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mardi 28 mai 2013

L'expérience de la dépendance, une voie d'accès à l'humilité


Je suis un peu à bout de nerf, avec cette succession qui n'en finit pas, les informations qui n'arrivent pas, l'inertie des uns et des autres. L'inertie de l'administration n'est pas étonnante, mais ce n'est pas mieux dans certaines banques ... notamment celle que ma mère a choisie.

Mes parents ont eu le génie de se marier sous le régime de la communauté légale et de se comporter comme s'ils étaient mariés sous le régime de la séparation de biens. Chacun ses comptes, chacun son épargne, chacun ses revenus et chacun ses héritages et chacun sa banque. Allez faire comprendre à ma mère maintenant que ce qu'elle a toujours cru lui appartenir à elle seule appartenait en fait pour moitié à mon père ! Ce n'est pas le seul paradoxe financier de mes parents qui recueillaient les intérêts de leurs placements sur leurs comptes à vue, mais leurs salaires ou pensions sur leurs comptes d'épargne. Depuis le blocage des comptes, suite au décès de mon père, les deux pensions de ma mère sont ainsi versées sur un compte bloqué, tandis que le compte à vue se vide, il y a eu peu d'intérêts échus ces derniers temps. Et ma mère s'angoisse et je dois la rassurer. Quel est le banquier sournois qui leur a conseillé ce plan ?

Ah oui, j'oubliais ... Quatre mois après le décès, les comptes ne sont toujours pas débloqués au grand dam de ma mère. Les deux banques ont reçu le certificat d'hérédité établi par le notaire, il y a plus d'un mois. Dans une banque, les choses ont été réglées très rapidement. Dans l'autre, le préposé me donne, dans un premier temps, un rendez-vous, puis me téléphone pour me dire que le siège n'a pas encore donné son autorisation pour le déblocage des comptes (après trois semaines !) et que le service chargé des successions me contactera le moment venu ! J'attends toujours. Réfléchissez bien avant de choisir votre banque.

Et ceci aussi. J'ai  fait moi-même la déclaration de succession. Il faut savoir que la déclaration de succession se présente, depuis des temps immémoriaux, sous la forme d'un rectangle vide ... où des mentions nécessaires doivent figurer. On est en plein 19ème siècle. On se demande si le but n'est pas de réserver aux notaires ou à leurs clercs un office. Modernité oblige : on trouve aujourd'hui sur le site du ministère des Finances un exemplaire de la déclaration avec un guide. Je l'ai suivi. Mais, suivre le modèle proposé par le ministère des Finances ne vous met pas à l'abri de toute surprise. Ce modèle ne dit pas qu'il faut élire domicile quelque part, il demande de renseigner une adresse pour toute correspondance. Ma déclaration a été recalée parce que nulle part ne figuraient les mots "élection de domicile". J'étais prêt à faire une crise et à tordre le coup de la fonctionnaire. Déjà que la banque de ma mère m'a mis hors de moi, voilà maintenant qu'une fonctionnaire chicane. Mes arguments étaient prêts. Avez-vous connaissance des principes de bonne administration ? Savez-vous qu'il existe un principe de confiance légitime, selon lequel une information erronée de l'administration ne peut pas porter préjudice au contribuable. Cette fonctionnaire n'avait jamais entendu parler, de toute évidence, de bonne administration et de confiance légitime. Mais elle a fait preuve de souplesse. Après avoir vérifié que j'étais bien un des déclarants, elle m'a invité à ajouter manu scripto quelques mots "les héritiers faisant élection de domicile à l'adresse ci-devant nommée ". Ouf ! L'honneur est sauf !

Mais venons-en au coeur du sujet.

Voilà quatre mois que gérant la situation, faisant toutes les démarches requises, je me trouve à la merci de tiers qui détiennent le pouvoir, quand moi je n'en ai aucun. Je n'ai d'autre choix que de subir, de m'irriter, de m'angoisser à cause des délais, de renoncer à mes propres projets à cause des autres.

Dépendre des autres.

Dépendre, c'est devoir s'en remettre à quelqu'un d'autre et ne plus être à la barre.

Dépendre, c'est constater son impuissance.

Par conséquent, dépendre, c'est apprendre qu'on n'est pas tout puissant.

D'un point de vue bénédictin, il ne peut s'agir que d'une une étape dans l'humilité.

Je vous invite à un exercice : faire la liste (elle sera longue, à votre grande surprise) de tout ce dont vous êtes dépendant. On en reparlera.






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