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lundi 31 octobre 2011

Menu végétarien (semaine 5)



Lundi 


- Petite salade fraîche (tomates, oignons, concombres, poivrons, maïs)
- Tarte au potiron
- Crotin de Chavignol gratiné sur toast
- Flan caramel
- Pain complet

Mardi


- Soupe verte (céleri, courgettes, épinards, cerfeuil, oseille)
- Omelette aux champignons
- Camembert fermier
- Fruit de saison
- Pain complet

Mercredi


- Feuilleté au fêta
- Poêllée de jeunes légumes à volonté
- Yaourt aux fruits
- Pain complet

Jeudi


- Potage Crécy (carottes, céleri vert)
- Gratin de pâtes aux brocolis
- Fromage de Wavreumont
- Crème au chocolat
- Pain complet

Vendredi


- Loempia végétarien (sauce au choix)
- Ratatouille provençale et son accompagnement discret de pâtes
- Petit suisse
- Banane
- Pain complet

Samedi


-  Petite salade de lentilles vertes à la menthe et aux dés de tomates et poivron rouge
-  Chou fleur au gratin
-  Fromage d'Orval
-  Compote de pommes à la cannelle
-  Pain complet

Dimanche


- A l'apéro: légumes à croquer (carottes, céleri en branche, chou fleur) et à déguster (tomates confites, olives)
- Minestrone
- Gratin d'aubergines (aubergines, mozzarella, oignons, tomates fraîches, herbes)
- Comté mi-vieux
- Tarte aux prunes
- Pain complet
- Pousse-café : alcool de poire ou de mirabelle

vendredi 28 octobre 2011

A propos des impôts et autres calembredaines

La TVA, l'impôt calculé sur la valeur ajoutée par les entreprises, est l'impôt le plus mensonger qui soit.


Dans son principe même, en effet, il ne frappe pas les entreprises, mais les consommateurs. Quand une entreprise crée de la valeur ajoutée, ce sont les consommateurs qui payent. Dans quelle mesure profitent-ils de cette valeur ajoutée, la question n'est même pas posée. Par leur travail, par contre, ils ont contribué à la production de cette valeur ajoutée ; puis, après, on leur fait changer de casquette : de travailleurs, ils deviennent consommateurs. Quant à l'entreprise, en bonne économie libérale, il ne faut surtout pas qu'elle paie d'impôt sur son chiffre d'affaires, et le moins possible sur ses bénéfices.


Soyons de bon compte, il n'y a pas que les travailleurs qui soient taxés comme consommateurs : le sont aussi les allocataires sociaux, les chômeurs, les retraités, les dirigeants d'entreprises, les professions libérales, les rentiers. Quel bel exemple de justice fiscale, n'est-ce pas, de considérer que tout qui va acheter un pain paie la même chose ! Plus de riches, ni de pauvres, une juste égalité. Les riches ne manqueront pas de répondre cependant qu'ils paient plus de TVA que les autres, vu qu'ils consomment plus et souvent des biens plus taxés, car ils ont tendance à apprécier le luxe. Ainsi, justice serait faite. La capacité à contribuer à l'impôt serait donc révélée par le niveau de consommation. Celui qui ne bénéficie que d'allocations sociales ou du chômage ne devrait-il pas dès lors être exonéré de tout impôt, au moins pour la consommation des biens de première nécessité ? On voit bien que cet impôt appartient à un modèle précis de société, celui qui a érigé la consommation en dogme. Le fait que la TVA européenne ait été introduite au début des années 1970 en témoigne. Une question d'ailleurs taraudait ses concepteurs : acheter un immeuble à un promoteur, est-ce un acte de consommation (portant sur un bien) ou un investissement ? Souscrire à une assurance-vie est-ce un acte de consommation (portant sur un service) ou un investissement ? Système fragile donc sur ses bases mêmes. Mais que cela soit dit, le travailleur est taxé deux fois sous deux casquettes différentes : son salaire étant un revenu, il est imposé à ce titre, pour l'avoir perçu ; son salaire faisant partie de la valeur ajoutée de son entreprise, on le met à contribution une deuxième fois quand il en consomme les produits.


Petite explication : à quoi correspond donc cette fameuse valeur ajoutée ? Lorsqu'une entreprise vend un produit ou fournit un service, elle n'est pas la créatrice de tout ce qui compose le produit ou le service. Le plus souvent, elle a acheté des matières premières, des produits semi-finis ou finis et elle utilise de l'énergie et des services produits par d'autres (ce sont les consommations intermédiaires). Elle effectue une production ou une revente à partir de tous ces éléments en les transformant, et elle utilise pour cela du travail (des ouvriers et des ingénieurs par exemple) et son capital productif (par exemple des chaînes de production). Elle crée alors de la valeur car la valeur du produit obtenu est plus élevée que la somme des valeurs des consommations intermédiaires : la différence entre le prix de vente de son produit et la valeur totale des biens et services qu'elle a achetés, qui sont contenus dans ce produit (après transformation), représente la valeur ajoutée. Bref, la valeur ajoutée, c'est ce qui permet à l'entreprise de vendre un bien ou un service plus cher que ce qu'il lui coûte, ce qui comprend des coûts supplémentaires (amortissements, salaires), mais aussi la marge bénéficiaire qu'elle s'octroie. Bref, le travailleur-consommateur paie, suite à la TVA, un impôt sur les marges bénéficiaires des entreprises.


Bien entendu, pour consommer, il faut disposer de ressources, avoir une capacité à dépenser. On peut dépenser les revenus que l'on gagne par son travail, les revenus de son épargne, des plus-values que l'on réalise, les ressources provenant d'une aide sociale ou encore un capital que l'on a acquis par succession, par donation ou en gagnant au Lotto. L'acquisition de ces différentes ressources donne lieu aussi à un prélèvement fiscal dans des proportions absolument sans comparaison. Aucun impôt sur le gain au Lotto ou sur l'allocation sociale de base (en l'absence de tout autre revenu). 15 % sur les revenus des placements "sans risque", les intérêts, avec une exonération importante pour l'épargne simple. 25 % sur les dividendes. Des droits de succession ou de donation variables en fonction des régions et en fonction des patrimoines transmis, avec une exonération pour les transmissions d'entreprises. Une impunité presque totalement assurée en ce qui concerne les plus-values (mobilières, en tout cas).


Bref, avant un impôt général sur la consommation dont les aptitudes à satisfaire la capacité contributive sont déjà douteuses, on trouve au niveau antérieur une situation parfois difficile à justifier.


Pourquoi ne taxe-t-on pas les gains au Lotto ? 


Pourquoi perçoit-on 25 % sur les dividendes versés aux actionnaires et seulement 15 % sur les intérêts ? Le ministre M. Wathelet Jr a déclaré qu'il n'était pas justifiable qu'un placement sans risque (intérêts) soit moins taxé qu'un placement à risque (dividendes). Il préconise dès lors un alignement à 20 % pour les deux catégories. C'est oublier un peu vite que l'on ne trouve pas exactement les mêmes investisseurs dans les deux catégories. Des bons pères de famille prudents se trouvent dans la première ; ils constatent que les taux d'intérêts offerts sont de plus en plus misérables, couvrent à peine l'inflation, se demandent si cela vaut encore la peine de confier leur épargne aux banques et sont prêts à la retirer. Une augmentation du précompte mobilier de 15 à 20 % aurait sans doute pour effet de les amener à choisir de thésauriser chez eux ou à investir en or ... Depuis qu'ils ont rapatrié leurs capitaux d'épargne en Belgique, pour bénéficier d'une amnistie fiscale ou sous la menace d'être surtaxés, ils n'ont plus beaucoup le choix.


Quant aux investisseurs en actions,  il faut souligner non seulement qu'ils choisissent de prendre un risque et, que, pour cela, il faut d'abord disposer d'un capital suffisant, pour pouvoir absorber le risque, mais aussi qu'ils ont deux manières distinctes de retirer un profit de leur investissement : ils peuvent en effet espérer un dividende, taxable en effet à 25 %, ou espérer réaliser une plus-value en bourse, en règle non taxée. Certes, ils peuvent aussi subir de lourdes pertes, notamment dans le contexte actuel, mais combien de plus-values réalisées sans qu'il y ait eu la moindre imposition ? Que sait-on de l'affectation de ces plus-values, qui ont échappé à l'impôt, de leur utilité sociale ?


Le jeu fiscal est tellement complexe dans la forme et dans la possibilité de le présenter de toutes les façons possibles qu'il n'est plus vraiment maîtrisable.


Prenons un exemple, la Région wallonne vient de décider d'augmenter la taxe réclamée aux banques sur leurs appareils automatiques distributeurs et autres self banking. Argumentation assez sotte du ministre-président Demotte : on a assez fait pour les banques, ces derniers temps, en ce qui concerne leur sauvetage par des deniers publics, à elles de contribuer un peu maintenant. Ne vous étonnez pas, après cela, de voir augmenter vos frais bancaires l'année prochaine ! Pour augmenter leurs bénéfices, les banques ont remplacé du personnel par des machines, elles ont détruit de l'emploi, leurs décisions n'ont pas eu d'utilité sociale. Certes, l'usager a pu bénéficier d'une certaine commodité dans les services, mais n'oublions pas que les banques le lui font payer. Où est la valeur ajoutée ? Toute taxe sur une entreprise est toujours finalement une taxe sur l'usager ou le consommateur. Un pas nouveau a été récemment franchi : une taxe sur la rente nucléaire dont bénéficie Electrabel (l'amortissement des centrales nucléaires a été facturé aux consommateurs, les centrales sont maintenant amorties, mais les prix n'ont pas baissé) a donné lieu à une réaction hallucinante du patron de GDF-Suez, maison mère d'Electrabel : si vous nous taxez, nous ne ferons plus d'investissements et nous fermerons certaines activités. Situation surréaliste : une grande entreprise estime pouvoir faire du chantage vis-à-vis d'un Etat. C'est dire jusqu'où va l'idéologie libérale, depuis le néo-libéralisme.


L'impôt juste, à mon avis, devrait répondre à deux critères simples, en ce qui concerne les personnes physiques, les usagers, les consommateurs :
- il devrait être uniquement fonction des ressources (donc un impôt unique au lieu de plusieurs). On taxerait de manière égale toutes les ressources, soit l'aptitude à dépenser, quelles que soient les dépenses faites et quelles que soient les ressources, selon un taux progressif, très faible, voire nul, chez ceux qui ont peu de ressources, et très élevé chez ceux qui ont une grande capacité à dépenser. On peut, à cet égard, trouver des mécanismes pour convertir un capital acquis en une fois en rente périodique, par exemple ;
- par dérogation, l'affectation de ces ressources à des fins dont l'utilité sociale est démontrée (création d'emplois, investissements dans la recherche ou le développement, soutien à des oeuvres sociales, culturelles ou relevant de l'enseignement, par exemple) pourrait donner lieu à une exonération d'impôt ou à un allègement de l'impôt. 


Un impôt sur la dépense ? Non, un impôt sur la capacité à dépenser tenant compte de la finalité des dépenses faites.


Ainsi, le profit pour le profit pourrait être lourdement taxé et le système fiscal serait fort simplifié.


Cette idée simple doit bien sûr être éprouvée, au risque de devenir simpliste, et se heurte bien entendu au constant besoin de complexité qui anime étrangement les hommes au pouvoir ... et je ne suis pas économiste. Je suis, comme toujours, un candide.


L'idée de simplifier le système fiscal ne date pas d'hier. Je me réfère au marquis de Vauban, dans son ouvrage "Une dîme royale" (1707).






" Pour jouer pleinement son rôle, cette dîme sera claire et compréhensible par tous, facile à appliquer et stable. Mais les rois veilleront à ce qu'elle n'excède pas le nécessaire, en ce que tout ce qui sera tiré au-delà jettera les sujets dans le malaise, et appauvrira finalement le royaume tout entier ".


" ... il me semble que je dois commencer par définir la nature des fonds qui doivent les produire (les ressources de sa Majesté) tels que je les conçois. 

Suivant donc l'intention de ce Système, ils doivent être affectés sur tous les revenus du royaume, de quelque nature qu'ils puissent être, sans qu'aucun en puisse être exempt, comme une rente foncière mobile, suivant les besoins de l'Etat, qui serait bien la plus grande, la plus certaine et la plus noble qui fût jamais, puisqu'elle serait payée par préférence à toute autre, et que les fonds en seraient inaliénables et inaltérables. Il faut avouer que si elle pouvait avoir lieu, rien ne serait plus grand ni meilleur ; mais on doit en même temps bien prendre garde de ne la pas outrer en la portant trop haut... ".








































Pourquoi n'y a-t-il pas une programmation musicale concernant les choeurs a cappella ?

Je l'ai déjà dit : j'aime la voix, les voix, même si je ne suis pas amateur d'opéra. J'aime quand les voix se rencontrent, se mettent ensemble pour un "Consort of voices". Il s'agit peut-être de l'expression la plus simple qui soit de la musique. Elle s'y exprime sans aucun support matériel extérieur. Faire passer une émotion avec pour seul instrument des voix qui s'unissent constitue toujours pour moi une expérience fascinante.

Ce plaisir de chanter ensemble est vécu dans une multitude de chorales, de groupes vocaux, composés d'amateurs. Le résultat vaut parfois ce qu'il vaut, mais il est aussi quelquefois excellent et ne serait pas possible sans un travail acharné. En témoigne ce festival des chorales au bord de l'eau, juste en dessous de chez moi, chaque année désormais. On est aussi régulièrement invité à aller écouter, dans des églises, l'un ou l'autre choeur régional.

Mais il existe aussi des choeurs a cappella professionnels. Ils ne sont jamais programmés à Liège, je me demande pourquoi.

Cela fait 25 ans au moins que je suis un grand admirateur des King's singers. Je les ai entendus à Liège, à l'église Saint André, dans les années 80, dans le cadre des Nuits de septembre, je crois que cela a commencé ce jour-là.  Depuis, ils n'ont plus jamais été invités à Liège. Pour les entendre, j'ai dû aller à Maastricht, à Aachen, à Cologne, à Nancy et ... à Malmédy (salle comble au centre culturel).





A écouter :






J'apprécie aussi beaucoup le travail du choeur Chanticleer de San Francisco. Ils tournent dans le monde entier, mais jamais chez nous.




A écouter :




J'apprends que la salle philharmonique de Liège va accueillir, le 7 novembre, " L'orchestre des jeunes de la grande région ", composé de jeunes musiciens des conservatoires et écoles de musique de Metz, Nancy, Reims, Sarrebruck, Luxembourg, Ettelbruck et Liège. Très belle initiative ! J'aimerais beaucoup, pour ma part, que Liège puisse accueillir, dans l'une de ses salles prestigieuses, le Choeur mondial des jeunes (Youth World Choir). Le projet de réunir de jeunes musiciens de multiples origines et d'un certain niveau, pour une aventure commune, avec des chefs prestigieux est commun aux deux initiatives. Pourquoi n'entend-on pas à Liège, le Choeur mondial des jeunes ? D'autant plus que le Centre de chant choral de Namur est un des piliers fondateurs de cette belle initiative.


A écouter :

Il y aurait bien d'autres choeurs ou ensembles à mentionner sans doute. Il y a quelques années, avec quelques amis passionnés, nous avions eu l'ambition de créer un festival "Voix en résonance", mais nos moyens étaient limités, nous n'avions pas accès aux mêmes sources que les professionnels qui organisent des concerts. Nous avons quand même créé l'événement, au moins une fois, en recevant le choeur des moines de Chevetogne et, après, quelques autres choeurs d'excellent niveau de Gand, d'Ukraine et d'Italie.

L'appel est lancé.

lundi 24 octobre 2011

L'étranger, la veuve et l'orphelin

Que l'on soit croyant ou non, il y a toujours quelque chose à apprendre lorsqu'on fréquente les écritures (dites saintes).

Ce dimanche, la parole de Jésus exprimait qu'il n'y a pas d'hiérarchie dans l'amour (Mt, 22, 34-40). En réponse à l'amour divin, censé être le plus parfait, le plus infini, il est dit qu' " il faut aimer Dieu de tout son coeur, de toute son âme et de tout son esprit ". Fort bien, mais c'est un peu abstrait. Or, pas du tout. Jésus dit qu'aimer son prochain est "semblable" et, que dans nos relations aux autres, il nous est demandé le même engagement : aborder l'autre avec tout son coeur, toute son âme et tout son esprit. Voilà qui est  exigeant, mais bien concret, à l'aune de nos relations multiples. Bien entendu, nos relations avec les autres se passent sur des modes divers et avec des degrés d'engagement différents. A propos de chacune d'elles,  nous sommes invités pourtant à nous demander : as-tu mis tout ton coeur, toute ton âme, tout ton esprit ? Cela est le seul chemin pour qui veut devenir un homme unifié et non un homme fragmenté.

Dans la première lecture aussi, on trouve des paroles extrêmement interpellantes (tandis que, dans la seconde, Saint Paul ronronne une fois de plus sur lui-même sans me toucher d'aucune façon).

On peut lire ainsi dans le livre de l'exode (Ex, 22, 20-26), offert à notre réflexion, les invitations suivantes :
- " tu ne maltraiteras point l'immigré qui réside chez toi, tu ne l'opprimeras point, car vous étiez vous-mêmes des immigrés en Egypte " ;
- " vous n'accablerez pas la veuve et l'orphelin " ;
- " si tu prêtes de l'argent à quelqu'un de mon peuple, à un pauvre parmi tes frères, tu n'agiras pas envers lui comme un usurier : tu ne lui imposeras pas d'intérêts " ;
- " si tu prends en gage le manteau de ton prochain, tu lui rendras avant le coucher du soleil. C'est tout ce qu'il a pour se couvrir ; c'est le manteau dont il s'enveloppe, la seule couverture qu'il ait pour dormir ".


Ces invitations n'appellent aucun commentaire, tant elles sont limpides. Leur actualité aussi saute aux yeux.

Je rejoins de la sorte deux propos lus sur internet :

- " Les religions ont toujours été l'ennemie du progrès " (lecteur anonyme). Il faut tout ignorer des religions pour exprimer pareille ineptie. Sans la religion, la foi, la référence à Dieu, bien peu de choses n'existeraient pas aujourd'hui : des œuvres d'art, des chefs d'oeuvre de l'architecture, de la musique sublime. N'oublions pas que les monastères occidentaux au moyen-âge ont assuré le développement économique de nos régions en fertilisant des marais, en créant les premières forges, en développant des techniques de culture, d'architecture. N'oublions pas que pendant des siècles l'éducation, l'enseignement, la solidarité sociale ont été portés par les institutions religieuses. La religion, ennemie du progrès ? Les idéaux révolutionnaires de liberté, d'égalité et de fraternité auraient-ils seulement vu le jour sans le terreau judéo-chrétien ? C'est pourquoi je crois, pour ma part, que le message religieux peut encore apporter quelque chose.  Bien entendu, les idéologies sans Dieu ont le vent en poupe depuis trois siècles. Celle qui a remplacé Dieu par l'argent est la plus répandue et la plus vieille au monde (Mt, 6, 24). Et ne vous étonnez pas si j'oppose Dieu à l'argent. En choisissant Dieu, je choisis l'homme et le mets à la première place, avant l'argent.

A lire, à ce propos : Frédéric Lenoir, Le Christ philosophe, Plon, 2007




- Dans un débat entre philosophes sur le déclin de la civilisation occidentale, Michel Onfray a affirmé, dans une vision à long terme, que la civilisation occidentale s'effondre en fait à partir de la révolution française. Cela est fort intéressant, même si cette référence en fera glousser d'aucuns. Les Lumières, et leur prétention à définir des droits universels et laïcs, auraient-elles échoué dans leur prétention à prendre la place des religions ? On peut se demander en effet qui, en Occident, est prêt à mourir pour des idées ; on disserte des idées, mais on ne meurt guère pour elles, sauf de mort lente comme disait Brassens. Par contre, un peu partout dans le monde des individus sont prêts à s'engager, jusqu'à en mourir, pour leur foi. Ceci devrait nous rendre un peu plus modestes par rapport à eux.

http://www.dailymotion.com/video/x81dh9_onfray-fallait-pas-l-inviter-et-la_news
http://www.youtube.com/watch?v=lLJW0FrQlAM

Si la religion constitue, dans les pays arabes, un moyen de cohésion sociale et politique, quelle est notre cohésion à nous ? Que cela soit au niveau local, régional, fédéral (Belgique oblige), européen ... je ne vois que divisions, replis, égoïsmes ou nationalismes, particularismes et luttes pour s'affirmer. Et pour cause ... vu qu'il n'y a pas (ou plus) d'âme dans nos projets occidentaux, juste des idées et de l'intérêt, mais plus d'idéal.

Qu'en dit Foucault ? Je ne voudrais pas mourir ignorant.

dimanche 23 octobre 2011

L'abbé à l'harmonium

Une trouvaille. Une chanson de Charles Trénet dont je ne connaissais pas l'existence. Une chanson sans équivoque ... bien entendu. Reprise dans un spectacle intitulé "Chantons sous le placard",  à l'affiche à Paris pour le moment au Théâtre des variétés, un florilège de chansons qui en parlent sans le dire ou en le disant. Et dire que j'avais eu la même idée, il y a quelques années, une petite troupe s'était formée, nous chantions bien ... mais, dans ce milieu, comme ils disent, les querelles d'ego sont vraiment ravageuses.




L'ABBE A L'HARMONIUM
Paroles et Musique: Charles Trenet
© - 1971

Chantant nos cantiques
Nous étions p’tits bonshommes
Bercés par la musique d’un bon vieil harmonium
Qui n’était pas électrique
Aussi pour le faire fonctionner
Un ecclésiastique, un Abbé pédalait
Qu’il pédalait bien l’Abbé

Au mois de Marie
Au joli mois de mai
La Vierge notre amie
Le soir nous endormait
Et nous rêvions c’est étrange
Que notre Abbé reçu à Rome
Par le Pape et les anges
Leur jouait de l’harmonium
Mon Dieu comme il pédalait
Qu’il pédalait bien l’Abbé

La vie va trop vite
Parfois même elle s’emballe
Soudain l’Abbé nous quitte
Trouvé mort aux pédales
Et nous pensions en silence
Que ce jour-là s’était enfui
Un peu de notre enfance emporté avec lui
Mon Dieu comme il pédalait
Qu’il pédalait bien l’Abbé.

Souvent c’est bizarre
Il m’arrive de rencontrer
Dans les trains ou les gares
Des enfants escortés
Par un ecclésiastique
Alors oui, c’est plus fort que moi
J’entends un vieux cantique
De tristesse et de joie.


Mariages

Un matin, c'était un samedi, nous étions attablés avec G. à la terrasse de la maison du Péket d'où l'on peut contempler l'hôtel de ville de Liège, côté face. L'escalier d'honneur ne se trouve pas en effet place du Marché, mais à l'arrière. C'est par là que sont invités à entrer les candidats au mariage et leurs suivants.

A cette époque, il y avait encore un peu de connivence entre G. et moi. Nous nous étions intéressés et amusés à comparer les différents groupes qui se préparaient pour la cérémonie. Il y avait une grande effervescence.  Il y avait des couples africains noirs et leurs nombreuses familles, colorés, exubérants, bruyants, tape-à-l'oeil. Des italiens avec beaucoup d'atours et de falbalas comme dans Nous deux. Des baba-cools habillés comme tous les autres jours. Un jeune couple, un peu désuet dans des habits de confection qui semblaient dater des années soixante, accompagnés de ce qu'il nous a semblé être de solides buveurs de vodka et de leurs épouses coiffées de "choucroute", comme dans le film Hairspray. Un très vieux couple enfin, candidat au mariage aussi, entouré de leurs enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants et des plus valides de leur maison de retraite. Je trouvais ce mélange attendrissant.

Hier matin, j'étais invité à un mariage à l'hôtel de ville de Bruxelles. Le marié était belgo-français et ... l'autre marié d'origine indienne et allemande. Il s'agissait d'un mariage gay.

Ce n'était pas le premier mariage gay auquel j'assistais. La première fois, il s'agissait d'un ancien étudiant. Ce premier mariage gay avait été une copie conforme d'un mariage classique, marche nuptiale de Mendelssohn et échange des anneaux à l'église y compris. Une initiative qui ne manquait pas d'ambiguité, surtout lorsque, à l'église, les deux mariés ont partagé le pain de l'amitié et l'ont distribué. Le prêtre en civil se tenait lui à l'écart, mais donnait sa bénédiction. Ce jeune couple de trentenaires est un couple épanoui, pères maintenant de deux petites filles qui ont l'air très heureuses aussi dans une grande famille très soudée.

Hier, c'était un mariage d'amour et d'humour. Le ton n'était pas solennel et les deux mariés, en couple depuis plusieurs années, ont réussi à donner un ton un peu décalé à la cérémonie avec la complicité de l'échevin de l'état civil. Tout d'abord, le cortège de la noce pour entrer dans la salle des mariages (l'huissier a indiqué qu'on devait marcher sur le tapis rouge, pas à côté) comprenait un marié, mais pas l'autre, qui a beaucoup de mal à monter des escaliers, il faut dire. Jolie manière aussi de se dire "oui", sans solennité, avec enthousiasme, pas les regards baissés comme la princesse Diana et les joues rouges de confusion. Un oui, franc, nourri de l'expérience d'une vie partagée. Juchés sur un podium, dos à la foule, les mariés n'ont pas hésité de temps en temps à jouer de cette position scénique pour se retourner vers le public. A vrai dire, on devrait inverser la perspective dans les salles de mariage : les mariés devraient être faces à la foule et l'échevin tourner le dos. Désopilant aussi quand l'échevin a demandé : "à qui dois-je remettre le livret de mariage ?" Amusant petit jeu de mains : à moi, à moi, tous les deux l'agrippant finalement.

Je suis toujours ému quand deux personnes parviennent à se dire "oui", parce qu'elles s'aiment et que ce "oui" est libre de tout conditionnement.

mercredi 19 octobre 2011

Juxtapositions et contradictions

Juste des faits juxtaposés sans trop de commentaires.

* L'Allemagne, pays riche, leader européen, compte plus de pauvres qu'on ne croit : une personne sur six ! En France, un maire qui ne doit pas aimer les pauvres a pris un arrêté fort inspiré soumettant à des peines d'amendes de 38 euros les "mendiants agressifs".

http://www.lalibre.be/actu/international/article/692289/l-allemagne-un-pauvre-pays-riche.html
http://www.lemonde.fr/societe/article/2011/10/19/les-arretes-anti-mendicite-se-multiplient_1589971_3224.html

* Certains défendent avec conviction la globalisation et la mondialisation, ou disent qu'il s'agit d'une réalité à laquelle on ne peut échapper, n'est-il pas étrange, de voir les mêmes parfois s'offusquer de trop d'étrangers immigrés sur leur sol ?

* Le Grenelle de l'environnement a-t-il répondu aux attentes que d'aucuns avaient mis en lui ? Dans un domaine où les attentes sont grandes, on assiste à un débat affligeant. La ministre Sarkozyste, NKM, pense, que c'est en dénigrant les autres - je veux dire les propositions socialistes - que les choses avanceront. NKM comme DSK, la France adore les sigles. Il faut dire qu'il est plus commode d'écrire NKM que Nathalie Kosciusko-Morizet.

http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/10/19/l-ecologie-depassee-de-francois-hollande_1590236_3232.html#ens_id=1402952

Ceci illustre ce que j'appellerais la "théorie des niveaux" en politique : certains croient se grandir en abaissant les autres ; c'est un mode fort couru dans les débats politiques et l'arme la plus répandue de ceux qui étant déjà très bas n'ont plus d'autres moyens pour tenter de se mettre au niveau des autres. Bien entendu, s'ils avaient un peu plus d'humilité, ils auraient depuis longtemps compris que " tout homme qui s'élève sera abaissé et celui qui s'abaisse sera élevé " (Lc, 14, 11). Héhé ...

* Alors que l'UMP veut s'affirmer, piaffant d'impatience, contre les socialistes qui ont monopolisé les media pendant six semaines, l'entourage proche de l'unique et excité président, ne cesse de subir de nouvelles mises en examen ... Heureusement, Carla a su attendre pour assurer la diversion.

http://www.rtl.be/people/people/news/321493/carla-bruni-pas-une-minute-a-elle-pour-accoucher-

* Un sondage tout récent révèle qu'un duel Sarko-Hollande, au second tour, tournerait à l'avantage du second (62 % contre 38%). Il s'agit d'un sondage C.S.A. Or, l'institut C.S.A. est indirectement aux mains d'un proche de Sarko (monsieur Bolloré). Certains s'étonnent, dès lors, de ce sondage tellement favorable à Hollande juste après les primaires et se demandent s'il n'a pas été commandé par l'Elysée dans le but de réveiller les potentiels électeurs sarkozystes endormis et de leur faire peur ! Si cela est vrai, cela est vraiment inquiétant et témoignerait d'un pouvoir en réelle déroute. Dans ce monde, on finit par dire tout et n'importe quoi.

http://www.leparisien.fr/election-presidentielle-2012/sondage-hollande-a-62-au-second-tour-de-la-presidentielle-18-10-2011-1659112.php

* Après Liliane Bettencourt, voici Uderzo (le dessinateur d'Astérix et Obélix). Un conflit similaire sur des droits et des successeurs et ... étonnamment les mêmes acteurs judiciaires, les mêmes avocats, la même juridiction de Nanterre, le même procureur Courroye ramenant à lui toutes les affaires sensibles et toujours les mêmes soupçons de partialité.

http://www.lemonde.fr/societe/article/2011/10/19/le-parquet-de-nanterre-soupconne-de-partialite-dans-l-affaire-uderzo_1590208_3224.html

* Et puis, monsieur Squarcini, le directeur des services secrets mis en examen ... Ceci rassure, d'une certaine manière, il y aurait donc encore une justice indépendante en France. Mais cela fait froid dans le dos et ne rassure pas du tout sur le pouvoir selon Sarko. Je suis un grand défenseur de la présomption d'innocence, mais il existe des fonctions sensibles où le moindre doute devrait conduire les intéressés à démissionner, comme cela se fait à l'étranger. Ce n'est apparemment pas le cas sous le règne du président Sarko. Il ne s'agit plus alors de droit mais d'éthique. L'éthique est plus exigeante que le droit. Elle nécessite une grandeur d'âme.

http://www.lepoint.fr/societe/bernard-squarcini-a-ete-mis-en-examen-17-10-2011-1385666_23.php

* Et, pour couronner le tout, la riposte des UMPistes à la télé après six semaines de primaires socialistes. Je vous laisse déguster. Un grand n'importe quoi où les représentants de l'UMP s'emmêlent les pinceaux dans les chiffres, mentent à qui mieux mieux, confondent les nuances entre les candidats à la primaire socialiste et le programme commun et ont tous appris par court le même discours qu'ils répètent comme des perroquets.

http://desintox.blogs.liberation.fr/blog/2011/10/convention-ump.html
http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2011/10/19/l-ump-de-petites-erreurs-en-grosses-exagerations-sur-le-projet-du-ps_1590241_1471069.html#ens_id=1402952



lundi 17 octobre 2011

Gounod au monastère de Wavreumont

Mon port d'attache, l'endroit où je me retrouve et où je me sens bien, c'est le monastère Saint Remacle de Wavreumont, sur la colline entre Malmédy et Stavelot. J'aime ce lieu parce qu'il fait partie de mon histoire, parce ce qu'il correspond à ma foi, parce qu'il m'offre une communauté accueillante et fraternelle, parce qu'il s'agit d'un lieu ouvert et simple et que la nature y est belle.

Ce dimanche, un concert y était organisé l'après-midi. Par amitié, pour deux chanteurs, je souhaitais y assister. Je me suis donc rendu à la messe, ai profité du lieu, me suis promené, ai acheté un livre dont je parlerai plus tard, ai mangé avec les frères, lu au soleil dans le jardin, puis assisté au concert.

On ne pouvait imaginer deux choeurs plus dissemblables : un choeur était liégeois (Les Bengalis), l'autre français, originaire de Saint Omer (Intervalle).

Les Bengalis impressionnent par leur nombre, la cohésion des voix, le fait qu'ils chantent par coeur, le travail sur les nuances, même si, à mon goût, il y a un peu trop de fortissimi. Le choix du répertoire est fait pour séduire - je le qualifierais d'un peu facile - même si les arrangements proposés ne le sont pas. Offrir des arrangements de comédies musicales américaines ou des arrangements de chansons pop est fort intéressant ; ils sonnent parfois mieux que l'original, ce n'est pas mal. Et les chanteurs ont le sourire aux lèvres. Mes réserves sont donc mineures.

Le choeur Intervalle est plus réduit, 25 chanteurs, le nombre idéal à mes yeux pour tout chanter. Belle cohésion dans les pupitres, le pupitre des soprani malheureusement souvent sous tension dans l'aigu et imprécis dans les attaques. C'est le répertoire qui m'a surtout séduit, moins consensuel, plus risqué, plus exigeant peut-être, plus ouvert à la découverte que celui des Bengalis.

La découverte n'était pas dans les extraits du très célèbre, mais toujours émouvant, Requiem de Gabriel Fauré (1845-1924), dans sa version avec orgue, mais dans les deux autres pièces proposées.

Tout d'abord, une messe de Gounod (1818-1893) pour choeur mixte, avec orgue, écrite pour je ne sais plus quel événement concernant saint Jean-Baptiste de la Salle, sur l'intonation grégorienne en do majeur. Une partition qui n'est plus éditée depuis 1894, nous a-t-on expliqué, et donc rarement interprétée. Cela a été, pour moi, le meilleur moment du concert. J'aime les musiciens qui font revivre les partitions tombées dans l'oubli.

Et puis, en finale, Magnum Mysterium de Morten Lauridsen (1943-...), une des nombreuses compositions vocales de ce compositeur américain d'origine danoise datant de 1994.

Le monde des chorales est un monde fascinant : on y trouve des musiciens amateurs qui arrivent, à force de travail acharné, et à la condition d'avoir un chef charismatique, à un résultat étonnant.

La précision de la langue

Tout au cours de mes études, et plus particulièrement pendant mes études juridiques à l'université, l'accent a toujours été mis sur la recherche du terme juste, le terme le plus précis pour désigner une chose, une idée, un sentiment.

Lors d'une négociation gouvernementale, c'est souvent le contraire qui se produit. L'accord se fait le plus souvent sur un mot consensuel qui rapidement finit par comporter autant de significations que de signataires. Bien entendu, quand on négocie, en deux ou plusieurs langues, le danger de voir ce phénomène se produire s'accroît.

Il y a, de ce point de vue, beaucoup à apprendre de la pratique des rabbins à propos des textes en hébreu.

Loin des controverses infinies, on voit des rabbins tenir des propos extrêmement stimulants où les mots, au lieu de fixer la perspective, l'ouvre :

" Le mot chana, en hébreu, signifie année. Il veut également dire répétition. Lorsqu'on révise un cours pour l'apprendre, on emploie le terme hébraïque lichnot michnayot qui veut dire réviser la Michna. Lorsque je révise mes cours, je n'ai pas l'intention de rentrer dans un cercle répétitif, qui ne renouvelle rien. Je n'ai pas non plus l'intention de rester sur place, mais j'essaye de mieux apprendre les choses, de trouver une nouveauté que je n'aurais pas saisie auparavant. Chana, en hébreu, signifie également Chinoui, changement. Je cherche à voir les choses différemment. L'important est de ne pas rester dans un système répétitif, où tout se fait par habitude et où tout tourne autour de soi-même, mais de repartir chaque fois à zéro " (rabbin Moshé Sebbag).


J'aime beaucoup cette attitude.

samedi 15 octobre 2011

Conscience et dignité

Depuis que le reproche m'a été fait, à propos de mon article du 13 octobre, intitulé "L'argent ruisselle-t-il ?", par un commentateur anonyme, que je n'alignais que des clichés, ce que cet interlocuteur-censeur n'a  même pas cherché à démontrer, j'essaye de me garder de tout dérapage. Je pourrais me taire, rassuré par le fait que je suis loin d'être le seul à penser ce que je pense, mais une pensée ne devient pas pertinente par le seul fait qu'un grand nombre la partage.

Je me suis dès lors abstenu d'évoquer la décision de monsieur Mittal (non, le prénom de monsieur Mittal n'est pas Arcelor) concernant la sidérurgie à chaud dans le bassin liégeois. Il y a pourtant beaucoup à en dire. Mais comme je ne suis pas assez intelligent pour me livrer à cet exercice, et que je risque d'aligner pour cette raison des clichés, je me suis abstenu.  Je laisse donc dorénavant à d'autres le soin de prendre les risques dans l'analyse. Je m'en tiendrai au domaine qui me correspond le mieux, celui des sentiments, soit en deux mots : la brutalité et le cynisme, pour certains un mode de vie, voire des vertus.  D'autres, tellement plus intelligents que moi, seront ainsi toujours libres d'écrire sur Facebook les propos suivants : "... sans capitalistes, il n'y aurait pas d'anticapitalistes et ...  (ainsi) un grand nombre de gens seraient privés de la possibilité d'adopter une posture dénonciatrice et de donner un sens à leur vie terne et improductive". Si vous voulez connaître les coordonnées de ce jeune penseur, qui a une très haute idée de lui-même, je puis vous les communiquer. Il lui arrive de sévir dans la Libre Belgique.


Deux événements m'interpellent, ce jour :
- le gouvernement fédéral se fera donc sans Ecolo et sans Groen ;
- des indignés vont se rassembler un peu partout dans le monde.

Je déplore qu'Ecolo et son pendant Groen ne fassent pas partie du gouvernement fédéral. Pas seulement parce que ces deux partis liés ont été des partenaires loyaux, inventifs, constructifs, lors des négociations sur la réforme de l'Etat, embarqués dans le bateau, bien avant les deux partis libéraux, dont l'apport à la réforme institutionnelle est maigre, mais qui entendent bien s'affirmer dans le débat socio-économique. Je le déplore surtout pour la raison suivante : de tous les partis en lice, les verts sont peut-être les seuls qui voient au-delà du court terme et proposent des voies nouvelles. Après maintenant 500 jours de négociations, et alors qu'aucun accord n'est encore conclu sur la plan socio-économique, on va donc retrouver les mêmes dans le gouvernement. Attendez-vous donc à retrouver Reynders aux finances (ou aux affaires étrangères), Milquet à l'emploi, Onkelinx aux affaires sociales, de Crem à la défense, etc. Hallucinant, non ! Les partis qui pensent plus ou moins autrement, la NVA et les verts, sont mis hors jeu. Le plus piquant est que les deux partis qui ont le plus progressé, en Flandre, lors des dernières élections, étaient précisément la NVA et Groen ! Mais on va retrouver, au gouvernement, le CD&V et l' Open VLD dont les résultats électoraux frisaient la déroute aux élections de 2010. Attention ! Cliché : pourquoi encore aller voter, si c'est pour retrouver toujours les mêmes ? N'est-ce pas un déni de démocratie ? Mais qui crée le cliché, moi ou eux ?

La NVA a quand même remporté une victoire, il est beaucoup offert aux flamands. Elle pourra toujours dire que ce n'est pas assez, mais elle pourra difficilement contester que c'est après son départ de la table des négociations que les avancées les plus grandes pour les flamands ont été acquises.

Le second sujet n'est pas sans lien avec le premier. Le cri des indignés s'est répandu dans le monde entier sous des formes diverses, dans des contextes fort différents (le printemps arabe, la Puerta del sol, "Occupy Wall Street"). Le plus étonnant est de constater que, malgré ces différences, une communion se révèle : le rejet d'un pouvoir et d'un système au profit de quelques-uns et un cri d'alarme contre la précarité d'un nombre toujours plus grand d'individus sur cette terre. A l'ère de la mondialisation de l'information et des affaires, il est sain, dans le fond, que des solidarités mondiales naissent et que des oppositions s'affirment contre certains modèles de gouvernement, contre certains archaïsmes, contre le modèle économique unique qui prétend régir la planète et cause tant de dégâts (sociaux, environnementaux, géopolitiques ...). Il est réjouissant que des citoyens de la planète s'affirment, ne pensant pas qu'à eux-mêmes, mais à tous ceux dont ils partagent le sort dans le monde.

On reproche souvent aux indignés de dénoncer, mais de ne rien proposer. C'est déjà très bien de dénoncer et de réclamer qu'on ouvre les fenêtres vers un autre monde, meilleur on l'espère, plus centré sur l'humain et beaucoup moins sur l'argent, qu'on y réfléchisse, qu'on s'y prépare. On ne peut pas demander à un peuple en colère de construire un nouveau monde. Il faut des penseurs pour cela.

Il en existe, mais leurs voix restent trop discrètes. Je ne les ai pas vu inspirer en tout cas les négociateurs pour un futur gouvernement belge. Réalisme contre utopie ? Les seuls à même d'assurer cette bouffée d'air étaient peut-être les verts, mais on n'a pas voulu d'eux.

Il est surtout faux de penser qu'il n'y a pas d'alternative à la loi du marché, à la mondialisation. Comme toujours, il s'agit de mesure. Je trouve assez pertinents et raisonnables les propos d'économistes sérieux qui proposent notamment :
- une économie ne faisant pas de la croissance un mythe ; il n'est pas si sûr que la croissance soit vraiment bénéfique au plus grand nombre. Vivre sur le modèle de la décroissance, c'est revenir à ce qui est essentiel, ce qui ne veut pas dire vivre de manière austère ou moyen-âgeuse;
- une économie faisant retour vers les productions locales, les circuits courts de distribution, la circulation locale de la monnaie, chaque fois que cela est possible, car ce n'est pas possible en tout ;
- une part plus grande pour l'économie sociale qui offre aux plus faibles un travail, une source de revenus et une dignité.

La "dignité" : n'est-ce pas le mot qu'il faudrait substituer au mot "profit"?

La différence entre "dignité" et "indigné" est ténue.

jeudi 13 octobre 2011

Un régal en alexandrins

Une amie Facebook a publié ce texte d'un auteur inconnu que je trouve délicieux. Je vous laisse le plaisir de le savourer.

La scène se passe dans les jardins du Château Bellevue, à Berlin. Angela Von Mecklenburg et Nicolas de Neuilly se sont discrètement éclipsés de la réception offerte par le roi de Prusse. On entend, au loin, les accents d'un quatuor de Joseph Haydn.

Nicolas :

Madame, l'heure est grave : alors que Berlin danse
Athènes est en émoi et Lisbonne est en transes.
Voyez la vérité Enfin, voyez l'Estrémadure
Entendez les Romains: ils appellent au secours !
Ils scrutent l'horizon, et implorent les Dieux.
Tous les coffres sont vides, et les peuples anxieux
Attendent de vous, Ma Dame, le geste généreux !
De leur accablement ils m'ont fait l'interprète :
Leur destin est scellé, à  moins qu'on ne leur prête
Ce D-mark des Allemands sur lesquels vous  régnez.
Cette cause est bien rude, mais laissez-moi plaider...

Angela : 

Taisez-vous Nicolas ! Je crois qu'il y a méprise
Folle étais-je de croire à une douce surprise
En vous suivant ici seule et sans équipage
Je m'attendais, c'est sûr, à bien d'autres hommages !
Mais je dois déchanter, et comme c'est  humiliant
De n'être courtisée que pour son seul argent !

Nicolas :

Madame, les temps sont durs, et votre cœur est grand
Vos attraits sont troublants, mais il n'est point décent
D'entrer en badinage quand notre maison brûle !
Le monde nous regarde, craignons le ridicule !
Notre Europe est malade, et vous seule pouvez
La soigner, la guérir et, qui sait ? La sauver !
Nous sommes aujourd'hui tout au bord de l'abîme
Vous n'y êtes pour rien, mais soyez magnanime !
Les Grecs ont trop triché ? Alors la belle affaire !
Qu'on les châtie un peu, mais votre main de fer
Est cruelle aux Hellènes, et nous frappe d'effroi !

Angela :

J'entends partout gronder, en Saxe, Bade ou Bavière
L'ouvrier mécontent, le patron en colère.
Ma richesse est la leur, ils ont bien travaillé.
L'or du Rhin, c'est leur sueur et leur habileté.
Et vous me demandez, avec fougue et passion
De jeter cette fortune au pied du Parthénon ?
Ce serait trop facile et ma réponse est non !

Nicolas :

On ne se grandit pas en affamant la Grèce
En oubliant Platon, Sophocle et Périclès !
Nos anciens nous regardent, et nous font le  grief
D'être des épiciers et non pas de vrais chefs !
Helmut Kohl est furieux et Delors désespère.
Un seul geste suffit, et demain à Bruxelles
Desserrez, je vous prie, le nœud de l'escarcelle !

Angela :
Brisons là, je vous prie, la nuit est encore  belle
Votre éloquence est grande et mon âme chancelle...
Mais si je disais oui à toutes vos demandes
Je comblerais la femme, et trahirais l'Allemande !

Et ils s'éloignent, chacun de son côté...

mercredi 12 octobre 2011

L'opéra et moi

Que cela soit dit une fois pour toutes, j'ai une grande passion pour la voix, les voix. La voix parlée, la voix chantée. J'ai péroré et chanté plus qu'à mon tour. J'ai même essayé de travailler ma voix avec un professeur, vu que la nature - m'avait-on dit - m'avait doté d'un bel organe ...

J'ai beau aimer la voix (les voix), j'ai vraiment du mal avec l'opéra, à quelques exceptions près. Et quand je vois l'enthousiasme, la passion, la science de certains de mes amis en ce domaine, je me dis que je passe  à côté de quelque chose d'important, simplement parce que je n'y suis pas initié.

Je n'ai vu que quelques rares opéras dans ma vie. Quand j'ai aimé, il s'agissait de Monteverdi (L'Orfeo), de Rameau (Les Indes galantes), de Mozart (La flûte enchantée, Don Giovanni) et un peu de Rossini (Il Barbiere di Seviglia).

Toutes mes autres expériences ont été désastreuses.

Je me suis dit que je ne maîtrisais pas les codes et les lois du genre, comme cela était le cas lors des premiers ballets de danse contemporaine que j'ai vus avec P. Même si je ne comprenais pas toujours le propos, je ressentais des émotions esthétiques.

Lundi dernier, France 3 programmait Faust de Gounod, en quasi-direct de l'Opéra Bastille, avec rien moins que Roberto Alagna (Faust), Inva Mula (Marguerite), Paul Gay (Méphistophélès). L'orchestre étant sous la  juvénile baguette de Alain Altinoglu. Je me suis assis dans mon fauteuil pour de l'opéra à domicile.

Et je me suis profondément ennuyé. Je pensais à mon père qui, quand il était jeune et peu fortuné, était fan d'opéra et assistait au pigeonnier aux productions du Théâtre royal. Il me fredonne encore parfois "Demeure chaste et pure".

Pourquoi me suis-je ennuyé ? Parce que je n'étais touché en rien, ni par le livret, ni par les effets de voix, ni par le jeu d'acteur des protagonistes, ni par le décor, ni par la mise en scène ... seule la musique trouvait un peu grâce à mes yeux, mais comme plombée par tout le reste.

Ce qui me dérangeait le plus, à bien réfléchir, relève de l'excès : les sentiments véhiculés étaient excessifs, les voix étaient poussées au bout de leurs limites, le décor était grandiloquent, le jeu des solistes et du choeur étaient tellement prévisibles ou convenus ...

Et puis, pour finir avec mon allègre et subjectif massacre :
- il me déplaît souverainement dans une oeuvre en français de ne rien comprendre de ce que chantent les chanteurs ;
- les amateurs apprécient le contre-ut (voire plus) du ténor ... moi , le plus souvent, je trouve cela assez laid. On ne peut d'ailleurs pas, dans ce registre, respecter la différence entre les voyelles qui finissent par se confondre. Bref, on est dans le domaine de la performance, alors que j'aime la mesure ;
- enfin, et là je rejoins le cliché, un homme mourant qui chante à pleine voix me paraît non seulement peu crédible, mais risible.

mardi 11 octobre 2011

La parabole des invités

Voici un texte de l'évangile qui m'a toujours paru étrange et difficile à interpréter.

Mt, 22, 1-14

Il en va du royaume des cieux comme d'un roi qui fit un festin de noces pour son fils. Il envoya ses serviteurs appeler à la noce les invités. Mais eux ne voulaient pas venir. Il envoya encore d'autres serviteurs chargés de dire aux invités : "Voici, j'ai apprêté mon banquet, mes taureaux et mes bêtes grasses sont égorgés, tout est prêt, venez aux noces". Mais eux, sans en tenir compte, s'en allèrent l'un à son champ, l'autre à son commerce ; les autres saisissant les serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent. Le roi se mit en colère : il envoya ses troupes, fit périr ces assassins et incendia leur ville. Alors il dit à ses serviteurs: "La noce est prête, mais les invités n'en étaient pas dignes. Allez donc aux places d'où partent les chemins et convoquez à la noce tous ceux que vous trouverez. Ces serviteurs s'en allèrent par les chemins et rassemblèrent tous ceux qu'ils trouvèrent, mauvais et bons. E la salle de noces fut remplie de convives. Entré pour regarder les convives, le roi aperçut un homme qui ne portait pas de vêtement de noce. "Mon ami, lui dit-il, comment es-yu entré ici sans avoir de vêtement de noce ?" Celui-ci resta muet. Alors le roi dit aux serviteurs :"Jetez-le, pieds et poings liés dans les ténèbres du dehors : là seront les pleurs et les grincements de dents. Certes la multitude est appelée, mais peu sont élus."


Le royaume des cieux est souvent comparé par Jésus à un festin. Il en est ainsi, par exemple, à la fin de la parabole du fils prodigue (Lc, 14, 11-32). Il doit en être de même ici.

Le roi ne peut être que celui que nous prions en disant : "Notre père".

Il se heurte ici, comment dire, à des hommes de "mauvaise volonté", qui lui opposent un refus.
On ne sait pas ce qu'ils pensent du roi, le texte nous révèle seulement qu'ils invoquent des prétextes pour ne pas se rendre à l'invitation (leurs champs, leurs commerces ...), alors que tout est prêt ; il doit y avoir une autre raison, sinon ils n'auraient pas besoin de prétextes. Ils ont peut-être perdu le sens des priorités, des convenances ; ou laissons la porte ouverte : ils ne se reconnaissent peut-être plus dans le modèle que le roi leur propose ?

Je suis frappé par cette attitude de "mauvaise volonté" et par les nombreux prétextes que l'on peut inventer pour la justifier. N'en va-t-il pas ainsi aussi du fils aîné, dans la parabole du fils prodigue, qui s'exclut lui-même du banquet offert pour son frère, parce qu'il se sent injustement traité : comment le père peut-il offrir un banquet pour ce frère irresponsable et déviant, alors que lui est toujours resté dans la droite ligne ?

Cette mauvaise volonté renvoie aussi à la parabole des deux fils (Mt, 21, 28-32) : invités à aller travailler à la vigne, l'un va dire : "non, je ne veux pas", mais ira quand même, tandis que son frère répond : "oui, j"y vais", mais n'y va finalement pas ... dans l'un et l'autre cas, pour des tas de prétextes, j'imagine.

L'attitude du roi, dans le récit, est paradoxale et me met mal à l'aise.

Dans un premier temps, le roi n'invite que des personnes choisies (comme cela est toujours le cas lors d'un mariage, reconnaissons-le). Quand ces invités ne répondent pas, il envoie une nouvelle fois ses serviteurs pour réitérer l'invitation. Après l'appel, il bat le rappel. Il doit se sentir un peu mal en constatant que personne ne répond.

Le récit évoque alors trois réactions du roi, qui me troublent et et ne correspondent pas exactement à l'image de Dieu que je me suis faite au fil du temps :
- le roi pique d'abord une colère. Le très mauvais accueil offert à ses serviteurs l'amène à répondre "Oeil pour oeil, dent pour dent". Quant aux serviteurs du roi, le texte nous parle de maltraitances et de tueries. Quant à la réponse du roi, le texte nous dit qu'il fit périr les assassins et incendia leur ville ;
- ensuite, le roi demande à ses serviteurs d'aller inviter tous ceux qu'ils rencontreront au bord du chemin et aux carrefours, sans discrimination, sans exclusive, bons et mauvais, riches et pauvres, étrangers et locaux ... Ceci ressemble à une bonne nouvelle, mais on ne sait pas exactement pourquoi le roi réagit comme cela. Par dépit, peut-être ? Pour réparer ce qu'il a fait juste avant ? S'interroger sur les motifs d'action de Dieu, n'est-ce pas l'humaniser un peu trop ?
-  enfin, quand un des péquenauds ramassés au bord du trottoir se trouve au repas, sans vêtement de noces, il se fait exclure comme un mal-propre. Peut-être n'a-t-il pas eu le temps, ou les moyens, de revêtir un habit de circonstance ? Je connais l'interprétation la plus répandue : cela voudrait dire qu'il n'a pas revêtu le Christ pour devenir un homme nouveau (Col., 3, 10). Si cette interprétation est juste, elle me fait un peu peur. Car cela veut dire qu'il y a une condition à respecter pour participer au banquet : avoir revêtu le Christ. Il risque donc en effet d'y avoir fort peu d'élus. On peut risquer une autre interprétation, que suggère Frère Hubert à Wavreumont : cet invité, qui est venu sans manteau de noces, ne peut-il pas être vu à l'égal du fils aîné dans la parabole du fils prodigue. Il est invité, il a sa place à la table des noces, mais il refuse la connivence, la communion, il est là, mais il ne partage pas l'esprit de la fête. Il s'auto-exclut, en quelque sorte, peu importe la raison.