La Libre Belgique de ce jour publie une interview de Philippe de Woot à l'origine d'un prix couronnant des travaux d'étudiants portant sur la responsabilité sociétale des entreprises (LLB, 23/2/2010, p. 24-25). Il y livre des réflexions d'une telle sagesse que je les reproduis ici:
"Il faut élargir la finalité de l'entreprise et arrêter de la ratatiner au seul bénéfice à court terme pour l'actionnaire. La perfromance mesurée trimestriellement est une aberration. L'entreprise fait beaucoup plus que de générer du profit. Elle crée du progrès humain, matériel et technique. Depuis que le monde est monde, cela a toujours été une fonction noble. Il faut donc remettre le progrès économique et technique au centre du débat. Sans parler du progrès social qui en dépend, du progrès politique, spirituel, culturel, etc. Abandonner ce concept de progrès, c'est réduire l'entreprise à ce qu'elle a de plus froid, de plus sec et de moins humain. C'est une déperdition intellectuelle et spirituelle. La tentation des écoles de gestion, aujourd'hui, est de former des super-financiers qui maîtrisent les ressources ...
Il faut remettre l'éthique au coeur des comportments et des stratégies. L'éthique commence au premier cri de la souffrance humaine. Prenons, par exemple, les licenciements, de pus en plus nombreux à ce jour. je ne dis pas que le système ne doit pas supprimer des emplois. Le licenciement ne doit pas être réglé comme un problème technique et financier mais comme un problème humain. Il faut les éviter au maximum par une formation permanente et s'occuper des gens qu'on licencie. Les changements peuvent être très rapides. Le vrai leader est celui qui parvient à donner un sens à l'action et à conduire les hommes. Il faut réveiller dans chaque individu ce qu'il a de convaincant. C'est toute la différence entre le savoir-faire et le savoir être."
J.P. Delevoye, médiateur de la République française, dans son rapport annuel pour l'année 2009, fait le constat "d'une société émiettée et en tension". Il perçoit, avec inquiétude, "une société qui se fragmente, où le chacun pour soi remplace l'envie de vivre ensemble, où l'on devient de plus en plus consommateur de république plutôt que citoyen". Une société en outre "en grande tension nerveuse, comme si elle était fatiguée psychiquement". Cri d'alarme et appel à réagir (Le Monde, 20 février 2010).
Ces deux déclarations se rejoignent. A méditer.
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