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dimanche 9 juin 2013

Deux résurrections le même jour

La liturgie nous propose, jour après jour, des textes de la Bible, de l'ancien et du nouveau testament (peut-être devrait-on dire le premier et le second ... le deuxième ?). Elles sont généralement entrecoupées d'un psaume. Le dimanche, l'Eglise catholique y joint toujours un extrait des écrits de Paul de Tarse ou le concernant. S'il y a toujours une grande cohérence entre le récit de l'ancien et celui du nouveau testament, autant les passages concernant Paul semblent complètement décalés.

Ce dimanche, deux récits de résurrection sont proposés, un concernant le prophète Elie, l'autre Jésus. Nous y reviendrons.

Entre les deux, s'interpose un extrait de la lettre de Paul aux Galates (Gal, 1, 11-19). A vrai dire, c'est le texte qui me fait le plus douter de la fiabilité de Paul. Sans avoir jamais rencontré aucun des apôtres et des disciples, sauf ceux qu'il pourchassait et martyrisait, il a tout à coup une révélation sur le chemin de Damas. Jésus lui serait apparu et lui aurait confié la totalité de son message avec mission de le propager chez les païens. Quelle est alors la réaction de Paul ? Si j'avais été à sa place, j'aurais cherché à entrer en contact avec les témoins, les disciples, les plus proches de Jésus. Ce n'est pas ce que fait Paul. Se considérant "mis à part dès le sein de sa mère", il part, sans prendre l'avis de personne, sans même monter à Jérusalem pour y rencontrer les premiers et seuls dépositaires du message ; il part en Arabie, puis finit par rejoindre Damas. On ne sait pas ce qu'il a pu raconter, ni quel rôle il a cherché à jouer. On sait cependant, d'après ses écrits, qu'il ne citera jamais aucune parole de Jésus, s'appropriant en quelque sorte le personnage. Il lui faudra trois ans d'errance et de prédications, bien mystérieuses, avant qu'il se décide à rencontrer les vrais témoins. Il n'en rencontrera que deux, nous dit le texte de ce jour, Pierre et Jacques, le frère de Jésus, pendant quinze jours, ce qui est bien peu. Que se sont-ils dit ?

Je le sais, les voies de Dieu sont impénétrables, mais les rapports entre les témoins et cet électron libre ne seront pas toujours au beau fixe, loin de là. Et je ne puis m'empêcher de m'en méfier.

Pour ma part, mais je dois être trop rationnel, je préfère les témoins à ceux qui ont de soudaines révélations. De ce point de vue, Paul et le prophète Mahomet ont au moins deux points communs : la révélation directe et le souci du prosélytisme. Envahir la terre de leur croyance. Paul, convenons-en, agit par la parole et donc de manière plus pacifique que le prophète Mahomet. Les oeuvres de Paul correspondent-elles cependant à la volonté de Jésus qui cherchait avant tout à convertir les juifs autour de lui ?

Venons aux deux autres textes : deux jeunes hommes sont ramenés à la vie (Livre des Rois, 17, 17-24 ; Lc, 7, 11-17). On ne connaît pas leur nom, mais dans les deux récits, on parle de leur mère, dont on ne connaît pas le nom non plus.

Dans le récit d'Elie, il y a une rébellion de la mère : " Qu'est-ce que tu fais ici, homme de Dieu ? Tu es venu pour rappeler mes fautes et faire mourir mon fils ! "

Dans le récit de Luc, à Naïm, la mère est une veuve, d'autant plus éplorée qu'elle va se retrouver seule, il n'y a aucune révolte en elle, juste du chagrin, un immense chagrin, mais elle est entourée, dit le texte, d'une immense foule qui l'accompagnait.

Deux contextes bien différents donc.

Et une même réponse de la part des hommes de Dieu : rendre la vie, peu importent les moyens et les circonstances. Une immense compassion : "Ne pleure pas", dit Jésus, à la veuve de Naïm.

Qui d'autre que Dieu peut faire passer de la mort à la vie ? Qui d'autre que Dieu peut dire à quelqu'un enfermé dans la mort : "lève-toi" ? Quitte tes champs de mort et retrouve ceux de la vie.

Je connais des psys et des maîtres spirituels qui y arrivent. Mais ne sont-ils pas alors comme des ouvriers de Dieu, même s'ils n'en sont pas toujours conscients ?

Un mot encore : à Naïm, le miracle a suscité la crainte. Faut-il avoir peur quand un homme renaît ? Faut-il avoir peur quand un homme voit la vie circuler à nouveau en lui, alors que tout s'était endormi, sclérosé, figé ? Ou faut-il s'en réjouir ? " Regarde, ton fils est vivant ".

A chacun la liberté de dire, comme la veuve de Naïm : " Maintenant, je sais que tu es un homme de Dieu, et que, dans ta bouche, la parole du Seigneur est véridique ".

samedi 8 juin 2013

L'objection de conscience face au mariage gay

Il fallait s'y attendre : un maire de droite, en France soutenu par son conseil municipal, a refusé de célébrer un mariage gay. Il n'invoque pas l'objection de conscience, mais l'illégitimité de la loi.

Quand une loi a été votée, ceux qui sont en charge de l'appliquer ne devraient avoir d'autre choix que de l'appliquer, peu importent leurs sentiments ou opinions. Elus de la Nation, chargés à un niveau local, de l'application de la loi, ils ne sont pas là, pour faire valoir leurs opinions individuelles, mais pour appliquer la loi.

L'objection de conscience a été évoquée, même par le Président Hollande, avant qu'il ne se rétracte. Nous avons connu cela en Belgique quand le roi Baudouin a refusé de signer la loi dépénalisant l'avortement, votée à une large majorité parlementaire. Il a fallu alors trouver une solution à la belge : l'impossibilité de régner pendant un jour. La loi est ainsi passée sans l'accord du roi. Mais elle est passée et depuis appliquée.

La situation qui se présente, en France, est bien plus grave.

L'objection de conscience, si on l'admet, ne peut pas empêcher l'application de la loi. Elle est personnelle et il appartient alors à d'autres d'assumer, en cas d'empêchement, la loi. Une alternative doit être proposée. Ou alors l'élu en désaccord doit démissionner compte tenu de son incapacité à appliquer la loi.

Tel n'est pas le discours de ces maires de droite récalcitrants : ils invoquent l'illégitimité de la loi. Vous avez bien entendu : aux yeux de certains élus de droite, une loi votée à une large majorité parlementaire devrait ne pas être appliquée, parce qu'à leurs yeux, à eux, elle est illégitime. La légitimité n'a rien à voir avec la légalité. La loi ne serait pas tout, selon eux. Il y aurait des présupposés supérieurs susceptibles de rendre la loi caduque. Définis par qui ? Les religions, les idéologies, les sentiments particuliers de quelques-uns.

La vraie question est la suivante : comment, en démocratie, peut-on tolérer de tels élus et voter pour eux  ?

Une chose est claire : de nombreux citoyens préfèrent élire, à répétition, des petits barons locaux, dont le pouvoir repose sur le clientélisme, que d'élire de vrais démocrates. C'est après qu'ils découvrent qui ils ont élu. Et revoteront pour eux de toute façon après.

Tiens, en passant, on pourrait se demander si tous les élus l'ont été légitimement ?


La dame aux dossiers

Tous les belges la connaissent, elle fréquente les allées du pouvoir depuis tant d'années. Elle doit aimer cela : être une femme de pouvoir. Négocier, déposer des notes et contre-notes, ergoter, s'affirmer face aux autres dans les débats, en tant que femme en plus, et le dire dans les media.

On la décrit parfois méchamment, dans des caricatures, comme une espèce d'adepte des jeux cuir et sadomaso. Qui sait ? Peut-être son conseiller en communication en est-il responsable ?

On sait aussi qu'elle est une mère de famille respectable.

Elle est surtout connue pour être la femme qui ne peut pas arriver quelque part sans porter une pile de dossiers sous le bras. J'ai connu, à l'université, des gens semblables. La pile de dossiers n'est-elle pas le signe visible que l'on travaille ? Tandis que le prof, qui vient donner son cours avec juste une craie à la main, ne peut être qu'un fainéant. A voir.

Le dossier profile l'homme, le nombre de dossiers portés (et peut-être supportés) permet d'avoir l'impression d'être au-dessus du lot.

Il va sans dire que je ne partage pas cette option.








J'écris à propos de la dame aux dossiers suite à une de ses répliques aux journalistes, dont elle a le secret. Interrogée, comme ministre de l'intérieur, à propos du nombre de mineurs belges qui seraient partis combattre en Syrie, elle a répondu : "moins que 5". Un, deux, trois ou quatre ? Autant dire qu'elle n'en sait rien et ferait mieux de le dire.

vendredi 7 juin 2013

Les mains du pianiste et les pieds de l'organiste

Lors du concours Reine Elisabeth, année piano, je ne me contente pas d'être attentif à la musique, au charisme des candidats, aux oeuvres proposées ... je regarde beaucoup les mains des candidats.

Les mains des pianistes me fascinent depuis toujours.

Je n'ai pas des mains de pianiste, mes doigts ne sont pas assez longs ... mon répertoire se trouverait dès lors limité.

Et puis je manque de souplesse dans les doigts, c'était déjà le cas pendant mes dix laborieuses années de guitare classique.

Donc, je suis toujours fasciné par ces doigts qui courent sur le clavier, surtout quand ils sont longs et fins. Ils se chevauchent, ils se poursuivent, ils restent en attente dans une élégante suspension, ils frappent avec ardeur le clavier, ils se serrent avant l'entrée en scène, ils se donnent pendant le concert, ils s'ouvrent au moment des applaudissements.

La nature m'a doté d'une certaine souplesse dans la voix, qu'en ai-je fait ? Le résultat actuel est plutôt désastreux. La fin de l'entraînement et l'alcool (mais pas de clope) sans doute.

Mais j'observe aussi avec fascination les pieds de l'organiste. Comment fait-il pour coordonner les mains et les pieds ?

C'est un mystère qui me dépasse, moi qui suis incapable d'attraper un ballon au vol et de chanter tout en dansant.

Merci à tous ces musiciens qui me dépassent et m'offrent tant d'émotions.


jeudi 30 mai 2013

C'est gros et pourtant c'est vrai

Je ne sais pas où certains flamands démocratiquement élus, et dès lors nantis d'une légitimité, veulent conduire la Flandre. J'ai beaucoup de peine à imaginer ceux qui les soutiennent et les ont élus. Ils ne ressemblent pas aux flamands que je connais.

Un événement anodin, mais révélateur, s'est passé à Kortrijk (je n'ai pas osé écrire Courtrai, par peur de représailles). Il y a, à Kortrijk, comme dans beaucoup d'autres villes, une grand-place, qui ne s'appelle pas comme cela cependant. La grand-place de Liège s'appelle bien Saint Lambert. Peut-être s'appelle-t-elle " Guido Gezelle Plein ". Je n'ai pas eu le temps de vérifier. Un entrepreneur entreprenant, mais pas très au courant des usages flamands, peut-être était-il turc ou marocain, a choisi d'y installer une baraque à frites (un fritkot, comme on dit à Bruxelles). Pour faire chic, il présentait sa jeune entreprise sous le label " Frituur Grand Place". Il pensait naturellement à la Grand Place de Bruxelles que même les japonais appellent comme cela. Des cafés, en Wallonie, s'appellent bien, dans le même registre Elysée, Le Grand café, ou le Big Ben, pour faire chic. Cela ne gêne personne. Mais, à Kortrijk, ville flamande, cela ne va pas comme cela. Grand Place, pas question, c'est du français.

L'entrepreneur a donc été contraint par de débiles édiles à modifier l'appellation de son entreprise. Cela donne maintenant : " Frituur Grote Markt ". Génial d'autant que la place ne s'appelle pas Grote Markt ! L'allusion chic a donc disparu.

Mais pourquoi "frituur" et pas " fritenwinkel " ou " fritenkot " (pour flamandiser le brusseleir). J'ai été consulté mon  dictionnaire Van Daele. Il semble bien que, sous je ne sais quelles influences, le verbe "friteren" a évolué vers "frituren", et ses dérivés, même aux Pays-Bas. Ne parle-t-on pas, en français, d'une friture de poissons, s'agissant de petits poissons, légèrement passés à la farine, et cuits dans de l'huile bien chaude (avec juste un peu de jus de citron ou une sauce tartare ou gribiche et une petite salade, un régal). Mais, n'entend-on pas nommer, en France, " friterie " l'équivalent de nos baraques à frites ? Alors qui a raison ? Friterie, pour le lieu; friture, pour le mode de cuisson. La subtilité et la précision du français s'illustrent ici. C'est bien pourquoi le mot " frituur " est, dans le cas d'espèce aussi incongru que les mots " Grote Markt ", si on veut être un peu rigoureux. Appelons donc le résultat final "un régionalisme".

Beaucoup se sont amusés de cette affaire et du ridicule échevin qui en est à l'origine. Le personnage a encore bien du travail en perspective. Pensez au pizzeria, aux restos grecs, aux snacks pitas, aux restos chinois. " La casa della mama " devra s'appeler " Het huis van de moeder ". Le " Metaxa " s'appellera " De griekse genever " et le " De Yuan " s'appellera " Het Jan's hof ". Cela promet d'être drôle.

Cela dit ... Tiens donc, pourquoi les flamands, tellement recroquevillés sur leur identité, n'appellent-ils pas le premier ministre " de Eerste minister ", mais plutôt " de Premier " ? Et pourquoi le Parlement flamand s'appelle-t-il " Het vlaamse Parlement " ? Et pourquoi un parlementaire flamand,  s'appelle-t-il un " parlementair " plutôt qu'un " vertegenvoordiger ".

Du coup, - l'initiative vient de " Slechte vlamingen ", un groupe de flamands un peu rebelles, dont je connais un membre anversois - une invitation a été adressée à certains hommes politiques flamands afin qu'ils changent de patronyme. Ainsi, il faut contraindre Geert Bourgeois à s'appeler Geert Burger (une nouvelle variété pour chez Mac Do) ; Jan Jambon doit impérativement demander à s'appeler Jan Ham. Je vous laisse imaginer les alternatives pour les parlementaires flamands, actuels ou passés, suivants : Ingrid Coppé, Jos Dupré, Cyriel Marchand, Pierre Chevalier, Léona Detiège. Et que faire d'un parlementaire flamand qui s'appellerait Flamant (je crois que cela est déjà arrivé) ?








mardi 28 mai 2013

L'expérience de la dépendance, une voie d'accès à l'humilité


Je suis un peu à bout de nerf, avec cette succession qui n'en finit pas, les informations qui n'arrivent pas, l'inertie des uns et des autres. L'inertie de l'administration n'est pas étonnante, mais ce n'est pas mieux dans certaines banques ... notamment celle que ma mère a choisie.

Mes parents ont eu le génie de se marier sous le régime de la communauté légale et de se comporter comme s'ils étaient mariés sous le régime de la séparation de biens. Chacun ses comptes, chacun son épargne, chacun ses revenus et chacun ses héritages et chacun sa banque. Allez faire comprendre à ma mère maintenant que ce qu'elle a toujours cru lui appartenir à elle seule appartenait en fait pour moitié à mon père ! Ce n'est pas le seul paradoxe financier de mes parents qui recueillaient les intérêts de leurs placements sur leurs comptes à vue, mais leurs salaires ou pensions sur leurs comptes d'épargne. Depuis le blocage des comptes, suite au décès de mon père, les deux pensions de ma mère sont ainsi versées sur un compte bloqué, tandis que le compte à vue se vide, il y a eu peu d'intérêts échus ces derniers temps. Et ma mère s'angoisse et je dois la rassurer. Quel est le banquier sournois qui leur a conseillé ce plan ?

Ah oui, j'oubliais ... Quatre mois après le décès, les comptes ne sont toujours pas débloqués au grand dam de ma mère. Les deux banques ont reçu le certificat d'hérédité établi par le notaire, il y a plus d'un mois. Dans une banque, les choses ont été réglées très rapidement. Dans l'autre, le préposé me donne, dans un premier temps, un rendez-vous, puis me téléphone pour me dire que le siège n'a pas encore donné son autorisation pour le déblocage des comptes (après trois semaines !) et que le service chargé des successions me contactera le moment venu ! J'attends toujours. Réfléchissez bien avant de choisir votre banque.

Et ceci aussi. J'ai  fait moi-même la déclaration de succession. Il faut savoir que la déclaration de succession se présente, depuis des temps immémoriaux, sous la forme d'un rectangle vide ... où des mentions nécessaires doivent figurer. On est en plein 19ème siècle. On se demande si le but n'est pas de réserver aux notaires ou à leurs clercs un office. Modernité oblige : on trouve aujourd'hui sur le site du ministère des Finances un exemplaire de la déclaration avec un guide. Je l'ai suivi. Mais, suivre le modèle proposé par le ministère des Finances ne vous met pas à l'abri de toute surprise. Ce modèle ne dit pas qu'il faut élire domicile quelque part, il demande de renseigner une adresse pour toute correspondance. Ma déclaration a été recalée parce que nulle part ne figuraient les mots "élection de domicile". J'étais prêt à faire une crise et à tordre le coup de la fonctionnaire. Déjà que la banque de ma mère m'a mis hors de moi, voilà maintenant qu'une fonctionnaire chicane. Mes arguments étaient prêts. Avez-vous connaissance des principes de bonne administration ? Savez-vous qu'il existe un principe de confiance légitime, selon lequel une information erronée de l'administration ne peut pas porter préjudice au contribuable. Cette fonctionnaire n'avait jamais entendu parler, de toute évidence, de bonne administration et de confiance légitime. Mais elle a fait preuve de souplesse. Après avoir vérifié que j'étais bien un des déclarants, elle m'a invité à ajouter manu scripto quelques mots "les héritiers faisant élection de domicile à l'adresse ci-devant nommée ". Ouf ! L'honneur est sauf !

Mais venons-en au coeur du sujet.

Voilà quatre mois que gérant la situation, faisant toutes les démarches requises, je me trouve à la merci de tiers qui détiennent le pouvoir, quand moi je n'en ai aucun. Je n'ai d'autre choix que de subir, de m'irriter, de m'angoisser à cause des délais, de renoncer à mes propres projets à cause des autres.

Dépendre des autres.

Dépendre, c'est devoir s'en remettre à quelqu'un d'autre et ne plus être à la barre.

Dépendre, c'est constater son impuissance.

Par conséquent, dépendre, c'est apprendre qu'on n'est pas tout puissant.

D'un point de vue bénédictin, il ne peut s'agir que d'une une étape dans l'humilité.

Je vous invite à un exercice : faire la liste (elle sera longue, à votre grande surprise) de tout ce dont vous êtes dépendant. On en reparlera.






dimanche 26 mai 2013

Michel Fau et miss Knife

Une petite polémique m'a opposé à certains de mes amis à propos de Michel Fau.




Michel Fau est un comédien qui a joué autant de tragédies que de comédies, écrites par les plus grands noms. Ce n'est donc pas son talent qui est en cause. Il a fait un tabac à Paris, dans divers théâtres, en incarnant une diva emphatique.







 On l'a vu, lors de la remise des Molières, il y a un an ou deux, faire grincer des dents les parents de Carla Bruni, gratuitement, dans un show assez pathétique. On l'a vu ensuite chez Laurent Ruquier, tout aussi pathétique ... Monsieur Fau est-il drôle en diva ? Certains rient et d'autres pas.

http://www.youtube.com/watch?v=MAAlxI1i0S4
http://www.youtube.com/watch?v=roiZs-fnc-c

On aime dans certains microcosmes, parisiens ou gay, et souvent les deux, crier au génie pour de tels talents. On peut rire même de leur inaptitude à faire rire. Le bouffon incapable de faire rire est bien plus drôle, n'est-il pas, que celui qui y parvient ? Quitte à ce que le rire soit un peu forcé, conditionné ... rire de certaines choses permet, c'est sûr, d'appartenir à certaines coteries. Et c'est tellement mieux de rire entouré que de ne pas rire, le cas échéant, tout seul.

Le rire suscité par les performances de Michel Fau, en emphatique diva, appelle une analyse que je suis bien incapable de faire. Quels sont les moteurs du rire ? De quoi rient ceux qu'il fait rire ?

Le travestissement met en joie certaines personnes et, à partir de là, tout devient risible pour eux. Il s'agit autant d'homos que d'hétéros, soit dit en passant. Admettons. Je ne fais pas partie de ceux-là.

Les textes de Michel Fau diva sont-ils drôles ? Non.

Sa prestation vocale est-elle drôle ? Non. Mais certains (Josiane Balasko, par exemple) rient de ses dérapages vocaux, manifestant par la-même qu'ils restent au premier degré du personnage.

Ses costumes sont-ils drôles ? Oui.

Donc, il fait rire en n'étant pas drôle. Et c'est le choix qu'il fait. En fait, il est génial, dans la mesure où les rires qu'il suscite sont toujours des rires immérités.

Appelons cela le quatrième degré.

Un tel degré n'est naturellement pas accessible au commun des mortels. Qu'est-ce qu'ils ont l'air con tous ceux qui se situent aux premier, deuxième et troisième degrés. Tout le monde ne peut pas être Josiane Balasko pour se contenter de rire au premier degré. Quant à Laurent Ruquier, il fait, avouons-le, de gros efforts pour rire de la prestation du dit Fau. Mais je ne sais pas à quel degré exactement il se situe, Laurent  Ruquier.

J'aimerais opposer, à la diva emphatique de Michel Fau, Miss Knife, alias Olivier Py. Directeur du Théâtre de l'Odéon (pendant un temps) et aux commandes pour le Festival d'Avignon.





Je n'ai pas vu sur scène Michel Fau, mais j'ai vu sur scène Olivier Py dans un spectacle Miss Knife. Ceci pour dire que je ne m'enfuis pas à la vue d'un travesti.






Dans le spectacle d'Olivier Py, épatant et émouvant, il y avait une présence en scène, de vrais textes, une vraie voix. Sans doute était-il à un degré à ma portée ?

http://www.youtube.com/watch?v=F9Sy3X_lmss