La liturgie de ce jour nous convie à lire le récit
de la Transfiguration (Lc, 9, 28-36).
Reprenons la chronologie. Il y a eu le baptême de Jésus par Jean (Lc, 3,
21-22) : Jésus découvrait QUI il était "Tu es mon fils. Moi
aujourd'hui je t'ai engendré". Il y a eu le moment du questionnement,
du choix : comment incarner cette découverte ? C'était le récit des trois
tentations au désert (Lc, 4, 1-13), lu la semaine dernière. Nous nous situons
après. Jésus, le modeste charpentier de Nazareth, parle et guérit. D'une part,
il commente les écritures d'une manière nouvelle, moins formaliste, et, d'autre
part, par des mots, des gestes ou sa seule présence, il libère et remet
debout des gens fragilisés ou malades. Le résultat est le suivant : le
peuple des gens simples fait de lui un thaumaturge ; le peuple des gardiens du
Temple, de la foi et de la tradition voit en cet électron libre un danger.
Jésus aurait-il fait le mauvais choix ? Jésus doute.
"Environ huit jours après ces paroles" ( Lc, 9, 28), dit le
texte, ce que la liturgie omet de
dire en ce jour. L'épisode intervient en effet après un autre tout proche.
Jésus posait à ses disciples les plus proches (Pierre, Jacques et Jean) la
question suivante : " Qui suis-je au
dire des foules ? " (Lc, 9, 18) ; " Et vous, qui dites-vous que je suis ? " (Lc, 9, 20). La
réponse de Pierre sera: " Tu es le Christ
de Dieu" (Lc, 9, 20). Jésus lui répond alors avec sévérité : " N'en dites rien ", puis il a
annoncé pour la première fois sa passion, autrement dit, que tout va mal
tourner (Lc, 9, 22), à moins que ... Jésus a beaucoup douté. Il attendait que d'autres le confirment dans sa mission. Son doute rejoint peut-être notre doute.
Après la solitude du désert, Jésus se retire sur une montagne pour y
prier. Prier sur la montagne est un symbole dans la Bible. La montagne est le
lieu de la rencontre avec Dieu depuis l'expérience de Moïse au mont Sinaï (Ex,
19, 16). Il y a la prière au désert et la prière au sommet de la montagne.
Cette fois, Jésus n'est pas seul. Il convie trois disciples : Pierre,
Jacques et Jean, les mêmes que lors de l'entretien précédent.
Il s'est alors passé quelque chose d'extraordinaire pour ces trois
disciples : ils ont découvert, en un moment fugace, le vrai visage de Jésus.
Pas celui de la foule, pas celui des gardiens du Temple, même pas celui qu'ils
s'étaient forgé eux-mêmes, mais son vrai visage. C'est rarissime de pouvoir
découvrir ainsi un de ses proches. Nous sommes tellement encombrés de préjugés,
d'attentes particulières, de réticences, d'idéaux ...
Observons que c'est en priant que Jésus révèle son vrai visage à ses
intimes.
L'évangéliste Luc associe à cet événement Elie et Moïse, comme figures
tutélaires : Moïse, le libérateur ; Elie, la grande voix du peuple.
Comment enfin ne pas faire un lien entre le Jésus transfiguré
d'aujourd'hui et le Jésus défiguré de la passion ?
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