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jeudi 13 décembre 2012

Le mariage pour tous, l'amour et l'humour

La commission des lois du Parlement français a souhaité entendre, à propos du "projet de mariage pour tous", des experts de pays (dont un belge) où le mariage homosexuel et l'adoption par des homosexuels sont aujourd'hui permis. Ils étaient à peine une dizaine pour les entendre.

La droite reproche à la gauche d'entreprendre une réforme sans débat, mais quand il s'agit de débattre et surtout de s'informer personne n'est là. Le débat sera ainsi fait de préjugés racoleurs.

Les religieux (ah ...  monseigneur XXIII et monseigneur Barbarin !) appellent aussi au débat, après avoir proféré les pires inepties : le mariage gay serait la porte ouverte à l'inceste, la zoophilie, sans compter que l'humanité risque de disparaître s'il n'y a plus que des couples gay. La bêtise des arguments est telle qu'elle occulte la principale question : dans un Etat laïc, et pour une simple réforme du Code civil, que viennent faire ces voix religieuses ? Elles s'estiment, on le sait, les gardiennes de valeurs mais ces valeurs semblent bien déconnectées de la réalité. Elles exigent pourtant un débat "préalable".

Quand un couple gay demande le mariage, soit la reconnaissance d'un projet de couple avec les mêmes droits que tous, projet qu'on imagine mal sans amour, sinon ils ne feraient pas la demande, il est confronté à deux obstacles :
- le Code civil ne le lui permet pas ;
- les religions non plus. Dans le cas des Eglises chrétiennes, c'est particulièrement scandaleux. Comment peut-on prêcher une religion de l'amour et fermer les yeux sur certains amours ?

Dans un débat où les extrêmes aiment faire entendre leur voix de manière plus ou moins violente, les humoristes et les gens de culture peuvent donner un autre regard.

Ainsi François Reynaert, dont j'adore la chronique dans le Nouvel Observateur, a trouvé un ton juste mettant, comme souvent, avec humour, les gens devant leurs contradictions.

http://tempsreel.nouvelobs.com/mariage-gay-lesbienne/20121130.OBS1055/cathos-de-mariage.html

Morceaux choisis :

Mgr André XXIII a déclaré, à Lourdes : "le mariage gay est une supercherie". Il fallait oser, dit-il, dans un lieu à ce point construit sur une énorme supercherie !

Pourquoi exiger un débat préalable, alors que, dans une démocratie, c'est au Parlement que se situe le lieu du débat ?

Comment conciliez-vous vos opinions si tranchées avec les Ecritures sur lesquelles vous vous fondez ?

" Le fait est que l'interminable pow-wow rêvé par le cardinal et ses amis pourrait avoir un avantage : leur permettre d'éclaircir quelques points de doctrine qui nous échappent. Officiellement la morale familiale religieuse est limpide. Elle se résume à ce slogan très ressassé : "Une famille, c'est un enfant avec un papa et une maman. Les textes sont moins clairs. Comme nombre d'exégètes l'ont remarqué, pour un chrétien, la vraie famille, c'est d'abord celle de Jésus, c'est-à-dire un enfant avec deux papas. Le musulman parle au nom du Coran, qui autorise la polygamie. Pour lui, une famille, c'est donc éventuellement un papa et quatre mamans. Que dire de l'Ancien Testament, cher au grand rabbin ? Nul n'ignore le passage fameux de la destruction de Sodome (Genèse, 19), qui servit entre autres à pourrir la vie aux populations aujourd'hui concernées par l'extension du mariage. On oublie de dire comment Dieu s'arrangea pour repeupler la Terre après son coup de sang. Il permit aux filles de Loth, seul survivant, de coucher avec leur père. Dans la Bible, une famille, c'est donc aussi un enfant, un papa et une maman, mais il arrive à celle-ci d'être également sa soeur".

Reste une question capitale. Elle porte sur la réaction assez primaire de celui qui s'estime lésé dans ses droits parce qu'on les étend à d'autres. Une certaine France catholique n'a pas encore digéré la révolution, semble-t-il.
A lire aussi : ce texte d'Olivier Py, homme de culture et chrétien malgré tout :

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