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lundi 24 octobre 2011

L'étranger, la veuve et l'orphelin

Que l'on soit croyant ou non, il y a toujours quelque chose à apprendre lorsqu'on fréquente les écritures (dites saintes).

Ce dimanche, la parole de Jésus exprimait qu'il n'y a pas d'hiérarchie dans l'amour (Mt, 22, 34-40). En réponse à l'amour divin, censé être le plus parfait, le plus infini, il est dit qu' " il faut aimer Dieu de tout son coeur, de toute son âme et de tout son esprit ". Fort bien, mais c'est un peu abstrait. Or, pas du tout. Jésus dit qu'aimer son prochain est "semblable" et, que dans nos relations aux autres, il nous est demandé le même engagement : aborder l'autre avec tout son coeur, toute son âme et tout son esprit. Voilà qui est  exigeant, mais bien concret, à l'aune de nos relations multiples. Bien entendu, nos relations avec les autres se passent sur des modes divers et avec des degrés d'engagement différents. A propos de chacune d'elles,  nous sommes invités pourtant à nous demander : as-tu mis tout ton coeur, toute ton âme, tout ton esprit ? Cela est le seul chemin pour qui veut devenir un homme unifié et non un homme fragmenté.

Dans la première lecture aussi, on trouve des paroles extrêmement interpellantes (tandis que, dans la seconde, Saint Paul ronronne une fois de plus sur lui-même sans me toucher d'aucune façon).

On peut lire ainsi dans le livre de l'exode (Ex, 22, 20-26), offert à notre réflexion, les invitations suivantes :
- " tu ne maltraiteras point l'immigré qui réside chez toi, tu ne l'opprimeras point, car vous étiez vous-mêmes des immigrés en Egypte " ;
- " vous n'accablerez pas la veuve et l'orphelin " ;
- " si tu prêtes de l'argent à quelqu'un de mon peuple, à un pauvre parmi tes frères, tu n'agiras pas envers lui comme un usurier : tu ne lui imposeras pas d'intérêts " ;
- " si tu prends en gage le manteau de ton prochain, tu lui rendras avant le coucher du soleil. C'est tout ce qu'il a pour se couvrir ; c'est le manteau dont il s'enveloppe, la seule couverture qu'il ait pour dormir ".


Ces invitations n'appellent aucun commentaire, tant elles sont limpides. Leur actualité aussi saute aux yeux.

Je rejoins de la sorte deux propos lus sur internet :

- " Les religions ont toujours été l'ennemie du progrès " (lecteur anonyme). Il faut tout ignorer des religions pour exprimer pareille ineptie. Sans la religion, la foi, la référence à Dieu, bien peu de choses n'existeraient pas aujourd'hui : des œuvres d'art, des chefs d'oeuvre de l'architecture, de la musique sublime. N'oublions pas que les monastères occidentaux au moyen-âge ont assuré le développement économique de nos régions en fertilisant des marais, en créant les premières forges, en développant des techniques de culture, d'architecture. N'oublions pas que pendant des siècles l'éducation, l'enseignement, la solidarité sociale ont été portés par les institutions religieuses. La religion, ennemie du progrès ? Les idéaux révolutionnaires de liberté, d'égalité et de fraternité auraient-ils seulement vu le jour sans le terreau judéo-chrétien ? C'est pourquoi je crois, pour ma part, que le message religieux peut encore apporter quelque chose.  Bien entendu, les idéologies sans Dieu ont le vent en poupe depuis trois siècles. Celle qui a remplacé Dieu par l'argent est la plus répandue et la plus vieille au monde (Mt, 6, 24). Et ne vous étonnez pas si j'oppose Dieu à l'argent. En choisissant Dieu, je choisis l'homme et le mets à la première place, avant l'argent.

A lire, à ce propos : Frédéric Lenoir, Le Christ philosophe, Plon, 2007




- Dans un débat entre philosophes sur le déclin de la civilisation occidentale, Michel Onfray a affirmé, dans une vision à long terme, que la civilisation occidentale s'effondre en fait à partir de la révolution française. Cela est fort intéressant, même si cette référence en fera glousser d'aucuns. Les Lumières, et leur prétention à définir des droits universels et laïcs, auraient-elles échoué dans leur prétention à prendre la place des religions ? On peut se demander en effet qui, en Occident, est prêt à mourir pour des idées ; on disserte des idées, mais on ne meurt guère pour elles, sauf de mort lente comme disait Brassens. Par contre, un peu partout dans le monde des individus sont prêts à s'engager, jusqu'à en mourir, pour leur foi. Ceci devrait nous rendre un peu plus modestes par rapport à eux.

http://www.dailymotion.com/video/x81dh9_onfray-fallait-pas-l-inviter-et-la_news
http://www.youtube.com/watch?v=lLJW0FrQlAM

Si la religion constitue, dans les pays arabes, un moyen de cohésion sociale et politique, quelle est notre cohésion à nous ? Que cela soit au niveau local, régional, fédéral (Belgique oblige), européen ... je ne vois que divisions, replis, égoïsmes ou nationalismes, particularismes et luttes pour s'affirmer. Et pour cause ... vu qu'il n'y a pas (ou plus) d'âme dans nos projets occidentaux, juste des idées et de l'intérêt, mais plus d'idéal.

Qu'en dit Foucault ? Je ne voudrais pas mourir ignorant.

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