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dimanche 31 janvier 2010

31 janvier 2010 - bis

A un jeune collègue, qui me supplée, je disais: "ne te surmène pas". Il m'a répondu: "Je suis à la limite du surmenage; mais je fais ce que je peux". J'ose croire que tous, à l'Université, nous avons été choisis parce que nous étions capables de transmettre, d'offrir, à d'autres quelque chose. Dans nos contrats d'enseignement, dans le discours général, dans une nomination, jamais, on ne dit: "nous vous avons choisi, parce que nous sommes convaincus que vous pouvez apporter quelque chose à nos étudiants d'abord (à l'institution ensuite) et puis faites CE QUE VOUS POUVEZ". Le système ne cesse d'exiger des intéressés de faire PLUS que ce qu'ils peuvent faire. C'est un très mauvais système, car il conduit peu à peu les intéressés à ne plus pouvoir donner le meilleur d'eux-mêmes. Il suscite bien des drames. J'en témoigne. Et je ne sais pas qui est gagnant en fin de compte.

31 janvier 2010

Je ne sais pas si je pourrai écrire dans les jours qui viennent. Alors, je vais livrer en vrac, c'est-à-dire dans le désordre, des réflexions diverses inabouties.

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N. aime à citer la sentence de Pierre Desproges (je crois): "On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde". Je n'ai pas relu Henri Bergson et son traité sur Le rire;  je ne compte pas m'interroger sur les moteurs du rire  (pourquoi certains trouvent-ils Jean-Marie Bigard drôle, quand d'autres préfèrent Sylvie Joly?). On doit effectivement pouvoir rire de tout et de toutes les façons.

Cette sentence n'est pourtant pas anodine.

Elle induit la division, la séparation: puisqu'on ne peut rire de certaines choses  qu'avec certains. Il ne s'agit plus de savoir si une chose est drôle en soi ou pas, mais de définir la catégorie de ceux qui la trouveront drôle. C'est un fait.  Le rire devient alors un moyen de se reconnaître dans un clan, dans une cotterie, où l'on se distingue des autres péquenauds qui n'en font pas partie, parce qu'ils ne rient pas comme nous, avec tout ce que cela peut comporter d'exclusion, de sentiment de supériorité, etc. Le rire jouerait-t-il le même rôle que l'argent, le statut social, l'exercice du pouvoir? Si oui, il ne fédère plus; il déconnecte, il exclut ou ne nourrit que le narcissisme de quelques-uns. Le degré de tolérance et d'accueil des groupes ainsi fédérés n'est jamais très grand vis-à-vis de ceux qui en refusent les codes. Comme toujours. En ce domaine précis, comme dans bien d'autres, c'est bien cela qui me déplaît. Là où un grand éclat de rire devrait réunir tout le monde ... pour en rester au domaine du rire.

Voilà un beau défi! Trouver le gag qui fera rire tout le monde, en ce compris l'éventuelle "tête de turc" de ce gag.


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Quelques citations glanées dans le Dictionnaire amoureux du Judaïsme de Jacques Attali (Plon/Fayard, 2009):

- "La jouissance de la routine ne vaut pas l'incertitude de la liberté";
- "Pour moi, Moïse nous dispense surtout une formidable leçon sur la violence: il faut d'abord l'encourager, par ce qu'elle est la condition de la conquête de la liberté; il faut ensuite la combattre, pour éviter que les hommes libres ne s'entre-détruisent. Autrement dit, Moïse incarne le couple de valeurs définissant le judaïsme: transgression/repentir";
- "Mon fils, alors âgé de huit ans, me demanda: "Si Dieu existe, peut-il tout? - Oui, pourquoi? - Alors peut-il décider qu'il n'existe pas?"
- "Prier ne consiste pas à s'adresser à un Dieu lointain pour obtenir quelque chose de lui, mais à faire silence pour écouter: écouter les autres pour mieux les comprendre; et surtout s'écouter soi-même. "Ecoute" consititue donc le meilleur résumé de tout ce que la psychanalyse essayera de dire, bien plus tard ...: c'est en toi qu'est la guérison; prends conseil du meilleur de toi-même".

Je reviendrai, un jour, sur Maimonide. Et sur le couple raison/émotion.

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J'aime beaucoup cette expression: "Dieu s'est retiré". Le retrait de Dieu n'est pas l'absence de Dieu.  Un voilier, qui a franchi l'horizon, a disparu à nos yeux, mais rien ne dit qu'il n'existe plus. Il en va de même du soleil.

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Dans ce que je vis concrètement à ce tournant de ma vie, combien de vieux mots résonnent: "jeûne", "rupture du jeûne", "traversée du désert", "terre promise", "résurrection", "ange", "cécité", "exil". Aucun de ces mots n'a pour moi une portée surnaturelle. Ils accompagnent au contraire, je pense, tout être humain.

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vendredi 29 janvier 2010

29 janvier 2010

Une situation que l'on croit toujours réservée aux autres.  Une effroyable explosion, en plein coeur de Liège, a fait, dans la nuit du 26 au 27 janvier, de nombreuses victimes, entraîné l'effondrement de deux immeubles et la fragilisation de tout un quartier qui a dû être évacué. Des images ou des souvenirs ont alors traversé l'esprit ou le coeur de bien des liégeois: le bombardement de Liège lors de la seconde guerre mondiale, le tremblement de terre de 1983, mais ces images de ruine et de désolation renvoient à tant d'autres exemples à l'étranger (même si les proportions ne sont pas toujours les mêmes).

Bien des facettes de l'être humain se révèlent à l'occasion de pareilles catastrophes:
- des victimes innocentes, comme toujours;
- des familles dans l'incertitude et la douleur;
- des professionnels des secours qui,  depuis plusieurs jours, font preuve  d'une organisation irréprochable et d'un grand dévouement qui forcent le respect;
- des responsables publics qui se révèlent en assumant leurs responsabilités et en gérant la crise;
- des curieux;
- de la solidarité et de la compassion;
- des cyniques qui ne peuvent s'empêcher de rire de tout, ou de railler sur tout, quand il n'y a pas lieu de rire du tout (ah ... facebook!);
- et malheureusement, des gens sans scrupule, mercantiles (sans conscience?): marchands de sommeil et pilleurs.

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L'actualité, dans la presse et la télévision,  comporte des coïncidences qui parfois vous rejoignent de très près.

Dimanche 31 janvier, sur ARTE, à 21 heures: "Vertiges éthyliques". Beaucoup d'écrivains (la liste est impressionnante) ont été incapables d'écrire sans boire. En quoi l'absorption d'une toxine peut-elle bien favoriser l'inspiration? Car, il n'y a pas que l'alcool: nombre de grands créateurs et génies ont été consommateurs de drogues ... même Sherlock Holmes, qui était cocaïnomane.

Le suicide incompréhensible d'un adolescent de 17 ans au sein même de son école, à Namur,  il y a quelques jours, a focalisé l'attention sur une tentation bien plus complexe qu'elle n'en a l'air et qui touche beaucoup de jeunes gens (mais pas que) et les femmes (mais pas que). Dans le fond, il s'agit toujours:
- d'une part, de se couper de la vie, ou de réduire, avec souffrance le plus souvent, la flamme de vie que l'on porte en soi, ou de ne plus la voir, la ressentir;
- d'autre part, de se mettre en danger.

Je ne suis pas compétent pour trouver des explications à cette attitude, mais je constate qu'elle peut prendre des formes très diverses.

Il y a l'acte extrême, mais aussi combien d'actes plus sournois ou plus indirects. Prenant appui sur mon expérience, je pense à ceux qui boivent plus que de raison ou ne mangent plus jusqu'à mettre leur santé en péril. Mais ce n'est pas différent quand on rejette finalement la relation sociale  (la solitude est souvent plus confortable que la confrontation, mais est-elle la vie?). Je pense aussi à ceux qui scient la branche sur laquelle ils sont assis professionnellement (un peu comme moi).

L'attitude suicidaire ne devrait pas être trop aisément associée au désespoir. N'est-elle pas souvent le cri maladroit d'un être qui précisément ESPERE beaucoup, trop, tout? D'un être qui ne cesse d'espérer inlassablement qu'un autre (à défaut peut-être d'un Autre) le trouvera digne d'être sauvé?


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Je vais finir par croire que les anges existent. J'ai croisé, dans ma vie, de bon anges et de mauvais anges. Il m'est peut-être arrivé aussi d'être un bon ange pour certains et sans doute un mauvais pour d'autres.

Je suis frappé par le fait que des êtres bons (je veux dire par là bénéfiques) n'ont cessé de croiser ma vie quand il le fallait. Ces derniers jours, cela a été particulièrement le cas de Ginette, de Monique, de Michel (revu après bien des mois), de Marco et de Sybille, avec qui un long échange intime et affectueux a eu lieu hier. Je pense aussi aux deux messages lointains reçus tout récemment de Aziz et de Luis.


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Le mystère des choses, où donc est-il?
Où donc est-il, qu'il n'apparaisse point
pour nous montrer à tout le moins qu'il est mystère?
Qu'en sait le fleuve et qu'en sait l'arbre?
Et moi, quine suis pas plus qu'eux, qu'en sais-je?
Toutes les fois que je regarde les choses et et que je pense à ce que les hommes pensent d'elles,
je ris comme un ruisseau qui bruit avec fraîcheur sur une pierre.

Car l'unique signification occulte des choses,
c'est qu'elles n'ont aucune signification occulte.
Il est plus étrange que toutes les étrangetés
et que les songes de tous les poètes
et que les pensées de tous les philosophes,
que les choses soient réellement ce qu'elles paraissent être
et qu'il n'y ait rien à y comprendre.

Oui, voici ce que mes sens ont appris tout seuls:
les choses n'ont pas de signification: elles ont une existence.
Les choses sont l'unique sens occulte des choses.

Fernando Pessoa/Alberto Caeiro, Hétéronymes

mardi 26 janvier 2010

26 janvier 2010 - bis "Le président et Gilberte"

C'était hier ...

Nicolas S. face à la France, pour répondre aux questions des français, sur TF1, avec J.P. Pernaut comme "animateur".

Cela a donné à peu près ceci.

Monsieur le Président et Gilberte.

- Monsieur le Président, on ne s'en sort pas à la fin du mois. Mon mari est dans l'éducation nationale et moi je travaille en moyenne surface.
- Mais, Gilberte, si vous voulez vous en sortir, il faut gagner plus, et, pour cela, il faut travailler plus.
- Monsieur le Président, vous avez réduit le cadre de la fonction publique, particulièrement, dans l'éducation nationale,  et mon employeur n'est pas d'accord pour que je travaille une heure en plus.
- Gilberte, on a bien expliqué à votre patron que toute heure en plus était défiscalisée et sans charges sociales.
- Oui, monsieur  le Président, mais il ne voit pas pourquoi il devrait ouvrir le magasin une heure de plus, pour payer des caissières comme moi, s'il n'y a personne qui vient ...
- Gilberte, moi, je vais vous dire, comme je le dis à tous les français. La France est le seul pays au monde - excusez-moi de vous interrompre, Gilberte - où le taux de chômage a connu une augmentation négative de plus de 4 %. Regardez le Japon. Ou l'Allemagne. Parlons de l'Allemagne. On y va ou on n'y va pas. Mais - je l'ai promis, Gilberte - jamais un travailleur français ne paiera à la place d'un travailleur allemand. Et, ça, je le dis, à vous, Gilberte. Mais je le dis aussi à tous les français.
- ....

26 janvier 2010

Cette journée est marquée par plusieurs choses positives:

- B. est très apprécié par son employeur. Son patron lui garantit maintenant du travail jusqu'au 5 mai;
- B. m'a conduit à faire des choses, pour lesquelles je  suis souvent en état de blocage, comme téléphoner, par exemple. Il fallait bien résoudre son problème de voiture;
- S. est plus rugueux, mais il est aussi généreux que son frère.

Mes parents font vraiment beaucoup pour eux et pour moi.

Mais aussi un ENORME point négatif.

J'ai ressenti, hier, une profonde blessure liée à l'amitié.

dimanche 24 janvier 2010

24 janvier 2010

Trois oeufs sur le plat, avec deux tranches de lard, et du pain frais. C'était, sur la Batte (le marché dominical), avec B. Pourquoi était-ce la première fois? Je ne sais pas. Certes, il s'agit d'un petit déjeuner roboratif. Mais quel bonheur! Une adresse toute simple "L'oeuf sur le plat". Avec B., nous sommes d'accord: la patronne est flamande et la serveuse russe ou polonaise. Cela aussi est finalement un rayon de soleil.
http://www2.resto.be/oeufauplat/

Les rayons de soleil à l'université ont une envergure tellement différente. Moins réconfortante.

Parlons de l'Université justement, et de la Faculté de droit, plus précisément.

Je reçois régulièrement trois types de messages, aucun n'étant jamais officiel:
-  hier, à deux heures du matin: un sms d'étudiants qui fêtaient la fin de la session d'examens de janvier et qui voulaient ainsi m'y associer. Cela m'a réveillé, certes, mais cela m'a fait un tellement grand plaisir;
- une longue conversation téléphonique avec une collègue depuis peu retraitée, faite de compréhension, mais aussi de mise en garde;
- régulièrement, des manifestations de sympathie d'anciens étudiants, qui vont au-delà de la sympathie: j'y vois parfois, mais je rêve peut-être, une forme d'affection.

Officiellement, le discours est soit fait d'un silence impénétrable, ou gêné, soit d'une commisération qui ne peut se justifier naturellement que par les "intérêts de la Faculté", ce qui s'explique, ... à la condition que les intérêts de la faculté soient bien compris.

S. est devenu sage. C'est comme s'il voulait me protéger. Il est passé par là avant moi; il sait.

Ces derniers jours, au lit, mes pieds étaient froids. Je n'ai jamais connu cela par le passé. J'ai toujours eu la réputation d'être une bouillotte. Une immense angoisse m'a envahi: je ne dormirai peut-être plus jamais de ma vie en "corps à corps"; ce "corps à corps" tout simple qui n'a rien de sexuel, mais qui relève de l'abandon et de la tendresse. La peau qui touche la peau. La main qui s'agrippe à l'autre main.



samedi 23 janvier 2010

23 janvier 2010

Ce journal se veut transparent. Il n'a pour moi que le but de dire, ce que je ne peux pas toujours dire autrement. Je le répète: certains seront peut-être touchés, d'autres pas; certains compatissants, d'autres choqués. Ma réputation ne sera mal jugée que par ceux qui ne peuvent pas comprendre. La vérité est, depuis maintenant quinze ans, mon seul moteur.

Hier, j'ai été confronté à une expérience très difficile. Nous étions rassemblés. Tous nous souffrions d'addiction (drogue, alcool, médicaments ... la liste n'étant pas exhaustive), pour une information sur un plan de sevrage, cure et postcure (6 mois au minimum).

Les situations étaient très diverses. Beaucoup très graves. Après parfois un parcours judiciaire (dans le cas des toxicomanes). Dans des situations de grande précarité morale et sociale. Sans juger aucun des participants à cette réunion, je ne me suis pas senti à ma place. Et j'ai reculé. Peut-être m'auraient-ils apporté beaucoup? Peut-être aurais-je pu leur apporter quelque chose?

J'ai reculé pour trois raisons essentielles:
- la contrainte, non discutable dans le projet, d'une vie communautaire de tous les instants (même le sommeil devait être partagé: chambres à quatre lits superposés);
- la fermeture sur le monde extérieur (pendant un temps au moins) pour n'être plus que dans le projet communautaire;
- la thérapie de groupe, par interaction, tout le temps et toujours.

Je ne savais pas que cela existait. Certes, on peut se dire que tous ceux qui étaient là, à des degrés divers, avaient besoin d'un "redressement". De là, à imaginer une "maison de redressement". La méthode est peut-être efficace dans des cas particuliers. Je n'étais pas le seul à penser qu'elle pouvait aussi rendre très malheureux. Elle m'aurait rendu malheureux.

J'ai été replongé, l'espace de trois heures, dans les pires souvenirs de ma vie: les heures de sport obligatoires à l'école, la chambrée à l'armée, les douches collectives, les autres qui choisissaient toujours le programme télé le plus débile, l'interdiction des amitiés particulières (même la sympathie a été présentée comme suspecte). On vit dans un groupe d'une certaine couleur que l'on ne choisit pas; mais qui est désigné. Et tout va se jouer dans le groupe.

J'espère que vous me comprenez.

L'expérience n'est pas que négative: je sais définitivement que mon salut n'est point là.

Je ne dis pas que je n'ai pas besoin d'aide, bien au contraire. Et je continue à chercher la formule la meilleure.

Mais il suffit parfois de si peu de choses, pour voir sa vie inondée de soleil et découvrir tout autrement. Il est venu, parce qu'il l'avait promis, pour faire des réparations chez moi. Nous avons aussi beaucoup parlé. Ecouté de la musique pendant son travail.  Parlé de nourriture bio, d'altermondialisme, de justice, d'humanité, de musique, de reggae, de révolte, d'idéal, du monde, lui avec ses 23 ans  et moi avec mes 54. Sans véritable distance. Comme deux frères qui se reconnaissent. Il avait le temps. C'est un ami de B. J'ai conseillé à B. de le conserver comme ami. Et il a été très efficace pour les réparations. Je vous le recommande.

vendredi 22 janvier 2010

jeudi 21 janvier 2010

Je ne cesserai pas d'écrire, même si je ne suis pas lu.
Et, on pourra toujours dire que je rabâche et répète les mêmes sujets.

Trois courts messages aujourd'hui:
- tout passe ... les êtres passent plus vite dans ma vie que les sentiments, me semble-t-il;
- simplement, autour de moi, je rencontre beaucoup de souffrance physique ou morale, d'inquiétude aussi;
- j'ai réussi à télécharger un documentaire, rare, sur le Mont Athos. A nouveau,  j'ai été submergé par une grande nostalgie. Je ne trouve sur youtube qu'une bande-annonce. Mais il faut regarder tout dans ce documentaire et se dire que quelques anachronismes sauvent peut-être une certaine sagesse.
http://www.youtube.com/watch?v=RVZFE9vcoWI

J'avais dit aussi que je ne parlerai plus sur ce blog de fiscalité ou de sujets touchant à la politique et à l'économie. Juste ceci: il est maintenant sûr que l'usine Opel d'Anvers va fermer: une perte de 2.300 emplois (sans compter les dommages collatéraux). Avant de s'appeler Jupiler, la bière fabriquée à Jupille (près de Liège) s'appelait la bière Piedboeuf; c'était une entreprise familiale florissante au rayonnement local. Jusqu'au jour où des requins prennent tout ... grandement aidés par une génération politique qui les a inondés d'aides fiscales ou de subsides, sans doute en échange de quelques prébendes. En théorie, cela aurait dû aider à soutenir et à créer de l'emploi au niveau local. Et c'est le contraire qui se passe.  Ils se dédouanent en disant que c'est l'effet de la mondialisation. Disons plus franchement que certains de nos responsables politiques, fort mal inspirés, ont préféré servir de faux dieux plutôt que l'homme. Leur sera-t-il seulement demandé des comptes?

Toujours plus grand, toujours plus gros, toujours plus élevé ...
Hergé n'avait peut-être pas tort, quand il représentait le capitaliste américain avec un gros cigare, un gros ventre et un sourire cynique. Des hommes comme ça, il y en a maintenant partout, dans tous les pays, toutes les langues et toutes les religions. Il y en a toujours eu.

Les hommes ont toujours aimé construire des tours (symbole d'orgueil et symbole phallique, évidemment). Celle de Babel s'est écroulée. Les "Twin towers" de New-York aussi. La super-tour de Dubaï s'effondrera bientôt, faute d'argent pour la tenir en l'état. Reste la Tour Eifel .... son mérite: elle n'est faite que de boulons et de rivets. Elle a l'air plus artisanale, mais la France de Gustave Eifel n'est pas celle de Sarkozy. En Belgique, il n'y a pas de tours, sauf des clochers et des beffrois. Les belges ne sont pas orgueilleux ... ou bien ils n'ont pas besoin, comme les autres, de compenser une virilité que l'on imagine bien complexée.

Une fois encore, la sagesse viendra-t-elle des moines? Produire juste ce qu'il faut pour subvenir aux besoins de la communauté et à des projets d'entraide. Utopie? Bien sûr! Encore. Toujours. C'est la seule voie.

mercredi 20 janvier 2010

20 janvier 2010 - bis

Tu es un homme bon et aimant.
Dans tes bras, il y a un océan de tendresse.
Mais ...
Surtout, ne sois pas amoureux de moi.
Je ne veux pas que tu souffres.
Combien de fois ai-je entendu cela?
Pourquoi?

20 janvier 2010 - Moi et la danse

De mon premier slow à la salle paroissiale aux découvertes d'il y a 15 ans, à l'époque de P: que de chemin parcouru.
La danse, c'est le corps; celui que je n'ai pas encore tout à fait apprivoisé, qui me fait de plus en plus honte, et dont j'aimerais tant qu'il fasse partie de ma liberté.

Il y a quinze ans, P. me faisait découvrir Alain Platel, Trisha Brown, Thierry Smits, Michèle-Anne de Mey, entre autres. Autant de découvertes bouleversantes pour moi. Ces grands noms continuent à offrir le meilleur.

Il est vrai, j'ai toujours un peu besoin qu'on me prenne par la main, sinon je reste assis "au bord du bac à sable". Je continue à m'intéresser, par presse et reportages interposés. J'aimerais tellement, par exemple, partager avec un compère un spectacle de Sidi Larbi Cherkaoui.

Quelques images:

Alain Platel






 Thierry Smits






Sidi larbi Cherkaoui







Cette évocation de la danse et du rapport au corps va toutefois beaucoup plus loin que cela. Elle me renvoie à ce corps que, dans ma famille, l'on m'a appris à ne pas aimer. Certes, il y avait des raisons.  Avec mes parents, il n'y a jamais d'embrassades; d'effusions, point de bras où s'enfouir. Tout est toujours: maîtrise, prévision, organisation, argumentation. Rien ne manque ... sauf justement peut-être l'amour tout simple.

18 janvier 2010

Les mots, les mots, toujours les mots ... pour dire, exprimer, cicatriser
Des questions sans réponse
Des sensations perdues
Ou trop rares

Poe-me as maos nos ombros ... (F. Pessoa)

Pose les mains sur mon épaule
Embrasse-moi sur le front
Les débris de ma vie
Mon âme est troublée


Je ne sais pas pourquoi
Ni même d'où je viens
Je suis celui qui vois
Et vois même l'étrange

Pose ta main
Sur mes cheveux
Tout est illusion
Seuls ceux qui rêvent peuvent savoir



(essai de traduction en français).


dimanche 17 janvier 2010

17 janvier 2010 (mais plus précisément 1010)

En ce jour triste du 17 janvier 2010,
où la nuit l'emporte encore sur le jour,
deux jours après les solennités doubles de 1ère classe,
en l'honneur de Saint Maur,
sous les frimas, la grisaille et le froid,
moi, Frère Xavier d'Outremeuse




en compagnie de mon novice, Frère Grégory de Serbie-Piercot




nous cherchions la vérité.

Mon novice avait trouvé mieux que mes lunettes: un appareil photo digital.

L'énigme qui nous attendait méritait bien un peu de technologie, quoique sous le capuchon de ma bure, la réflexion n'était point en panne.

Les choses ne sont plus ce qu'elles étaient. Peu de moines portent encore la bure et, pour trouver un peu de décence religieuse, il convient de se tourner vers les prédicateurs maures.

L'objet de notre enquête s'appelait: Léonard. Des doutes, des craintes, sur un schisme en Belgique suite à l'appel à l'archi-épiscopat et à la primature en Belgique du dit Léonard.

Cela grince, cela pleure, cela murmure, cela couine, un peu partout dans les cénacles concernés. Et ma capacité de discernement si longuement éprouvée ne me permet pas d'entendre dans tous ces cris la voix de l'Esprit-Saint.











Mon novice a pu recueillir des images publiées dans la presse et même diffusées sur cet engin que l'on appelle télévision. Cet étrange Léonard a en effet accepté d'être filmé en maillot de bain dans sa piscine et en compagnie d'un exemplaire de Sainte Thérèse de Lisieux dans son lit. Il dispose d'un chauffeur. Comme un "people" quoi! Frère Grégory a rapporté des preuves irréfutables, avec sans doute la collaboration de notre dévoyé frère Thomas de la Communauté de la Ferme. Mais que fait-il avec Sainte Thérèse le soir, que nous ne pouvons savoir? Juste après la piscine?

On sait déjà - il l'a dit - qu'il n'aime pas (parce qu'ils sont anormaux) les homosexuels, les femmes avortées, les divorcés, les capotes et l'euthanasie (plus on souffre avant de mourir, plus on gagne son paradis en effet). Mais il aime les nouveaux cathéchumènes ...

Ce prélat onctueux, à l'intelligence sans pareille, est aussi à l'aise sur les plateaux de télévision que dans les salons ou, dit-il, les bars populaires du quartier de la cathédrale Saint-Aubain de Namur. Nul mieux que lui ne pratique la langue de bois. Pour un peu, ses partisans l'appeleraient "papa", si ses manières n'étaient si polissées.

Mon novice m'a apporté d'intéressantes informations: il consulterait en ligne, depuis quelques semaines déjà, un site italien spécialisé dans la fourniture de soutanes et ornements pour prélat. Le relevé des consultations sur ce site montre un penchant récent de Léonard pour le rouge, mais pas que .... il a aussi consulté, à plusieurs reprises, les pages blanches. Il doit avoir un rêve.

Convient-il que je pratique un exorcisme?




Ou de se moquer?

Dieu saura reconnaître les siens ...

Voici quelques sites à visiter ...
http://www.houssard.fr/chemisesetpolos-ceinturedesoutanedevequea2pansrefrc16-p-491.html
http://www.lartisan-costumier.com/histoire-religieux.php
http://www.soldatdedieu.com




Il existe donc un modèle de chasuble "Rainbow flag".

Le site le plus drôle est celui de l'artisan costumier, pour plusieurs raisons:
- d'abord parce qu'il se préoccupe autant du monde religieux que du monde des lois ....
- je recommande particulièrement, dans la section "Habit de religieuse", la rubrique "mi-bas, gaines et porte-jaretelles";
- les religieux et religieuses ne sont pas très bien servis non plus dans le domaine du sous-vêtement (allez voir).

Et je n'ai pas recensé ici, les grands couturiers qu'affectionne Benoit XVI.


extraits de Fellini Roma


Juste, sous ma bure, je m'interroge ...




17 janvier 2010 - bis

Je ne le sais que trop: chacun avance ou recule à son rythme; nul n'a d'influence là-dessus, ni surtout sur l'autre. Respect.

J'ai toutefois une conviction (je livre ici mon expérience): le mensonge, le secret ne tiennent jamais qu'un temps. Je puis même dire, parlant de moi, que plus ça dure, plus cela fait de dégâts. En soi et autour de soi. Un amour pour être vrai, vivant, fécond, rayonnant doit être visible, se partager comme tel, rendre les autres heureux (l'amour ne peut être QUE communicatif: il doit se propager). L'intimité est autre chose: l'espace où chacun nourrit l'autre. Mais l'intimité, sans l'ouverture, ne peut pas être juste.

C'est bien parce que le feu de l'amour m'a quitté que je ne rayonne plus comme avant.

Pourquoi le feu s'est-il éteint?

A nouveau, je livre ici, à ceux qui veulent bien me lire, mon parcours propre:
- le bonheur "en Dieu", le bonheur mystique, vers lequel toute mon éducation me conduisait n'a pas été au rendez-vous;
- j'ai alors cherché à construire un petit bonheur sur terre: une famille, deux enfants adoptés;
- je me suis investi professionnellement plus qu'il n'aurait fallu.

Ces trois aspects de mon parcours ont ceci de commun: JAMAIS, je dis bien JAMAIS, personne dans mon entourage n'a manifesté le moindre souci pour mon bonheur, l'épanouissement de mon être intime (je veux dire LE MIEN). Soit je réalisais une norme, soit je me mettais au service de désirs, de besoins, d'exigences extérieures, où les bénéficiaires se souciaient bien peu de mon bonheur. Ils étaient fiers de ma soumission et de ma diligence.

Alors, qu'est ce qui faisait défaut? On est heureux quand on se sent reconnu, aimé, apprécié POUR CE QUE L'ON EST (pas pour ce que l'on fait).
Mais qui se souciait seulement de savoir qui j'étais? Me le disait? Mes réussites n'étaient jamais LES MIENNES, mais celles de l'excellente éducation que mère et grand-mère m'ont donnée.

J'ai beaucoup donné par amour.
Je n'ai pas été aimé, juste reconnu.
Donc, je reste un mendiant d'amour.

Et, je le sais, les personnes qui attendent trop d'amour, font fuir les autres.
Ou ils grapillent de temps en temps des impressions/illusions d'amour.
Et puis se retrouvent encore un peu plus seuls après qu'avant.

17 janvier 2010

Comme dans les films, je prends à partir de ce jour la précaution de dire que si certains événements autobiographiques m'inspirent, aucune ressemblance, similitude, association, lien ne doivent être faits entre ce que j'écris et des personnes particulières, autres que moi.
En conséquence de quoi, je ne publierai plus que des photos du domaine public ou neutres (coucher de soleil, par exemple).
Je ne citerai plus aucun nom, sauf peut-être par une initiale (à l'exception des personnes publiques).
Ce blog va perdre de son sens, de son contenu et de son humanité.
Je continue quand même.
Par respect pour ce qu'il m'a été demandé.


C'est dimanche, et je revisite un peu ma vieille discothèque.

Un premier nom: RAY LEMA. C'est un tout grand.




Formation classique. Piano. Un esprit ouvert. Des concerts en association innombrables. Ecoutez-le.

Il a enregistré un album tout à fait étonnant mêlant la rumba africaine aux traditions des voix bulgares. Cela mérite le détour (Ray Lema, Professeur Stefanov et les voix bulgares de l'ensemble PIRIN', Buda Records, 1992).

Un deuxième nom: VINICIUS DE MORAES.




Un grand poète, une grande âme du Brésil, survivant aujourd'hui à travers ses innombrables chansons et un film, devenu un classique: Orfeu Negro (Marcel Camus, 1959). Si je puis me permettre un souvenir personnel, mon fils Benjamin, à l'âge de 7-8 ans a regardé ce film en boucle. C'était "son" Brésil. Pourtant, il est arrivé en Belgique, âgé de quelques semaines à peine.

Ma troisième proposition est peut-être plus inattendue, et sans doute plus difficile à trouver. Il s'agit du SOWETO STRING QUARTET. Comment ce disque, paru en 1998, a-t-il atterri chez moi? C'est un peu difficile à expliquer: il s'agit d'un quatuor à cordes qui, en gros, joue de la musique sud-africaine traditionnelle (un peu dans le style: "Le lion est mort ce soir ... Aouimbowé, Aouimbowé ...). C'est surprenant et amusant.




Enfin, je voudrais rendre hommage à une personnalité gigantesque de la région belge du Borinage: Willy Staquet, qui fut une grande vedette à la télévision. Il faisait partie d'un trio d'accordéonistes, où figurait aussi un certain Bob Deschamps, son aîné.








Vous pourriez me dire que ma sélection est bien inégale. J'ai simplement cherché à ne pas parler de moi. Je puis vous assurer que je n'ai rencontré aucune des personnes mentionnées dans ce post. Que je n'ai jamais eu aucun lien privilégié avec l'une d'entre elles. Et que toute ressemblance avec une personne connue ou existante est purement fortuite.





samedi 16 janvier 2010

16 janvier 2010

Une fois encore,  comme souvent, quand je traverse une période émotionnellement forte sur le plan amoureux, je trouve chez Françoise Hardy des mots justes. Je dois avoir recopiés ceux-ci, dans les années 1990, à la suite d'une interview dans le Nouvel Observateur.

"Combien de gens croient être amoureux, alors qu'ils n'aiment que l'image d'eux-mêmes que l'autre leur renvoie et sont prêts à tricher pour l'obtenir? 
Combien de gens croient aimer alors que tout ce qu'ils veulent, c'est qu'on les aime, qu'on les prenne en charge ... ou qu'on les mette sur un piédestal? 
Combien prennent sans donner, ou ne donnent qu'en fonction de leurs besoins à eux, sans se préoccuper de ceux de l'autre? 
Combien ne s'intéressent qu'à une image idéalisée, pour rejeter celui en qui ils la projettent dès qu'il ne s'y avère plus conforme? 
Combien acceptent de partager, autrement de ne pas être tout pour l'autre, même s'il est tout pour soi, de le laisser libre?

Aimer l'autre pour ce qu'il est et non pour ce qu'on voudrait qu'il soit implique beaucoup de DISCERNEMENT, de GENEROSITE, d'EFFACEMENT, de DETACHEMENT. 

Quand on atteint ce degré d'amour, alors on peut "AIMER POUR DEUX", qu'il y ait ou non réciprocité est presque secondaire; l'important est d'éprouver authentiquement: c'est sans prix, SANS FIN.".

Mais qui nous apprend à aimer vraiment?

Ils sont rares ceux qui m'ont appris. Je les garderai  en mémoire toujours. Ils sont pour moi des amis d'exception qui ont une place particulière dans ma vie. Ils sont un peu les "hommes de ma vie".

Ils auraient pu rester.
Mais, je ne suis pas celui auprès duquel on reste.
J'apporte quelques pépites ...
pour leur permettre de vivre ailleurs
Pendant combien de temps, pourrai-je encore faire cela?









vendredi 15 janvier 2010

15 janvier 2010 - bis

Aujourd'hui encore, les mots me manquent. Je vais donc citer deux chansons.

Je ne puis pas offrir plus pour le moment.


Rêver un impossible rêve
Porter le chagrin des départs
Brûler d'une possible fièvre
Partir où personne ne part

Aimer jusqu'à la déchirure
Aimer, même trop, même mal
Tenter, sans force et sans armure,
D'atteindre l'inaccessible étoile

Telle est ma quête,
Suivre l'étoile,
Peu m'importent mes chances,
Peu m'importe le temps
Ou ma désespérance

Et puis lutter toujours
Sans questions, ni repos
Se damner pour l'or d'un mot d'amour

Je ne sais si je serai ce héros
Mais mon coeur serait tranquille
Et les villes s'éclabousseraient de bleu
Parce qu'un malheureux

Brûle encore, bien qu'ayant tout brûlé
Brûle encore, même trop, même mal
Pour atteindre à s'en écarteler
Pour atteindre l'inaccessible étoile

"La Quête", L'homme de la Mancha, J. Brel


Partir quand même
Pendant qu'il dort
Pendant qu'il rêve
Et qu'il est temps encore

Partir quand même
Au moment fort
Briser les chaïnes
Qui me lient à son sort 

...

Partir quand même
Partir d'abord
Quitter la scène
Dans un ultime effort
Avant de dire: "Je t'aime"
Que le piège se referme


Partir quand même
Disparaître à ses yeux
Ne plus donner signe
Avant de ne plus pouvoir 
Revenir en arrière


Avant qu'il soit trop tard
Avant de dire: "Je t'aime"


"Partir quand même", Françoise Hardy

 

15 janvier 2010

Je ne trouve qu'un seul mot aujourd'hui: Haïti.

jeudi 14 janvier 2010

14 janvier 2010

J'ai une folle envie de parler aujourd'hui de bon goût.

Est-ce un critère? Non. Il y des afficionados du mauvais goût.

En fait existent des clans ... qui se partagent un goût commun. Comment? Tu ne connais pas ceci?

A une époque de ma vie et de mes amours, j'ai été amené à fréquenter un peu les milieux branchés "photo-mode-musique-design" de la Capitale. J'y ai rencontré des gens parfois charmants, mais quand ils disaient: "comme c'est beau", je me demandais, et me demande toujours, en quoi.

Et puis, il y a bien sûr les fans de Johnny ou de feu Claude François. La communion qui les réunit est-elle plus méprisable que celle de beaux esprits ne trouvant pas les mots pour dire tout ce qu'ils pensent de bien et ont éprouvé à l'écoute de je ne sais quel concerto de Chostakovitch. Certains sont même capables de dire que le hautbois, dans le deuxième mouvement, était divin ou manquait de conviction. S'ils le disent.

Il en va de même en cuisine. Certains chefs sont adulés pour des plats qu'assure seule leur promotion... mais comme il est de bon ton d'y être. Il arrive ainsi qu'on mange des découvertes gastronomiques, dont le "mmm", censé exprimer le plaisir gustatif, devient aussi dubitatif. Mais, il s'agit de ne pas faire tâche ... On pense que ce n'est pas terrible, mais on dit à tout le monde que c'est parfaitement génial.

Je suis un peu amer aujourd'hui.

Toujours le même constat: je n'aime pas le jeu (comme au poker menteur, voyez-vous); je n'aime pas les règles du jeu; et je n'aime pas les joueurs. Mais je préfère de loin être grandement humain que piètre joueur.

J.P.R., dans son blog, évoque la personnalité de Philippe Séguin, récemment disparu. Permettez-moi de citer mon ami: "Sans doute ce qui me touche encore plus dans le personnage, c’est plus encore que sa fidélité à des convictions, sa liberté, son humanité. Les colères, les découragements, la lassitude, l’impression parfois d’être hors jeu, de n’être pas (plus) en phase avec le monde qui l’entoure. Et cependant la volonté farouche d’accomplir sa mission, de faire jusqu’au bout ce qu’il croit juste et nécessaire. Loin de moi l’idée de me comparer au disparu, mais je me reconnais une proximité certaine…". Je puis reprendre tous ces mots à mon compte.


Ma musique, ce jour, c'est Strauss, sous toutes les déclinaisons du patronyme .... Concert du Nouvel-An en retard.

Et toujours l'une ou l'autre photo qui me parlent ou m'obsèdent pour la journée


mardi 12 janvier 2010

12 janvier 2010

Chema: Ecoute, le mot le plus important du judaïsme ... "Prier ne consiste pas à s'adresser à un Dieu lointain pour obtenir quelque chose de Lui, mais à faire silence pour écouter: écouter les autres pour mieux les comprendre; et surtout s'écouter soi-même. "Ecoute" constitue donc le meilleur résumé de tout ce que la psychanalyse essaiera de dire, bien plus tard, sur des dizaines de milliers de pages: c'est en toi qu'est la guérison; prends conseil du meilleur de toi-même (J. Attali, toujours).
 
Vous devez lire ce livre. Je pourrais encore parler de l'expérience du désert et d'autres sujets au fil de ma lecture. A cause de l'actualité et des débats politisés sur l'identité nationale, je relève que Simon Doubnov prônait, à son époque, un retour au nomadisme, que rejoint Jacques Attali: "une humanité dans laquelle chaque peuple pourrait maintenir son identité sans pour autant disposer d' un Etat: une identité nomade". Une telle hauteur de vue n'est malheureusement pas le lot de beaucoup de ceux qui nous gouvernent.


Voici quelques photos de garçons que je trouve beaux ou touchants. Certains y verront, selon une formule dévoyée, la "beauté du diable", comme si la beauté était un attribut du diable exclusivement.






Je ne propose pas ces photos sans raison, car elles font écho à un autre thème que toutes les religions habitent: le désir et l'amour. Ces garçons, si bien photographiés, ne peuvent être pour moi (pour vous éventuellement) qu'objets de désir. Mais, dans la vie, le désir et l'amour ne sont, en tout cas pour moi, pas dissociables. C'est une question difficile cependant.

lundi 11 janvier 2010

11 décembre 2009


J'ai déjà dit tout le bien que je pense du Dictionnaire amoureux du Judaïsme, de Jacques Attali (Plon/Fayard, 2009).

Voici quelques morceaux choisis (un peu arrangés et commentés).

Le Sabbat. Mon père me disait: tous les hommes doivent apprendre à penser à autre chose qu'à travailler (au moins une fois par semaine). Mon père me disait que, en fait, Dieu n'avait pas fait, ce jour-là, que se reposer: il s'était retiré ... L'absence de Dieu, un jour, pour un moment. Cela accorde peut-être au croyant une supériorité par rapport à l'athée. Le croyant expérimente, pendant toute sa vie, la vie avec et sans Dieu. Il ne vit pas que l'absence de Dieu.

Chekkinah = demeure. "J'ai aimé cette idée d'une présence abstraite, d'une immanence, d'une idée universelle hors de toute culture spécifique. Une réalité abstraite, quasi mathématique, qui, dite, autrement, vaudra à Spinoza son exclusion de la communauté juive d'Amsterdam: "Dieu est en tout et partout". Ou plutôt: Dieu est COMME celui - ou celle - qui sacrifie tout pour ceux qu'il (ou elle) aime et qui les suit là où ils vont".

"Dans un monde de loyauté et d'égoïsme, cette fidélité illimitée, cette présence absolue constituent la plus belle image qu'on puisse espérer de Dieu: non pas celui qui exige, juge et condamne, mais celui qui console et qui, par sa seule présence, permet à l'homme d'échapper au vertige de sa solitude".


Je n'ai pas parlé, par contre, de la musique que j'écoute depuis plusieurs jours.

D'abord, une découverte systématique de l'oeuvre de Philipp Glass et du Kronos Quartet qui lui a été associé plusieurs fois.


 

















Retour aussi à l'oeuvre trop éphémère de Nick Drake.

dimanche 10 janvier 2010

10 décembre 2009

Mon ami, J.P. Rousseau, tient un blog, que je vous recommande (http://rousseaumusique.blog.com/2010/01/08/redecouvrir-chopin/), car il est d'une grande pertinence sur les sujets généraux, ainsi que d'une grande érudition et d'une vraie sensibilité, en ce qui concerne la musique. De retour d'un voyage en Israël, il a fait part de de ses impressions, questions et émotions; il a aussi publié, avec l'autorisation de ce dernier, un long message en anglais d'un jeune et talentueux pianiste israélien (que je voudrais évoquer ici).




Le long message de ce garçon est empreint d'émotion et d'humanité. Il invite les "extérieurs", que nous sommes dans le fond, à ne pas nous arrêter à des jugements ou prises de position mal informés ou partiels.

Comme il le dit lui-même, quelques pages ne peuvent suffire et il appelle à l'échange d'idées. Je ne puis que vous inviter à lire son texte (et à venir l'écouter au piano quand il viendra à Liège). Pour vous en donner le goût, je soulignerai simplement les trois thèmes principaux de son intervention:
- Israël, un pays en guerre? Comment s'immuniser, pour garder espoir, et vivre au quotidien dans une situation permanente de guerre potentielle?
- la place de l'immigration venant des pays de l'Est dans la création du pays et encore aujourd'hui. On ne doit pas oublier que, pour les fondateurs d'Israël, le socialisme était le modèle à suivre (les kibboutz). Le modèle socialiste a été peu à peu abandonné, l'immigration de l'Est non. De ce point de vue, Israël n'est plus un rêve, un idéal, mais l'espoir de mieux vivre ailleurs pour des gens qui évoquent de plus en plus une judéité ténue;
- le "mur" enfin. C'est sur ce sujet que notre ami est le plus prolixe, énonçant quelques vérités bien senties. J'en retiendrai une: ce mur est une réponse triste à un problème triste; il a néanmoins permis de réduire le niveau du terrorisme; mieux, il est peut-être un élément de stabilité interne .... stabilité, sans laquelle aucune discussion de paix n'est pas envisageable.

Chacun reste juge évidemment. Mais le débat a au moins le mérite de prendre d'autres couleurs.

N'oubliez quand même pas que Iddo Bar-Shaï est aussi un musicien de talent ....

9 décembre 2009 - bis

Petit texte à destination d'un professeur de français au Portugal, pour étude en classe ...




Un pays, c'est d'abord le ciel et la terre, ensuite les hommes qui habitent ce ciel et cette terre, dont ils sont nés.

Un peuple ne se définit pas par ses idées, ou sa religion, ou ses réalisations, mais par sa relation au ciel et à la terre. Au Portugal, il faut ajouter la mer.

Un ami portugais me disait: "nous n'avons jamais eu que deux possibilités de sortir de chez nous: l'Espagne ou la mer. Toi, là où tu habites, à Liège, en Belgique, tu es à 25 km de Maastricht, aux Pays-bas; à 35 km de Aachen, en Allemagne; à deux heures de train de Paris, en France; à 600 km à peine de Berlin".

Moi, le belge, je viens d'un pays où il pleut beaucoup, où le ciel est souvent gris, les maisons aussi. Quand il y a du soleil, mon pays est beau. Quand il pleut trop longtemps, mon pays est parfois triste. Alors, on boit de la bière. Il y a, en Belgique, autant de marques de bière qu'il existe, au Portugal, de recettes pour préparer la bacalau.

Moi, le belge, quand je viens au Portugal, je vois les maisons blanches, le ciel bleu, les orangers, les oliviers. C'est cela le rapport au ciel et à la terre.

Lors de mon dernier voyage, j'ai observé ceci: en Algarve, là où je me trouvais, les cheminées ne sont pas que des cheminées, elles sont aussi objet de beauté.

Il faut garder cette tradition et surtout ne pas succomber à la mondialisation des formes. Il faut continuer à imaginer: de nouvelles formes, d'autres couleurs, d'autres structures. Mais que cela reste beau.

Une cheminée relie la terre et le ciel. Cela en vaut la peine.




 

samedi 9 janvier 2010

9 janvier 2009




Le ciel gris et la neige,
La solitude aussi,
Me replongent dans ce pays qui m'a récemment accueilli et tellement donné
Le ciel y était bleu, la mer infinie,
La montagne préservée, les habitants  chaleureux.

Le ciel gris et la neige,
La solitude aussi,
rendent plus pesants ici le manque
de douceur, de tendresse, d'affection
qui m' ont été offerts là-bas sans limite.

Pourquoi était-ce là et pas ici?
Pourquoi toujours ailleurs et pas ici?

O, Portugal, je n'oublierai jamais ce qui me lie depuis à toi.

La trace laissée dans mon coeur par un de tes fils reste tellement vive.

J'en appelle à toi, ô Portugal,
pays que j'ai appris à aimer.
Accueille moi encore.
Et ne laisse pas mon aimé s'effacer.







Un peu d'eau qui coule et scintille,
puis s'arrête juste au bord des cils
et l'amour qui passe s'arrête aussi

Un peu d'eau... ce n'est rien, dit-il
rien du tout, une petite escarbille
Et le rêve qui passe s'envole aussi


Un peu d'eau, et le temps change
Le combat n'est pas fini
Qui oppose le diable à l'ange
Dresse la mort contre la vie


Accordez-lui
juste
un peu d'eau
dans son âme
un peu d'eau ..

Françoise Hardy





Ce jour-même, le  Parlement portugais a voté une loi autorisant le mariage gay, dans un contexte social où toutes les peurs, tous les tabous n'ont pas été levés.


.


vendredi 8 janvier 2010

8 janvier 2009

Aujourd'hui, je voudrais être plus léger.

Un exhibitionniste rôde, depuis quelques années déjà, autour du bâtiment de la Faculté de droit. Des numéros d'appel de secours ont été communiqués. Apparemment, on ne l'a jamais pincé; il sévit toujours. Une de mes étudiantes en a fait les frais à l'issue du dernier conseil de faculté. Bien qu'elle ne soit pas née de la dernière pluie, elle en a été traumatisée. Et s'il était un élément interne à la Faculté? Ce qui assurerait son actuelle impunité. Pour la rassurer, je lui ai expliqué que les exhibitionnistes sont rarement dangereux. Il s'agit plutôt d'êtres malheureux et solitaires.  Je compatis au malaise et à la peur que mon étudiante a dû éprouver.



Le boucher de mon GB est un farceur. Il met, par exemple, des boîtes de préservatifs dans le panier des bobonnes qui, arrivées à la caisse, font un malaise quand le pot aux roses (si j'ose dire) se trouve découvert. Aujourd'hui, je lui demande un morceau de boudin blanc. Il me répond (à ma plus grande surprise): "à la taille du boucher?". Je lui réponds: "Ah mais, moi, je n'achète pas sans voir d'abord". Il m'indique sur le boudin un morceau "rikiki". Je lui dis: "Ca, c'est avant ou après?". Il me dit: "Il fait froid pour le moment". Je n'en reviens toujours pas de cet échange.

Ce jour est un grand jour pour la Nation belge: Anne-Marie Lizin, non seulement existe toujours en vrai (ce qui est en soi une calamité); mais en outre, elle est maintenant conditionnée à la peinture à l'huile, dans la galerie des présidents du Sénat (un peu comme on conserve les sardines à l'huile). Au vu des clichés pris, je ne suis pas sûr que son mari la reconnaîtrait. Mais ce qui compte, c'est d'y être, n'est-ce pas?




Celle, qui n'est pas à l'huile, contemple avec stupéfaction sa soeur à l'huile!

Mon iconographie peut paraître fantaisiste, mais
1. je trouvais que le thème du boudin était suffisamment illustré;
2. quant à celui de l'exhibitionnisme, ne l'est-il pas tout autant?

jeudi 7 janvier 2010

7 janvier 2009

C'était en 1973, pour la fête de Noël. J'avais dix-huit ans. Ma grand-mère, comme elle le faisait chaque année, m'avait offert un très beau voyage. Celui-ci était un pélerinage. En terre Sainte. Je dois le confesser, même si j'étais alors un garçon très réservé et sans audace, les lieux rencontrés ne me permettaient pas de rester dans le groupe. J'éprouvais sans cesse le besoin d'aller voir plus loin.

Je partagerai, dans un prochain texte, des réflexions. Je tente seulement aujourd'hui de faire remonter à ma mémoire quelques souvenirs.

Je quittais, tôt le matin, le Y.M.C.A., à l'immonde cuisine, où nous logions. Au détour d'une ruelle, je sentais alors  sortant d'une cave, l'odeur du pain frais. Le boulanger me le proposait par la fenêtre. J'errais par les ruelles: les fausses via dolorosa et les vrais quartiers. Il n' y avait pas d'angoisse. Chaque quartier dans la vieille ville de Jérusalem est un monde en soi. Je ne sais pas s'il en est toujours ainsi aujourd'hui. On reconnaissait les quartiers arabes aux souks et à leur joyeux bordels. Mais, passé le tournant,  des juifs orthodoxes arpentaient les rues et leurs affaires semblaient d'une toute autre envergure. Un peu plus loin, le quartier arménien: silence et propreté. Ici les affaires ne se traitent que derrière les murs. Puis, des voix, puissantes, derrière une porte entrouverte, celle d'une église: celle du séminaire arménien orthodoxe. Une vingtaine de jeunes moines chantant une musique ancestrale. Je me suis fait tout petit. Ils n'ont pas fait attention à moi. Et moi, je ne les perdais pas des yeux.

De l'esplanade des mosquées, je ne garde aucun souvenir. Nous n'y avions pas accès. On devait regarder de loin et, à cette époque-là, il y avait des militaires partout. J'aurais beaucoup aimé pourtant unir cette expérience à toutes les autres que je faisais. Rien n'a changé apparemment.

Au Mur des Lamentations, je suis allé et là j'ai vécu un grand choc. Le groupe de pélerins, auquel j'appartenais, a été conduit pour visiter les fondations du Temple de Salomon. Moi, je voulais rester là. Face au mur. Shema Israel ... Je voulais confier mon espoir, mon attente, ma prière, sur un morceau de papier confié à ce mur qui a tant reçu, tant entendu. Qui veux-tu que je sois? J'ai refait le même geste plus tard à Orval, mais cela n'était pas la même chose.

Nous avons visité plus tard beaucoup d'autres lieux saints. Le rituel était toujours le même: une basilique immonde du 19ème siècle, des soeurs franciscaines nous servant de la choucroute ... Je m'enfuyais et découvrais un petit monastère orthodoxe (à Cana, par exemple). Les moines russes et grecs ne sont guère accueillants, mais leurs jardins oui.

Parmi tous ces souvenirs, il y en a un que je juge essentiel. Notre groupe a fait étape à Naplouse, là où vit la dernière communauté de samaritains (ils sont à peine un millier souffrant de mariages consanguins). Les rebuts du temps d'avant Jésus, parce qu'ils adoraient Dieu sur le mont Garrizim. Je reste aujourd'hui encore outré par l'intrusion dans la synogogue de notre groupe (Mgr Van Peteghem, évêque de Gand, en tête) venant contempler les derniers des Mohicans. J'aurais voulu leur demander pardon, m'unir un moment à leur prière.

J'ai vu la Mer morte, mais jamais il ne m'est venu à l'idée d'y plonger. Je voulais savoir où se situaient les grottes de Qumran.

mercredi 6 janvier 2010

6 janvier 2009

Fête de l'Epiphanie. Les rois mages.





Les gâteaux avec une fève, qui permettent de se prendre un instant seulement pour le roi. Vous imaginez comment cela peut se passer au château de Laeken.






Je n'ai trouvé aucun roi mage sur ma route, ni or, ni myrrhe, ni encens, ni fève. J'ai donné quelques sous à un mendiant roumain, que l'ouverture des frontières a conduit ici, avec l'espoir de vivre mieux, alors que nous n'avons plus grand chose à offrir à des hommes comme lui. Nous n'avons même plus de quoi assurer l'avenir de nos propres enfants.

Alors, il faut s'accrocher. Trouver, dans la musique et la littérature, des horizons qui font encore rêver, croire, espérer.

Les anniversaires se succédant aux anniversaires, on parlera beaucoup de Chopin dans les mois à venir.




Je vous en livre deux citations:

- "je ne suis point propre à donner des concerts; la foule m'intimide; je me sens asphyxié par ses haleines, muet devant ses visages étranges ...";

- "cela devrait paraître improvisé, résulter de la maîtrise de l'instrument et non faire l'objet d'un exercice".