Ce journal se veut transparent. Il n'a pour moi que le but de dire, ce que je ne peux pas toujours dire autrement. Je le répète: certains seront peut-être touchés, d'autres pas; certains compatissants, d'autres choqués. Ma réputation ne sera mal jugée que par ceux qui ne peuvent pas comprendre. La vérité est, depuis maintenant quinze ans, mon seul moteur.
Hier, j'ai été confronté à une expérience très difficile. Nous étions rassemblés. Tous nous souffrions d'addiction (drogue, alcool, médicaments ... la liste n'étant pas exhaustive), pour une information sur un plan de sevrage, cure et postcure (6 mois au minimum).
Les situations étaient très diverses. Beaucoup très graves. Après parfois un parcours judiciaire (dans le cas des toxicomanes). Dans des situations de grande précarité morale et sociale. Sans juger aucun des participants à cette réunion, je ne me suis pas senti à ma place. Et j'ai reculé. Peut-être m'auraient-ils apporté beaucoup? Peut-être aurais-je pu leur apporter quelque chose?
J'ai reculé pour trois raisons essentielles:
- la contrainte, non discutable dans le projet, d'une vie communautaire de tous les instants (même le sommeil devait être partagé: chambres à quatre lits superposés);
- la fermeture sur le monde extérieur (pendant un temps au moins) pour n'être plus que dans le projet communautaire;
- la thérapie de groupe, par interaction, tout le temps et toujours.
Je ne savais pas que cela existait. Certes, on peut se dire que tous ceux qui étaient là, à des degrés divers, avaient besoin d'un "redressement". De là, à imaginer une "maison de redressement". La méthode est peut-être efficace dans des cas particuliers. Je n'étais pas le seul à penser qu'elle pouvait aussi rendre très malheureux. Elle m'aurait rendu malheureux.
J'ai été replongé, l'espace de trois heures, dans les pires souvenirs de ma vie: les heures de sport obligatoires à l'école, la chambrée à l'armée, les douches collectives, les autres qui choisissaient toujours le programme télé le plus débile, l'interdiction des amitiés particulières (même la sympathie a été présentée comme suspecte). On vit dans un groupe d'une certaine couleur que l'on ne choisit pas; mais qui est désigné. Et tout va se jouer dans le groupe.
J'espère que vous me comprenez.
L'expérience n'est pas que négative: je sais définitivement que mon salut n'est point là.
Je ne dis pas que je n'ai pas besoin d'aide, bien au contraire. Et je continue à chercher la formule la meilleure.
Mais il suffit parfois de si peu de choses, pour voir sa vie inondée de soleil et découvrir tout autrement. Il est venu, parce qu'il l'avait promis, pour faire des réparations chez moi. Nous avons aussi beaucoup parlé. Ecouté de la musique pendant son travail. Parlé de nourriture bio, d'altermondialisme, de justice, d'humanité, de musique, de reggae, de révolte, d'idéal, du monde, lui avec ses 23 ans et moi avec mes 54. Sans véritable distance. Comme deux frères qui se reconnaissent. Il avait le temps. C'est un ami de B. J'ai conseillé à B. de le conserver comme ami. Et il a été très efficace pour les réparations. Je vous le recommande.
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Il y a 11 mois
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