Un matin, c'était un samedi, nous étions attablés avec G. à la terrasse de la maison du Péket d'où l'on peut contempler l'hôtel de ville de Liège, côté face. L'escalier d'honneur ne se trouve pas en effet place du Marché, mais à l'arrière. C'est par là que sont invités à entrer les candidats au mariage et leurs suivants.
A cette époque, il y avait encore un peu de connivence entre G. et moi. Nous nous étions intéressés et amusés à comparer les différents groupes qui se préparaient pour la cérémonie. Il y avait une grande effervescence. Il y avait des couples africains noirs et leurs nombreuses familles, colorés, exubérants, bruyants, tape-à-l'oeil. Des italiens avec beaucoup d'atours et de falbalas comme dans Nous deux. Des baba-cools habillés comme tous les autres jours. Un jeune couple, un peu désuet dans des habits de confection qui semblaient dater des années soixante, accompagnés de ce qu'il nous a semblé être de solides buveurs de vodka et de leurs épouses coiffées de "choucroute", comme dans le film Hairspray. Un très vieux couple enfin, candidat au mariage aussi, entouré de leurs enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants et des plus valides de leur maison de retraite. Je trouvais ce mélange attendrissant.
Hier matin, j'étais invité à un mariage à l'hôtel de ville de Bruxelles. Le marié était belgo-français et ... l'autre marié d'origine indienne et allemande. Il s'agissait d'un mariage gay.
Ce n'était pas le premier mariage gay auquel j'assistais. La première fois, il s'agissait d'un ancien étudiant. Ce premier mariage gay avait été une copie conforme d'un mariage classique, marche nuptiale de Mendelssohn et échange des anneaux à l'église y compris. Une initiative qui ne manquait pas d'ambiguité, surtout lorsque, à l'église, les deux mariés ont partagé le pain de l'amitié et l'ont distribué. Le prêtre en civil se tenait lui à l'écart, mais donnait sa bénédiction. Ce jeune couple de trentenaires est un couple épanoui, pères maintenant de deux petites filles qui ont l'air très heureuses aussi dans une grande famille très soudée.
Hier, c'était un mariage d'amour et d'humour. Le ton n'était pas solennel et les deux mariés, en couple depuis plusieurs années, ont réussi à donner un ton un peu décalé à la cérémonie avec la complicité de l'échevin de l'état civil. Tout d'abord, le cortège de la noce pour entrer dans la salle des mariages (l'huissier a indiqué qu'on devait marcher sur le tapis rouge, pas à côté) comprenait un marié, mais pas l'autre, qui a beaucoup de mal à monter des escaliers, il faut dire. Jolie manière aussi de se dire "oui", sans solennité, avec enthousiasme, pas les regards baissés comme la princesse Diana et les joues rouges de confusion. Un oui, franc, nourri de l'expérience d'une vie partagée. Juchés sur un podium, dos à la foule, les mariés n'ont pas hésité de temps en temps à jouer de cette position scénique pour se retourner vers le public. A vrai dire, on devrait inverser la perspective dans les salles de mariage : les mariés devraient être faces à la foule et l'échevin tourner le dos. Désopilant aussi quand l'échevin a demandé : "à qui dois-je remettre le livret de mariage ?" Amusant petit jeu de mains : à moi, à moi, tous les deux l'agrippant finalement.
Je suis toujours ému quand deux personnes parviennent à se dire "oui", parce qu'elles s'aiment et que ce "oui" est libre de tout conditionnement.
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Il y a 11 mois
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