La liturgie nous propose, jour après jour, des textes de la Bible, de l'ancien et du nouveau testament (peut-être devrait-on dire le premier et le second ... le deuxième ?). Elles sont généralement entrecoupées d'un psaume. Le dimanche, l'Eglise catholique y joint toujours un extrait des écrits de Paul de Tarse ou le concernant. S'il y a toujours une grande cohérence entre le récit de l'ancien et celui du nouveau testament, autant les passages concernant Paul semblent complètement décalés.
Ce dimanche, deux récits de résurrection sont proposés, un concernant le prophète Elie, l'autre Jésus. Nous y reviendrons.
Entre les deux, s'interpose un extrait de la lettre de Paul aux Galates (Gal, 1, 11-19). A vrai dire, c'est le texte qui me fait le plus douter de la fiabilité de Paul. Sans avoir jamais rencontré aucun des apôtres et des disciples, sauf ceux qu'il pourchassait et martyrisait, il a tout à coup une révélation sur le chemin de Damas. Jésus lui serait apparu et lui aurait confié la totalité de son message avec mission de le propager chez les païens. Quelle est alors la réaction de Paul ? Si j'avais été à sa place, j'aurais cherché à entrer en contact avec les témoins, les disciples, les plus proches de Jésus. Ce n'est pas ce que fait Paul. Se considérant "mis à part dès le sein de sa mère", il part, sans prendre l'avis de personne, sans même monter à Jérusalem pour y rencontrer les premiers et seuls dépositaires du message ; il part en Arabie, puis finit par rejoindre Damas. On ne sait pas ce qu'il a pu raconter, ni quel rôle il a cherché à jouer. On sait cependant, d'après ses écrits, qu'il ne citera jamais aucune parole de Jésus, s'appropriant en quelque sorte le personnage. Il lui faudra trois ans d'errance et de prédications, bien mystérieuses, avant qu'il se décide à rencontrer les vrais témoins. Il n'en rencontrera que deux, nous dit le texte de ce jour, Pierre et Jacques, le frère de Jésus, pendant quinze jours, ce qui est bien peu. Que se sont-ils dit ?
Je le sais, les voies de Dieu sont impénétrables, mais les rapports entre les témoins et cet électron libre ne seront pas toujours au beau fixe, loin de là. Et je ne puis m'empêcher de m'en méfier.
Pour ma part, mais je dois être trop rationnel, je préfère les témoins à ceux qui ont de soudaines révélations. De ce point de vue, Paul et le prophète Mahomet ont au moins deux points communs : la révélation directe et le souci du prosélytisme. Envahir la terre de leur croyance. Paul, convenons-en, agit par la parole et donc de manière plus pacifique que le prophète Mahomet. Les oeuvres de Paul correspondent-elles cependant à la volonté de Jésus qui cherchait avant tout à convertir les juifs autour de lui ?
Venons aux deux autres textes : deux jeunes hommes sont ramenés à la vie (Livre des Rois, 17, 17-24 ; Lc, 7, 11-17). On ne connaît pas leur nom, mais dans les deux récits, on parle de leur mère, dont on ne connaît pas le nom non plus.
Dans le récit d'Elie, il y a une rébellion de la mère : " Qu'est-ce que tu fais ici, homme de Dieu ? Tu es venu pour rappeler mes fautes et faire mourir mon fils ! "
Dans le récit de Luc, à Naïm, la mère est une veuve, d'autant plus éplorée qu'elle va se retrouver seule, il n'y a aucune révolte en elle, juste du chagrin, un immense chagrin, mais elle est entourée, dit le texte, d'une immense foule qui l'accompagnait.
Deux contextes bien différents donc.
Et une même réponse de la part des hommes de Dieu : rendre la vie, peu importent les moyens et les circonstances. Une immense compassion : "Ne pleure pas", dit Jésus, à la veuve de Naïm.
Qui d'autre que Dieu peut faire passer de la mort à la vie ? Qui d'autre que Dieu peut dire à quelqu'un enfermé dans la mort : "lève-toi" ? Quitte tes champs de mort et retrouve ceux de la vie.
Je connais des psys et des maîtres spirituels qui y arrivent. Mais ne sont-ils pas alors comme des ouvriers de Dieu, même s'ils n'en sont pas toujours conscients ?
Un mot encore : à Naïm, le miracle a suscité la crainte. Faut-il avoir peur quand un homme renaît ? Faut-il avoir peur quand un homme voit la vie circuler à nouveau en lui, alors que tout s'était endormi, sclérosé, figé ? Ou faut-il s'en réjouir ? " Regarde, ton fils est vivant ".
A chacun la liberté de dire, comme la veuve de Naïm : " Maintenant, je sais que tu es un homme de Dieu, et que, dans ta bouche, la parole du Seigneur est véridique ".
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