Je suis par nature un solitaire qui pense trouver sa nourriture sans passer par les autres. Qui était-il donc cet individu qui, étudiant à l'abbaye de Val-Dieu, avec d'autres étudiants, préférait une promenade solitaire dans le parc, à une partie de ping-pong ou de baby-foot ?
Ma marginalité solitaire a naturellement nourri en moi de la culpabilité. N'était-il pas évident que je devais être "avec les autres", alors que je ne le pouvais pas ?
J'ai découvert finalement, mais cela n'a pas été simple pour moi, que l'autre - celui qui joue au ping-pong - avait peut-être quelque chose à me dire. Bien souvent encore, je finis par m'échapper dès le début de certaines conversations, peut-être intéressantes.
Je dois le reconnaître, je fais plus de rencontres, quand je suis au monastère, que lorsque je rejoins mon appartement et mon fils. Car, au monastère, par je ne sais quel miracle, on est invité à se raconter, à se dire en vérité. Ainsi, de confidences en confidences, des liens se créent.
Il arrive que ces liens débordent le cadre du monastère. Merci Bernard que j'ai rencontré là-bas récemment. Ton parcours est au moins aussi hors norme que le mien, mais tu m'en parles avec tellement de franchise. Nous avons décidé de porter ensemble nos cheminements en en parlant, conscients que nous les mettons tous les deux dans une perspective commune que nous appelons la foi. Un bien commun bien difficile à définir, cela dit.
Merci aussi à Bruno, un fidèle du lieu, entre deux voyages pour Caritas International, lui, avec qui je me trouve bien des connivences (notamment musicales).
Merci encore à Nikita (Alexandre), sa voix profonde, son calme, son ouverture. Un autre fidèle.
Tous feraient de bons moines. Ils en ont l'étoffe. Mais la vie crée bien des surprises. A Bernard, je disais encore ce matin qu'il doit aller au bout de ses surprises ...
Et puis, j'ai retrouvé, hier soir, pour un souper improvisé, mon ami Michel. Entre lui et moi, il y a eu une rencontre un jour de nos 20 ans, puis une autre inopinée 20 ans après. Depuis, nous sommes des amis, pas toujours d'accord, mais très attentifs l'un à l'autre. Il a un réel talent pour le discernement, notamment avec Sam. Il est, pour lui, comme un tonton patient et protecteur, quand moi je me sens un peu à bout. Cette relation entre Sam et mon ami Michel, qui a mon âge, est surprenante.
Michel, lui aussi, à 20 ans, voulait vivre une vie de moine, à l'abbaye de Rochefort. Il y est resté un certain temps. Etait-il alors le personnage fantaisiste et un brin provocateur qu'il est aujourd'hui (mais pas que) ? Je ne suis pas dupe quand il me titille sur la foi, la religion, l'Ecriture pour me déstabiliser, il sait très bien qu'il ne fait alors que me renvoyer à lui-même. J'aime beaucoup mon ami Michel ... et son mari tout autant.
Et puis, Aziz m'a appelé, hier, au téléphone de là-bas au Maroc. Il me trouvait moins présent sur le net, ces derniers temps (il ne l'est pas davantage) et espérait des nouvelles. Quel bonheur de l'entendre ! Aziz est mon frère de coeur et il est clair qu'une profonde affection nous lie au-delà des mers.
Il y en d'autres bien entendu qui ont croisé mon chemin et laissé une trace de leur passage. Qu'ils me pardonnent si je ne les mentionne pas ici.
Je finis par me dire que je ne suis pas si solitaire que cela ...
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