public me suivra: car même si je joue comme un dieu, si les gens ne sont pas prêts à se retrouver devant quelque chose qu'ils ne connaissent pas, cela ne marchera pas. Et je sais que tout le monde n'est pas prêt à se retrouver devant Schubert. Schubert requiert la perspective, la distance, la profondeur de champ ...".

Tout enseignant, à quelque niveau que ce soit, devrait réfléchir aux propos de ce très jeune homme.

27 novembre 2009

Dans son blog, mon ami JPR aborde le débat sur l'identité nationale, qui fait grand bruit en France.

Il y a, dans cette inquiétante expression, deux mots: "identité" et "nationale".

Je vais encore délivrer, en vain, des idées à contre-courant. Ou des réflexions simplistes sur ces mots et leur juxtaposition. On sait combien pourtant des universitaires peuvent y trouver  l'occasion de noircir des centaines de pages et occuper des temps d'antenne ... Un peu comme à propos de la laïcité.

National.

Cela veut dire notamment des flamands de nationalité belge qui voudraient être plus flamands que belges, parce qu'à leurs yeux existe une nation (une identité) flamande non reconnue. Des français, qui se sentent plus français que d'autres, et supportent mal que de "vrais français" soient mélangés avec "d'autres français" dans une même nation. Tel est le débat! Un débat d'une grande hauteur de vue, comme vous voyez. Certains dirigeants, au lieu de rehausser le débat, plongent dans ces revendications médiocres par pur opportunisme, à moins que ce ne soit par pure bêtise.

Identité.

J'ai une carte d'identité, avec un numéro qui me fiche dans un registre national. Elle dit, entre autres, mon nom, mes prénoms, mon sexe, ma date de naissance. Elle montre ma photo. Et elle atteste, dans mon cas, que je suis belge, compte tenu des lois sur la nationalité. Jusqu'à présent, elle ne précise pas encore ma religion, ni mon orientation sexuelle, ni mes (bonnes ou moins bonnes) fréquentations!

Exprime-t-elle mon identité? Evidemment non. Je vais vous l'avouer: je suis né en Principauté de Liège, d'un père dont les origines doivent se situer dans le nord de la France et dont la famille a essaimé au Québec (il y a énormément de dénommés Parent au Québec); d'une mère de souche flamande, mais venant d'une bonne ville de la Principauté et, pour partie, d'un village germanophone de l'Est de la Belgique actuelle, pour l'autre. A voir le type physique de certains membres de ma famille: des espagnols de la soldatesque du temps d'Albert et Isabelle ont dû passer par là. Et, pas de chance, mes deux fils sont nés au Brésil de parents qui, de toute évidence, n'étaient pas des nazis planqués.

Bref, une fois de plus, certains feraient mieux de se taire. Si on doit me mettre dans un avion pour subversion, pour quelle destination sera-ce?

Et si on devait rattacher à la France la Région wallonne, la Communauté française de Belgique, la Région bruxelloise, la Communauté germanophone, le Palais de Laeken et la reine Fabiola ... je deviens quoi, moi? A quelle catégorie de français appartiendrai-je? Les purs ou les autres? Je deviendrais français de nationalité? d'identité? Et dire qu'on a créé une Europe à 27!

Le général de Gaulle aurait dit ceci, s'il l'a dit, c'est plutôt bien dit: "Il y a deux catégories de français: ceux qui disent qu'il y a deux catégories de français et les autres".

vendredi 27 novembre 2009

26 novembre 2009

J'ai bien écouté les deux illustrations, les plus médiatiques pour le moment, de l'art des castrats: celle de Cecilia Bartoli et celle de Philippe Jarouski (car il y en a d'autres ... le créneau est porteur!). Et bien, je n'aime aucune des deux démarches. Je n'ai été séduit par aucun de ces deux enregistrements. Mais, je le répète, je suis un auditeur de musique, sans connaissance, qui réagit seulement avec ses tripes. Si je devais résumer, je dirais: Bartoli, c'est trop (pour moi, jusqu'à la nausée); Jarouski (mais peut-on comparer?), est plus élégant, mais c'est trop peu (jusqu'à l'ennui).




Je trouve que les autres disent souvent des choses plus intéressantes que moi, alors le mieux n'est-il pas de les laisser parler?

Ainsi David Fray, "le pianiste qui respire", dit, dans une interview, par Nicolas Blanmont, publiée dans la LLB du 26/11/2009, des choses aussi essentielles que celles-ci (à propos de Schubert et de son art):
"Le propre du génie de Schubert (est) de donner l'impression qu'il ne compose pas un thème, mais qu'il fait parvenir à un plus grand degré de conscience une mélodie immémoriale qui nous habitait sans même que l'on s'en aperçoive. Un thème sorti de nous-mêmes, de notre propre silence, qui suggère un cheminement ...".

Mais les propos du pianiste vont bien plus loin: "Schubert, cela ne doit pas être réel, c'est une sorte de rêve, d'abandon. Et l'idée que je me fais de sa musique suppose un certain  rapport au temps. Au début, je cherchais un tempo moyen, une sorte de compromis qui ne surprendrait personne. Mais la vérité n'est pas dans la moyenne! Le rapport au temps ne dépend pasde la vitesse, il dépend de ce que vous faites de votre temps".



jeudi 26 novembre 2009

24 novembre 2009

J'ai reçu, ces derniers jours, deux textes totalement bouleversants: le premier d'un jeune marocain; le second écrit par la mère d'un ancien étudiant d'origine albanaise (et traduit par lui). Des textes qui parlent de la souffrance et de la vie, surtout de la vie quand même.

Ce qui m'honore beaucoup, c'est que j'aie été jugé digne de les lire. Il y a une telle force dans ces récits, une telle profondeur, une telle humanité que je voudrais leur donner une audience, un espace. Quand je parcours ces textes, je me dis que certains débats, certaines réflexions ou controverses, certains enjeux sont de plus en plus dérisoires ...

Je n'arrive plus à lire les journaux avec intérêt. La télévision m'est devenue de plus en plus insupportable. La vie facultaire, malgré mes efforts, est de moins en moins captivante.

Ma nourriture, je la trouve dans les livres, dans la musique et ... parfois dans la vie.

Suis-je irrémédiablement sur le mauvais chemin?

lundi 23 novembre 2009

23 novembre 2009

Des mots qui ne sont pas de moi,

Paroles et Musique: S. Balasko, D.Faure

mais qui pourraient être de moi.


Pour ne pas vivre seul
On vit avec un chien
On vit avec des roses
Ou avec une croix

Pour ne pas vivre seul
On s'fait du cinéma
On aime un souvenir
Une ombre, n'importe quoi

Pour ne pas vivre seul
On vit pour le printemps
et quand le printemps meurt
pour le prochain printemps

Pour ne pas vivre seul
Je t'aime et je t'attends
pour avoir l'illusion,
de ne pas vivre seul.

Pour ne pas vivre seul,
des filles aiment des filles
Et l'on voit des garçons
épouser des garçons

Pour ne pas vivre seul
D'autres font des enfants
des enfants qui sont seuls
Comme tous les enfants

Pour ne pas vivre seul
On fait des cathédrales
où tous ceux qui sont seuls
S'accrochent à une étoile

Pour ne pas vivre seul
Je t'aime et je t'attends
pour avoir l'illusion
de ne pas vivre seul

Pour ne pas vivre seul
on se fait des amis
Et on les réunit
quand vient les soirs d'ennui

On vit pour son argent,
ses rêves, ses palaces
Mais on a jamais fait
Un cercueil à deux places

Pour ne pas vivre seul
Moi je vis avec toi
Je suis seule avec toi
Tu es seul avec moi

Pour ne pas vivre seul,
On vit comme ceux qui veulent
se donner l'illusion
De ne pas vivre seul.


dimanche 22 novembre 2009

22 novembre 2009

De deux choses l'une: ou j'évoque ma vie familiale et personnelle, ou je parle de la vie publique (politique, musicale, etc.)

J'ai longtemps cru que le sentiment de haine me resterait à jamais étranger. Ce n'est pas le cas. Et c'est plus dévastateur que l'amour. Donner sa vie par amour, cela sonne bien, c'est positif. Etre détruit par la haine, c'est pire.

Mais on n'aime pas sans raison, comme on ne hait pas sans raison. Toujours, c'est un autre qui suscite l'amour ou la haine. Il est vrai, certains êtres communiquent aux autres de bonnes choses, quand d'autres rayonnent les pires tourments.


Il faut parfois parler en parabole pour faire comprendre.

Il faut, par exemple,  parler en termes de territoire, de colonisation, de prise de possession, de loi du plus fort et de loi du plus faible. Il faut parler de mur. Il faut parler d'exclusion. D'incompréhension. D'expulsions manu militari. De violence. De blocus économique. De déplacement de population. D'accès interdit. De décisions  ou de suggestions unilatérales. D'une totale absence de doute quant au bien fondé de son action. D'intifada. De terrorisme désespéré. Vous croyez que je parle ici de la Palestine et d'Israêl? Non, je parle de la situation dans ma famille depuis dix ans. Enfin, la famille à laquelle je n'appartiens plus depuis 10 ans. C'est-à-dire depuis l'arrivée du colonisateur.

Quelle est la différence entre ma famille et celle d'un ami qui présente certains traits communs avec la mienne? Et où les choses sont vécues bien différemment. Les "nouveaux conjoints" y tiennent leur place et savent s'effacer quand il le faut. Ainsi, dans la famille de mon ami, les parents ont compris que leurs deux fils aiment leur père ET leur mère et qu'il est  bon pour eux de se retrouver avec leur père ET leur mère (sans interférence des nouveaux venus). Il faut pour vivre cela un certain niveau de délicatesse et d'intelligence.


Des échanges sur Facebook m'ont fait un peu réfléchir sur les voix. Par exemple, Jonas Kaufman est-il un ténor ou un baryton (ou, comme disait mon père, amateur d'opéra, un baryton "ténorisant")? Philippe Jarousski est-il un homme? Cecilia Bartoli est-elle une femme? Et qui suis-je? Que suis-je?





Ce que j'aime, avant toute chose, dans une voix: c'est son homogénéité, rendre inaudible le passaggio  entre le medium et la voix de tête, d'une part, la voix de poitrine, d'autre part.

C'est une question de goût: j'aime les sensations célestes; donc j'aime les voix "blanches". Par contre, les voix de poitrine féminines ne me plaisent pas du tout (pas plus que leurs poitrines d'ailleurs). Mais quelle émotion, quand j'écoute certains jeunes garçons aux voix graves de l'Escolanna de Montserrat ... Rassurez-vous, j'adore aussi les notes filées de Montserrat Caballé, malgré sa poitrine!


C'est plus fort que moi. J'aime les marocains. Ils me le rendent bien.


Juste une remarque à propos de Sarkozy. Que constate-t-on? Chaque fois qu'il prend une inititative, elle donne lieu à une polémique et les sondages parmi les lecteurs des journaux (du Monde, à Libé, en passant par le Figaro) la condamnent à plus de 60 %. Donc, en bref, ce mec gouverne avec une majorité parlementaire qui ne représente pas la majorité de la France, ni à gauche, ni au centre, ni à droite. Qui représente-t-elle alors?


En Italie, de plus en plus de baptisés demandent à être rayés des registres de baptême. Le phénomène se répand. Il porte un nom savant: l'apostasie. Dans l'Islam, l'apostasie peut être un crime puni de la peine de mort. Mais s'agit-il toujours d'un même rejet? Rejet de Dieu? D'un message? D'une institution? Aux candidats apostats, je dirai quand même de faire attention: surtout en France. Dans un pays qui a ouvert un débat sur l'identité nationale, et où il ne suffit plus d'être français pour être français, tout est dorénavant permis.

Question: en cas de rattachement de la Wallonie à la France ... (certains en rêvent), à quelles conditions un wallon, par exemple, de Liège pourra-t-il prétendre devenir citoyen français avec identité française?

J'ai reçu plusieurs publicités, ce jour, pour des livres.

Le premier, on se dit qu'on ne le lira jamais en vacances.





Le second suscite la curiosité et la perplexité. Qu'ont bien pu se dire le chantre de l'ultra-libéralisme en Belgique et le porte-parole officiel des évêques de Belgique? Des choses convenables, j'espère. Pour le savoir, je  vais devoir malheureusement lire le livre. Ce que je trouve intéressant toutefois, c'est que publié sous leurs deux noms l'ouvrage n'est qu'un recueil de propos tenus par l'un et par l'autre. On comprend mieux certaines bibliographies scientifiques dans ces conditions.



Il y a des livres qu'on a tout de suite envie de dévorer.

Il y a des livres auxquels on revient sans cesse. Généralement, ils ne font pas l'actualité.

Il y a des livres dont on se dit qu'on aurait mieux fait de ne pas les acheter. Ils sont trop nombreux pour les citer.

dimanche 15 novembre 2009

15 novembre 2009

Mon post du jour sera consacré à Chèvremont, un lieu très étrange ... surtout quand on découvre que la ruelle sinueuse qui y mène s'appelle "Haute Folie". C'est au dessus de Chaudfontaine et de Vaux-sous-Chêvremont.




Quand j'étais petit, j'y venais parce qu'il y avait des "laiteries". Soyons précis, il s'agissait de fermes ou de fermes un peu reconverties, où il y avait une petite plaine de jeux pour les enfants, où on buvait du lait frais sorti du pis de la vache et où mangeait la fricassée ("fricasseye", en wallon). C'était dans les années 1960. Je dois ici expliciter en quoi consiste la fricassée: 4 oeufs sur le plat, deux saucisses, deux tranches de lard et du pain gris frais, sous la tonnelle.






Roboratif donc. Suivi d'un morceau de tarte au riz, d'un café noir et d'un péket (pour les parents). Moi, après le lait, je demandais à boire du 7up.





Je me rappelle, fin juin, je chassais les lucioles, avec d'autres enfants que le noir n'effrayait pas, mais que la lumière attirait.




Chèvremont, c'est une histoire encore plus vieille que le Moyen-Age. Elle remonte à Pépin de Herstal. Il y avait beaucoup de Pépin à l'époque, dans la région et ailleurs. Les Pépin pullulaient. Le plus connu s'appelait "Pépin le Bref" (715-768). On ne l'a pas du tout appelé "le Bref" pour les raisons que vous pensez, mais en raison de sa petite taille. On aurait pu l'appeler "Pépin le Petit", c'eût été moins lourd à porter. Son frère aîné s'appelait Carloman (un des rejetons suivants, notons-le, a été appelé Charlemagne) et sa mère Rotrude! Et une de ses tantes, Plectrude!

Ces prénoms, un peu en ... désuétude, devraient plaire à quelques familles BCBG du Brabant Wallon. "Allons, Plectrude, ne fais pas ton vilain minois, fais plaisir à maman. Nous devons encore passer avec le 4x4 chercher ton frère au tennis, ta soeur à la danse, ton autre frère à son cours de chinois, aller chercher le chien au chenil, passer dire bonjour à Mamy à la "Mésangère", avant que papa ne rentre ... en plus avec tous ces embouteillages, rentrera-t-il seulement? Je sens que sa secrétaire va m'envoyer un texto pour dire qu'il a été appelé d'urgence à une visio-conférence ... Et les devoirs? J'ai campé trois jours devant l'Institut de la Vierge fidèle pour que vous y soyez inscrits! La princesse Mathilde aussi d'ailleurs!".

Bref (si j'ose dire), le Pépin avait un ancêtre dit "de Herstal" (645-714), qui est toutefois mort à Jupille (là où on fabrique la Jupiler). On l'appelle, au choix, "Pépin le Gros" ou "Pépin le Jeune". A sa place, je préférerais la deuxième dénomination plus avenante. Il fut maire du palais d'Austrasie .... ("- Papa, c'est où l'Austrasie? - Euh?). Son père s'appelait Ansegisel et sa mère Begge (620-693). Cela n'est rien, sauf qu'elle était la propre fille de Pépin 1er, dit le Vieux. Cela a suffi pour qu'elle devienne sainte. Ce qui nous ramène à Chêvremont.

De Begge, à Chevremont, il ne susbiste qu'une immonde statue moderne. Je conseille de ne pas la montrer aux enfants, ils pourraient avoir peur.

Il a fallu que des jésuites anglais, au 17 ème siècle, se réfugient dans la principauté pour qu'apparaissent, à Liège, une délicieuse petite chapelle sous les arbres. Ce n'est pas la seule trace des jésuites anglais, à Liège d'ailleurs: il y a aussi l'hôpital des anglais et une certaine partie des bâtiments de l'Université, entre la Meuse et la place du XX Août.



Dans la chapelle, se trouve une minuscule statue de la Vierge, recouverte de 12 robes superposées pour la rendre un peu plus grosse. Ce lieu désuet est néanmoins attachant, car des générations y sont venues, en parcourant à pied le long chemin dans la forêt pour y arriver. On dit d'ailleurs qu'il n'y avait pas de pélérinage organisé ici (comme à Lourdes ou à Banneux). A l'époque, il arrivait qu'un péquenaud décide tout seul de gravir le sentier très raide jusqu'à la Chapelle. Seul. Pour quelles mystérieuses raisons? Peut-être se sentir mieux après?

Une immonde basilique a été construite à partir de 1877. Toutes les basiliques qui datent de cette époque sont immondes.

Aujourd'hui, l'endroit semble figé dans une religiosité d'un autre temps. Les pères carmes "déchaux" qui occupent les lieux n'y sont pas pour rien, à mon avis. Image de la crypte ...



J'ai tout à coup un doute: cela ressemble à un des temples maçonniques dont j'ai posté, il y a quelques jours, la photo.

On apprend aussi sur le site internet de la communauté que "faire dire" une messe coûte 5 euros (tarif passé à 7 euros, depuis peu, sur décision des autorités épiscopales); une neuvaine 56 euros et un trentain 186 euros.

Chêvremont, c'est aussi le pélerinage annuel des sportifs (???).



C'est aussi la "Légion internationale des Petites âmes", rendez-vous annuel en août. Elle doit rassembler tous ceux qui n'ont pas assez de grandeur d'âme pour ... ou les "mal-pensants". Allez savoir ...

Chêvremont est un endroit vraiment étrange.

Aujourd'hui, il n'y a plus de "laiteries". Reste un superbe panorama.

samedi 14 novembre 2009

14 novembre 2009

C'était le mot de la fin.

La nuit tombait.
Dieu s'est levé et il a pris congé.
Nous avions passé toute une journée ensemble, lui et moi,
et il me semblait que nous nous connaissions depuis toujours.
...
J'ai demandé à mon hôte s'il voulait que je le raccompagne à la gare.
- Non, je préfère aller à pied, dit-il.
J'aime la marche.
Autrefois, d'ailleurs, je marchais toujours.

Et il s'en est allé.

Je l'ai suivi des yeux un moment
de la fenêtre de mon bureau.
Il paraissait alerte et marchait d'un pas vif.
Il n'avait pas fait cent mètres que deux hommes l'accostaient.
Ils échangèrent quelques mots
et ils s'en allèrent tous les trois
en discutant en chemin.
Ils sont entrés dans une auberge.
C'était l'heure du repas du soir.

Comme il m'avait dit qu'il aimait Bach.
J'ai mis sur mon lecteur CD les suites pour violoncelle.
J'étais sûr qu'il l'entendrait et que ça lui ferait plaisir.
Mais impossible ...
La tête de lecture de mon appareil s'obstinait à balayer toute ma bibliothèque musicale.

Je sais. Vous allez me dire que le Dieu que j'ai rencontré me ressemble trop.
Que je dois l'avoir un peu créé à ma propre image.
Vu ainsi, je suis loin d'être le seul ...

Ma réponse sera sans doute jugée désarmante: mais avec moi, c'est lui qui a commencé.
Et cela me rend très humble.
D'autant qu'il n'a jamais joué avec moi, ni ne s'est joué de moi.


Ce texte est librement inspiré d'un petit livre formidable paru en 1973: Gilbert Le Mouël, Les cabanes du Bon Dieu, Les éditions ouvrières.


vendredi 13 novembre 2009

10 novembre 2009

Ce soir, soirée Ben et ATK! Les deux compères ne se quittent plus, sauf une fois qu'il s'agit de "gazelles" ... Ils se marrent comme deux baleines et se disputent parfois comme un vieux couple. Ils m'amusent beaucoup. Ils me rendent des services. ATK est ivoirien. Il vit ici avec sa mère. Son père est en Côte d'Ivoire.

J'avais préparé un couscous à faire craquer plus d'un marocain! On a beaucoup ri. On a joué à "Jacques a dit" et à "Ni oui, ni non". Cela fait du bien de rire, ainsi, comme des enfants.

ATK m'a confié que l'impossibilité de parler avec son père lui manquait, qu'il me trouvait sage, qu'il aimait parler avec moi parce que je connais d'autres choses. On a décidé de faire des petits soupers comme cela plus souvent. Sam pourrait-il rejoindre cet étonnant trio, s'y sentir à l'aise? Et puis, comment prévoir dans ma vie d'aujourd'hui?

13 novembre 2009

Devant lui, il y avait une boule et un coquelicot.
Il s'est précipité sur la boule, sans voir le coquelicot.
Il a  fait rouler la boule, l'a prise en main, l'a regardée.
Il a encore fait rouler la boule, l'a reprise en main et l'a regardée à nouveau.
Sous un nouvel angle.
Comme il s'agissait d'une boule parfaite, il voyait à chaque fois la même chose.
Après avoir reproduit ce jeu de nombreuses fois, il a pris conscience de l'existence du coquelicot.
Il ne l'a même pas regardé. Il l'a cueilli.
Il l'a coupé de ses racines.
Deux minutes à peine, après, le coquelicot était fané et flétri.
Depuis, il n'a cessé de voir toujours la même chose.




Je range mon frigo. J'ai oublié de manger les fraises achetées dimanche dernier sur la Batte. Mais avais-je vraiment envie de fraises? Ou seulement du sourire du jeune vendeur?





La haine, aussi bien que l'amour, sont un mystère ... surtout l'amour. La haine est bien trop ordinaire.


A quoi reconnaît-on un ami? Notamment au fait qu'il prend de vos nouvelles après une absence, une défaillance. On est alors  surpris de découvrir que ceux qui se présentent ne sont pas ceux que l'on attendait. Miss Piggy et Miss Dax avaient trop de paillettes dans les yeux ... Le plus sage est de les laisser jouer entre elles désormais. Jouer. Le jeu. Avec soi. Avec l'autre. Avec les autres. Puisque leur mode d'existence ne sera décidément jamais le mien. Je ne dis pas qu'un est meilleur que l'autre, je dis qu'ils sont différents. De toute façon, tous les jeux m'ont toujours profondément ennuyé, déjà à l'école maternelle.

lundi 9 novembre 2009

9 novembre 2009

Il y a un sujet que je vais devoir éviter, à l'avenir, pour ne pas me brouiller avec des amis: la laïcité et la présence des signes religieux à l'école ou dans les lieux relevant de l'Etat. Je ne suis ni philosophe, ni théoricien du droit, ni théologien. Et, s'il s'agit de me confronter à eux, je suis toujours perdant. La pertinence de leur argumentation, leur attachement à des principes abstraits font que nous sommes incapables de partager le même langage. S'agit-il d'un jeu? Un peu comme ... le jeu du foulard, par exemple? Je trouve les abstractions intellectuelles de fort peu d'intérêt.

Je ne parlerai donc plus jamais de  ce sujet avec certains. On ne parle bien que de ce qu'on connaît. Encore faut-il connaître. Eux savent, moi je ne sais rien. A propos d'un échange "un peu musclé" sur Facebook,  je voudrais simplement partager ceci.

Il s'agit de faire saisir par un exemple particulier quelque chose de plus large. Je laisse mon lecteur transposer le sujet.

Revenons au temps des cathédrales ... Il n'est pas possible de comprendre un vitrail à Chartres, un chapiteau à Vézelay, le portail d'Autun, sans la foi. Car, c'est la foi qui a produit ces chefs d'oeuvre. L'homme sans foi, sans Dieu, y verra de belles couleurs, de belles formes, une grande maîtrise, un exemple historique, peut-être une émotion. Mais, en fait, il passera à côté du sujet, tout simplement parce qu'il ne peut pas comprendre. Il ne peut pas comprendre ce qui est dit, ni surtout pourquoi cela est dit. Le pire est qu'il puisse ne pas comprendre, parce qu'il ne veut pas comprendre pour des raisons de principe. J'ai visité des cathédrales avec un musulman, qui ne comprenait pas tout, mais qui a toujours cherché à comprendre. J'ai visité un temple boudhiste, avec un ami laïc, qui s'y est refermé comme une huître. Etait-ce le mépris qu'il avait pour ces gens-là? Ou une peur, une fragilité par rapport à ... ? Les idées sont parfois plus rassurantes que l'exploration du fond de soi.

Certains jours, je me demande sincèrement où sont les esprits les plus conditionnés. Vraiment, je me le demande.





dimanche 8 novembre 2009

8 novembre 2009

Il est arrivé hier. Je l'ai carressé recto verso. Mes doigts ont couru entre les pages. Mon regard s'est attardé sur les noms. Je sais que je ne serai pas déçu:

Le Maroc bouge. le Maroc attend. le Maroc recule. Ses jeunes sont toujours ignorés, écartés. Qui leur parle directement? Qui les comprend? Qui les inspire? Qui les aide à s'affirmer, à être eux-mêmes et libres? A ne plus se sentir abandonnés, isolés? A prendre leur vie en main? Dans ce livre, dix huit écrivains et artistes marocains (vivant au maroc ou ailleurs) envoient à ces jeunes des lettres qui viennent du coeur. des lettres pour établir un lien inédit avec eux. Les considérer, les encourager, les critiquer, les réveiller, les élever. Ensemble remettre en question le système et rejeter les trop nombreux conservatismes qui empêchent ce pays d'entrer dans une véritable modernité. Un livre, intime et politique, pour engager l'histoire autrement.

Lettres à un jeune marocain, choisies et présentées par Abdellah Taïa, Seuil, 2009 (4ème de couverture).

Abdellah explique, dans l'introduction, que le lecteur trouvera, dans ce livre, une prière, un poème chuchoté, crié, un conte moderne, un contrat social d'un autre genre.

C'est exactement cela qui m'intéresse, moi, dans la vie.
Ce sont les personnes comme Abdellah qui m'atteignent.

Mais pourquoi les dimanches ressemblent-ils toujours aux autres dimanches? Par le passé, tout était réglé: le boulanger, la messe (en paroisse, quand j'étais de service pour faire chanter le peuple; à Wavreumont, le plus souvent); le repas familial à Nivezé dans ma belle famille; on passait, chez mes parents, ensuite le soir, repus, épuisés, déjà sur les dents pour le lendemain, après un retour en voiture qui était toujours une épreuve compte tenu de l'agitation des enfants. Mais je me nourrissais à la vue des paysages et en arpentant les chemins forestiers.







Aujourd'hui, c'est mon traditionnel café au Randaxhe, la Batte, un passage chez mes parents, et puis la solitude. Trop grande parfois. Je propose régulièrement à l'un ou l'autre de mes fils de faire le marché avec moi: à l'heure où je le fais, ils ne sont pas levés. Je propose une
promenade l'après-midi en forêt: le dimanche, ils se reposent ou sont chez leur mère pour le repas familial. Alors, je reste seul. C'est vrai qu'un papa tout seul, c'est une drôle de famille. Et quand j'essaye de réunir tout le monde, cela foire toujours. J'aimerais tant avoir des petits-enfants et les garder le week-end, puisque maintenant j'ai l'âge d'être un papy: eux, ne diraient pas non à mes propositions. Et je puis vous assurer que je leur ferais découvrir beaucoup de choses.




Certains jours, je me demande vraiment si une vie là-bas relève de l'incongruité ou de mon être profond.

samedi 7 novembre 2009

7 novembre 2009

Juste envie aujourd'hui de partager deux extraits de lecture, en forme de questions:

* "Faut-il aider les multinationales?", LLB Entreprise, 7 novembre 2009. Cela fait des années que l'Etat offre des ponts d'or à des financiers sans scrupule et cela continue: comme le régime belge des centres de coordination était condamné par l'Europe, il était indispensable de le remplacer par autre chose: les intérêts notionnels, pour continuer à attirer les investisseurs étrangers. La Flandre est prête à offrir 500 millions d'euros à GM pour sauver l'usine Opel à Anvers. Mais GM s'en fout. Après en avoir bien profité, les multinationales opèrent des restructurations; les pertes d'emploi s'amoncellent ici. Il paraît que c'est à cause de la crise. Arrêtons de rire! Faut-il qu'ils aient été bêtes ceux qui dirigent l'Europe et la Belgique économiques, fiscales et financières, depuis 20 ans! Il fallait consacrer cet argent public à des activités non délocalisables, utiles à tous, créatrices d'emploi locaux et pour des locaux. Susciter des échanges de proximité et peut-être en revenir à un certain protectionnisme. Qu'ils sont pénibles ces dirigeants qui expliquent le désastre actuel par la mondialisation inévitable et la crise! Ils désignent un bouc émissaire symbolique qu'ils ont en fait mis en place et favorisé. Garantir l'indépendance économique de nos pays au lieu de se mettre à genoux devant le capital international, aider les pays plus pauvres, ou moins développés, à devenir autonomes, n'était-ce pas là le seul enjeu honorable, moral?

- "Le vrai pouvoir des francs-maçons", un dossier de 22 pages dans le Nouvel Obs., n° 2348, 5-11 novembre 2009. J'aime beaucoup le Nouvel observateur, mais je n'ai jamais rien rencontré de plus creux que ce dossier. A commencer par l'interview de Jean-Michel Quillardet, qui a été "Grand maître du Grand Orient" (bigre!). Mon hebdomadaire favori annonce qu'il a répondu aux questions, sans en éluder aucune. En fait, il ne répond à aucune. Il s'agit du plus bel exemple de langue de bois jamais rencontré



La place me manquera pour énoncer tout le ridicule (je souligne) que je ressens à propos de ces sociétés:
- "Grand maître du Grand Orient", ce n'est pas rien! Doublement grand! Pas serviteur, non: doublement grand!  Mais ce grand maître n'est pas maître en grand chose, ni de grandes choses, ni de grand monde (heureusement!);
- les obédiences représentent un nombre minuscule d'adhérents (170.000 en France) et trouvent encore à se diviser entre elles (spiritualistes ou non, présentes dans le débat public ou non, de tradition anglo-saxonne ou française);
- ces cénacles de la pensée libre et des lumières semblent avoir un gros problème avec la mixité (ce qui est peu conforme avec les idéaux qu'ils affichent);
- j'ai été scout. Pour ma totémisation, on m'a bandé les yeux, emmené seul dans la forêt, dans le noir; on m'y a laissé pour méditer; puis autour d'un grand feu, après un chant de totémisation, j'ai été appelé "Cigale placide". J'ai reçu des mains mêmes du chef de troupe un nouveau foulard. Il semble que l'initiation maçonnique ressemble un peu à ce rituel scout, mais en beaucoup plus glauque (cela est naturellement secret, mais on parle aussi d'une pièce noire, d'un crâne évoquant la mort, d'une coupe d'eau évoquant la vie, par exemple). Dans les communautés religieuses, le jour des voeux solennels, on change parfois de nom. Soeur Jean-Baptiste n'a pas été appelée à son baptême Jean-Baptiste, j'en suis sûr. Les frères-maçons du Moyen-Age portaient de très beaux noms, comme, par exemple, "Martin-le-bien-disant". Quel est le petit nom de monsieur Quillaret?
- les chrétiens ont créé des églises, des monastères, des chapelles, où la porte est ouverte à tous. On ne doit pas donner un mot de passe pour y entrer. Même un franc-maçon peut y entrer. Même un musulman. A tout moment.  Mais ceux qui se revendiquent de la libre pensée et des lumières n'ouvrent pas leur temple à n'importe qui, de la même manière qu'on n'a pas accès au territoire de la Mecque, si on n'est pas musulman;
- on ne marche pas non plus de la même façon, ai-je découvert, lors des cérémonies, selon qu'on est simple initié, frère, maître ou grand maître! J'essaye, avec peine, d'imaginer les différentes manières de marcher!
- on porte aussi des ornements! Un tablier, comme les juifs orthodoxes. Une étole comme les curés de plus en plus ornée qu'on est grand dans la hiérarchie. Je dis bien grand et hiérarchie. Car cela compte beaucoup apparemment. Et même, paraît-il, le noeud papillon (pour se reconnaître au premier coup d'oeil). Le pape n'est pas habillé comme le curé de ma paroisse, et un cardinal de curie n'est pas orné comme un évêque, n'est-ce pas? Sans croix, ici bien entendu, rien que des symboles;
- les temples ressemblent à des salles académiques plus ou moins inspirées, par exemple, par un sphynx, par un triangle et un oeil au milieu, une pyramide, des allégories de la justice, de la loi, de la sagesse, tout cela disposé dans un ordre équilibré et sans fenêtres, comme l'était paraît-il le temple de Salomon. Il doit y avoir des temples austères et d'autres plus kitsch (aux Etats-Unis, par exemple). Tout cela est très grandiloquent, mais peu habité.





Ceux qui se considèrent comme des "fils des lumières" ne sont pas prêts de me convaincre.





Alors, je vous propose, à défaut, un autre parcours. A mon avis, beaucoup plus intéressant.  Dans les pas des vrais maçons. Une distinction est faite, dans le dossier du Nouvel Observateur, entre les maçons "opératifs" et les maçons "spéculatifs".

Etes-vous déjà entré dans la Basilique de Vézelay?






A Vezelay,  les architectes du Moyen-Age ont construit un lieu qui est, pour celui qui y pénètre (encore aujourd'hui), un chemin vers la lumière. Le parcours commence dans un narthex très sombre et puis le chemin s'ouvre. Regardez-bien la photo. Le temple ici laisse toute sa place à la lumière. Mais il converge aussi vers un point. Dieu? Bien sûr que non! Il invite ceux qui entrent à aller au plus profond de leur propre coeur. Faites, un jour, l'expérience de remonter la nef. Si vous avez la chance de séjourner à Vezelay, plusieurs jours, vous ne pourrez pas vous empêcher de le faire plusieurs fois et je vous garantis que vous n'en sortirez pas intact.

Qui a construit ce chef d'oeuvre? Des maçons "opératifs", ils  coopéraient avec les moines "spéculatifs". Très vite, vous comprendrez qu'en ce lieu, rien n'est laissé au hasard. Ce lieu a un sens. Ce que je n'arrive vraiment pas à comprendre c'est qu'on puisse qualifier le Moyen-Age d'obscurantiste et puis qu'on ait ensuite parler du siécle des Lumières!

J'aimerais aussi faire observer, si vous visitez un jour ce lieu, ou d'autres semblables, que le Saint Sacrement, le lieu de la "présence" intime avec Dieu, peu importe son nom, est toujours excentré. Il est comme "relégué" dans un coin. Cela veut dire évidemment quelque chose. Quelque chose d'essentiel. Dieu ne se rencontre pas au bout du chemin qui mène au bout de soi,  quelle que soit la lumière (ou les lumières) qui accompagne(nt) ce chemin, et même si chacun est invité à le suivre, il ne se rencontre que si on fait un "pas de côté". Cela peut prendre beaucoup de temps pour découvrir cela.

Pour connaître un peu de cette époque, par le petit bout de la lorgnette, je vous conseille de lire (ou de relire), le délicieux Henri Vincenot, habitué des plateaux d'Apostrophes, à l'époque du pétillant Bernard Pivot: Henri Vincenot, Les étoiles de Compostelle, Denoël, 1982.






Cherchez aussi les symboles. Ils sont partout. Ils ne sont pas toujours chrétiens. Attardez-vous à chaque chapiteau. Ne lisez pas votre guide bleu et ses explications. Regardez. Contemplez. Notez les détails. Interrogez-vous. Laissez-vous peut-être toucher. Parlez-en à d'autres, le soir, si vous êtes venus à plusieurs.







Quelle est la différence avec un temple maçonnique? La basilique de Vézelay, un lieu où tout a un sens et est symbole, est surtout un lieu habité. Le seul temple maçonnique, dans lequel j'ai pu un jour pénétrer, à Bruxelles (rue de Laeken, 79), lors des Journées du patrimoine, était un lieu sans âme, un lieu de réunion, totalement creux, en dehors des réunions, comme le sont aussi devenues certaines églises ou anciens monastères revendus et devenus la propriété de banques (l'Abbaye de Fontenay, en Bourgogne, par exemple). Quand je m'y suis rendu, un très chic mariage empêchait la visite d'une partie des lieux.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_de_Fontenay

Je reste néanmoins sidéré qu'autant de grands hommes, de grands penseurs, aient pu succomber à ces jeux puérils. Il doit donc y avoir d'autres raisons. De celles-là, le dossier du Nouvel Observateur ne parle pas assez. Ce que j'ai lu ressemble à un roman de Dan Brown. A vrai dire, c'est chaque fois la même chose. On attend beaucoup et on ne reçoit rien.

Voltaire, qui a été initié quelques mois à peine avant sa mort, aurait dit: "Nos pauvres francs-maçons jurent de ne point parler de leurs mystères ... mais ces mystères sont bien plats". On ne peut mieux dire. Et c'est là que réside la trahison.

vendredi 6 novembre 2009

6 novembre 2009

Un des deux ment.
Ou alors, ils mentent tous les deux.
Si un des deux ment, il laisse planer sur l'autre des soupçons.
A chaque question:
- ou ils invoquent le fait que je n'ai pas confiance en eux (ou que j'ai plus confiance dans l'un que dans l'autre),
- ou que c'est l'autre qui ne dit pas la vérité.
Cela devient insupportable et, je le dis, avec des enjeux considérables.
QUI suscite cette situation perverse intenable?

Dans ce contexte vraiment difficile, je trouve un peu de réconfort chez les amis, auprès de mes étudiants, du moins ceux qui en ont un peu "dans le coco", et  bien sûr dans la musique.

Je veux vous parler ici d'un artiste et d'un disque que j'écoute en boucle depuis hier soir: Federico Aubele. Son dernier CD: Amatoria.




J'ai toujours bien aimé les jeunes chevelus, dans ce style-là. Peut-être certains se reconnaîtront-ils dans cet aveu?



Federico est né en 1974; il est argentin. Et son dernier CD Amatoria me touche au coeur.

Et puis, une phrase, en partage, du roman que je lis pour le moment:
"A ce point de non-retour, fuir n'était plus un acte de lâcheté, seulement une façon  comme une autre de s'accorder le temps de comprendre les mécanismes qui expliquaient que l'on devienne si facilement sa propre victime" (Ariel Kenig & Gaël Morel, New Wave, Flammarion, 2008, p. 38).

mercredi 4 novembre 2009

4 novembre 2009

La faculté de droit de Liège  est exceptionnelle. Bientôt, les cours n'y seront plus donnés que par des remplaçants, des assistants, des suppléants, des collaborateurs extérieurs, des praticiens, des conférenciers invités ... que cela honore évidemment. Les raisons évoquées, nécessairement bonnes, cela va de soi, sont diverses:
- il y a des profs pleins de bonne volonté, qui veulent diversifier leur enseignement et l'ouvrir sur la pratique;
- il y a de jeunes professeurs, fraîchement nommés, qui acceptent tellement de propositions extérieures qu'ils ne sont pas à même d'assurer eux-mêmes ce pour quoi ils ont été nommés;
- il y des professeurs qu'on ne juge plus aptes à enseigner, mais qui en font parfois plus de ce point de vue que d'autres plus jeunes;
- il y a des professeurs qui se font remplacer parce qu'ils partent enseigner au Congo ou pour des colloques ailleurs à l'étranger ... laissant ainsi sans berger le troupeau qui leur a été confié;
- il y a des professeurs détestés et d'autres bien aimés.

Décidément, ce milieu est fort étrange. Issu d'une famille d'enseignants, on m'expliquait qu'enseigner est une vocation. Que l'on s'y donne à ses élèves, car ils doivent être la première préoccupation de l'enseignant. J'ose écrire, sans réserve, ici que cette vision est loin d'être partagée, et de moins en moins, par tous mes collègues. Ceux-ci ne se vouent plus à une vocation; ils font carrière.

Je les aime beaucoup mes étudiants. Encore hier soir, alors que nous étions quelques-uns au café Randaxhe à rêver et à organiser le spectacle 2010 de la Fondation Balis. C'est un bon cru. Rien que des gens bien.




J'ai terminé la lecture hier d'un roman que mon collègue et ami N. m'avait recommandé (et offert): John Kennedy Toole, La conjuration des imbéciles, publié aujourd'hui en livre de poche 10/18. Il faut le lire. Si j'en disais plus, je trahirais l'esprit du livre, fatalement, nécessairement, parce que ce roman est inclassable (mais, de mon point de vue, hilarant). Cela dit, j'y vois un sujet magnifique pour un futur spectacle Balis.




Chez moi, un livre suit l'autre. Je viens de commencer la lecture du roman suivant:  Ariel Kenig & Gaël Morel, New wave, Flammarion, 2008. Je ne suis pas encore très loin: mais ce que j'ai pu lire renvoie à mon post du 2 novembre. La démarche est unique: transformer en roman un scénario. Je me suis tout de suite senti à l'aise. C'est un peu ma famille: Téchiné, Gaël Morel, Rachid O. Ce sont des gens avec qui je suis en résonance.




Il est ringard, bien entendu. Sa musique est fort simple. Mais, écrivant ces lignes, je l'écoute ... parler de mots d'amour, d'amants, de chanson, de pleurs, de cigarettes. Il ne regrette rien, lui, non, rien de rien, il ne regrette rien ...


mardi 3 novembre 2009

3 novembre 2009

Comment expliquer que les membres d'une même famille puissent être toxiques à ce point les uns pour les autres? Comment sortir de situations comme celles-là?

Dimanche soir, mon père avait invité notre mini cellule familiale, pour mon anniversaire: ma mère et lui, Sam et Ben, et moi. Le restaurant étant hors ville, nous avons essayé de convaincre mon père de prendre un taxi. Il n'en a pas été question. Sinon, on annule tout. Le rendez-vous était fixé (à Embourg), à 19 h 30. Ben devait me prendre en voiture un peu avant 19 h 30. A 18 h 50, ma mère fait téléphoner pour m'indiquer qu'ils se mettent en route. Où êtes-vous?  A Chênée! Quoi? Ils sont arrivés au resto à 18 h 55 (pour être sûrs). Ce trajet les a angoissés depuis midi, ce jour-là, et puis le soir, ils auront fait porter sur tous les autres une pression inouïe. Eux, s'énervent, parce qu'ils nous attendent; moi, je m'énerve, parce qu'ils nous attendent et que j'attends Ben qui n'arrive pas. Quand Ben et moi arrivons à 19 h 40, le premier mot d'accueil de ma mère est adressé à Ben: "alors, c'est à cause de toi que vous êtes si tard?". Ambiance, n'est-ce pas, pour mon anniversaire? Elle se rappellera mon anniversaire, un peu plus tard, en me remettant deux enveloppes avec de l'argent (une enveloppe venant de papi, une enveloppe venant de mami ... mais, c'est mami qui donne bien sûr les "deux" enveloppes): "Bon anniversaire, quand même". Ces deux mots toujours: "quand même". Dans ces moments-là, j'essaye tout le temps de détendre l'atmosphère, souvent en vain. Le repas se terminera par une altercation entre ma mère et Benjamin. Où Benjamin avait tout à  fait raison sur le fond, mais un peu tort sur la forme. Un "blanc bec" n'a pas à tenir de propos désobligeants à l'égard de sa grand-mère. Si elle lui a dit qu'il était un incapable, il ne pouvait pas dire que ça le blesse. "Tu ne vas pas venir faire mon procès ... quand même". J'ai envie de m'enfuir. On se quittera tous, en se disant à peine au revoir, avec de la haine et du ressentiment les uns pour les autres. Cela me rend infiniment triste.

dimanche 1 novembre 2009

1er novembre 2009

J'avais été un peu prévenu, mais à ce point-là!

9 h 10, la sonnette retentit. Je décroche le parlophone et j'entends des voix juvéniles chanter: "Bon anniversaire ...". Il n'y a qu'une personne dans mon entourage pour faire cela: Anne-Françoise! Anne-Françoise, Dominique, son mari, et leurs adorables petits garçons. Anne-Françoise est quelqu'un de tout à fait original que j'aime beaucoup. Elle partage, depuis quelques années, avec moi des moments inattendus et toujours plein de fantaisie. Je me retrouve ainsi avec un bébé dans les bras, des pains au chocolat, des croissants et du vent frais. Cette jolie famille, c'est un peu Mary Poppins qui aurait épousé son partenaire dans le film et fait de beaux enfants ensuite.

Tout en dévorant nos croissants, nous devisions, quand tout à coup ... elle revient avec son violon et toute la famille me chante une chanson spécialement écrite pour moi. Puis, dans un grand brouhaha, ils s'en sont allés à la messe de 11 heures à Saint François de Sales. Avez-vous des amis comme cela?

Il y a une expression que j'utilise souvent depuis quelque temps: "alors, j'étais heureux".

Je ne dois pas être le seul à être dans le cas, mais je suis né le 1er novembre (fête de la Toussaint dans la tradition catholique). Comme un certain nombre de mes lecteurs, et amis, aiment à se déclarer athées ou libre-penseurs, tout en profitant des congés associés aux fêtes chrétiennes, je voudrais livrer ici une courte méditation. Et je ne parlerai pas du père Damien.

Tout d'abord, ce n'est pas parce qu'on est né le 1er novembre qu'on doit être associé aux chrysanthèmes et aux visites "sur les tombes"! Merci de m'épargner cela.

Je voudrais, juste un instant, être sérieux. Il ne s'agit pas ici de savoir si on croit en Dieu, en l'Eglise, en une vie après la mort, si tout cela est vrai ou pas, etc. Moi même, je ne sais pas. Jésus a-t-il existé? Sans doute, mais laissons le doute planer. Il existe néanmoins un texte datant de deux mille ans et qui commence par les mots: "Heureux ...". Je trouve là une raison suffisante pour m'y arrêter.

Ce texte - "les Béatitudes" - pose simplement quelques questions essentielles, valables pour tout être humain, des questions qui sont peut-être la clé du bonheur, ou, plus exactement encore, de l'épanouissement et de l'accomplissement de l'être:
-  y a-t-il, en ton coeur, une place pour la pauvreté? C'est-à-dire, le dénuement, la fragilité, la précarité, l'instabilité, l'insécurité, la dépendance ...? Je ne parle pas de la pauvreté des autres, mais bien de la tienne, toi qui me lis;
- y a-t-il, en ton coeur, de la douceur? Ou de la dureté, de l'arrogance,  de la suffisance, de l'intransigeance, du mépris, de la superbe, de l'ironie blessante? Et cette douceur l'exerces-tu de manière égale vis-à-vis de tous?
- laisses-tu parfois couler tes larmes ou as-tu appris qu'il faut être fort, courageux, battant, solide, sans cesse prêt à faire front, bâtisseur?
- de quoi as-tu le plus faim ou soif? De pain, de jeux, de fraternité. De reconnaissance, de pouvoir, d'argent, d'un statut social, de luxe. D'amitié, de sensualité, d'affection, de sérénité, de sécurité. Dans le fond, qu'est-ce qui te manque le plus? Ta manière d'agir, d'être, de penser ne dissimule-t-elle pas parfois des manques que tu refuses de voir en face? Même nos manières de manger et de boire nous trahissent;
- combien de fois par jour te montres-tu miséricordieux (et, mieux encore, spontanément miséricordieux)?
- quand tu parles, quand tu agis, quand tu réfléchis, quel est le moteur, l'inspiration de ta parole, de ton acte ou de ta réflexion? Y penses-tu (avant ... ou après ... ou jamais)?
- es-tu quelqu'un qui fédère ou quelqu'un qui divise?
- jusqu'à quel point es-tu prêt à "mourir pour des idées",  jusqu'à quel point es-tu prêt à composer,  à faire avec, voire à te compromettre par rapport à ton idéal?

Il s'agit bien de questions. Et ce n'est pas parce que je les pose que j'y suis soustrait. De toute façon, il s'agit toujours de petits pas à franchir. Il ne s'agit pas d'être parfait, mais d'être authentiquement soi ... pour être heureux. On a le droit aussi d'être nihiliste et de refuser l'idée même de bonheur ou d'accomplissement de soi.

Mathieu a exprimé ce que je viens de dire dans les termes suivants:
"Heureux les pauvres de coeur: le royaume des cieux est à eux.
Heureux les doux: ils auront la terre en partage.
Heureux ceux qui pleurent: ils seront consolés.
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice: ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux: il leur sera fait miséricorde.
Heureux les coeurs purs: ils verront Dieu.
Heureux ceux qui font oeuvre de paix: ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice: le royaume des cieux est à eux."
Evangile de Mathieu, 5, 3-10 (trad. TOB).

Les béatitudes sont chantées; elles ont inspiré des musiciens.

César Franck (1822-1990) a composé sur les Béatitudes une oeuvre symphonique. Un autre compositeur a trouvé, lui aussi un souffle, dans ce texte immémorial: Arvo Pärt (1935-?) ... par ailleurs, docteur honoris causa  de l'ULG, depuis 2009.


César FRANCK


 "Les créations de ses oeuvres passaient inaperçues, et ses qualités fondamentales de bonté, de naïveté et d'acharnement au travail n'étaient pas de celles qui entretiennent la curiosité du public et l'estime des puissants"


Roland de Candé, La Musique, Seuil, 1969,  p. 278

Claude Debussy a dit ceci des Béatitudes de Franck: "Et si l'on examine d'un peu près le poème des béatitudes, on y trouve un lot d'images et de truismes capables de faire reculer l'homme le plus déterminé. Il fallait le génie sain et tranquille de César Franck, pour pouvoir passer à travers tout cela, le sourire aux lèvres; un bon sourire d'apôtre prêchant la bonne parole".

cité par C. Höweler, Sommets de la musique, 1967, 7ème édition,

Je ne suis pas assez compétent pour juger de la qualité d'une oeuvre musicale. Claude Debussy l'était évidemment beaucoup plus que moi. Je ne suis pas sûr cependant que monsieur Debussy se soit livré à une lecture, autre que superficielle, du texte des Béatitudes.

 Arvo PÄRT


Si deux qualités - la pureté et la spiritualité tranquilles - expriment mieux que nulle autre la musique d'Arvo Pärt, on ne doit pas en chercher très loin la raison. Arvo Pärt s'est imposé huit ans de silence et de réflexion, consacrées à l'étude des polyphonies du Moyen-Age, du chant grégorien et de la musique sacrée orthodoxe russe. Il fait partie de la même lignée que ceux qui, en art, arrivent à faire la synthèse de plusieurs traditions pour un résultat toujours plus épuré.

De ce point de vue, sa nomination comme docteur honoris causa de l'Université de Liège devrait être un exemple puissant. Pour être fécond, il faut du temps. Un modèle qui fonctionne sur l'immédiat, la présence permanente et partout, l'hyperactivité, n'est, à mon avis, pas bon.


Je ne suis pas en mesure de proposer une discographie idéale ... Des amis, bloggeurs associés, sont bien plus compétents que moi.

http://jmomusique.skynetblogs.be/
http://rousseaumusique.blog.com/

Il y a néanmoins une version que j'écoute depuis 40 ans, avec toujours la même intensité: celle que les moines de Chevetogne ont gravée, en 1965, pour Harmonia Mundi Chants de la liturgie slavonne.






Quelques photos de chrysanthèmes, quand même ...