Les résultats des élections de ce 13 juin 2010 sont maintenus connus et feront date: la N.V.A. de Bart de Wever, au nord du pays, provoque un tsunami; le Parti socialiste est le vainqueur, incontesté, au sud du pays. Comment ceux-là vont-ils faire pour s'entendre?
Je n'ai aucune compétence pour analyser les résultats d'une élection, sauf celle d'un citoyen qui tente de réfléchir un peu au-delà des mots et des chiffres.
Voici donc, en vrac, quelques réflexions:
1. - Les libéraux, tant au nord qu'au sud, sont désavoués. Le président du M.R., Didier Reynders, l'a reconnu avec une humilité qu'on ne lui connaissait pas. Tentons de voir clair. Quel est le poids de la pensée libérale en Belgique? Enlevons au M.R. ses élus F.D.F., dont le fonds de commerce principal reste la défense des francophones de Bruxelles et de la périphérie, que reste-t-il? Le libéralisme social, incarné particulièrement en son temps, par Louis Michel ne parvient pas à convaincre, car sans doute peu vraisemblable et vérifiable dans les faits. Les mouvements qui se veulent "réformateurs" ont de la peine à être crédibles: songeons à Nicolas Sarkozy et à ses projets de réformes tous azimuts ... dont bien peu aboutissent, mais dont beaucoup créent la polémique. On n'a guère entendu Bart de Wever sur le volet socio-économique de son programme, mais il apparaît que les plus grandes convergences existeraient, sur ce point, avec les idées du M.R., et peut-être même seulement avec celles du M.R. Ah, s'il n'y avait pas Olivier Maingain au M.R.!
2. - Je n'ai pas la fibre socialiste, question de tradition familiale sans doute. Je dois reconnaître qu'il y a des gens très bien au P.S. et que le discours social du P.S. est bien plus crédible que celui du M.R. Elio di Rupo est appelé à jouer un rôle important dans les semaines qui viennent. Il a les qualités pour le faire. Je lui souhaite bonne chance.
3. - Ecolo était le seul parti dont les candidats s'étaient engagés à exercer le mandat pour lequel ils seraient élus. Ceci mérite le respect. Les autres partis ne peuvent pas en dire autant. Et ceci en dit long sur le respect du citoyen.
4. - J'ai beaucoup de sympathie pour la mouvance écologique, depuis bien longtemps. Je trouve cependant que c'est dans l'opposition que les écologistes se révèlent les plus efficaces (cfr., par exemple, les travaux de la commission parlementaire sur la fraude fiscale). Il faut, en démocratie, une force prête à jouer un rôle d'opposition constructive. Une voix qui n'hésite pas à jouer le rôle du "poil à gratter", qui pense un peu plus loin que les autres pour leur rappeler leur étroitesse de vue. Comme l'exercice du pouvoir corrompt toujours, nécessairement, il est bon que certains candides soient là pour penser la politique autrement, pas nécessairement pour exercer le pouvoir.
5. - Le C.D.H. reste, pour moi, un parti sans saveur. Et sa présidente joue un rôle de repoussoir pour bon nombre d'électeurs par le passé acquis à l'ancien parti social-chrétien. Quant au slogan de campagne du C.D.H. "L'union fait la force", il a bien fait rire au nord, comme au sud ... Il aura été jugé passéiste au sud et ridicule au nord de la part de "Mevrouw nee".
6. - Que penser des "machines à voix"? Il y a celles qui les méritent par leur action, par leur charisme, par leurs idées. Il y a celles, politiques, que l'on inscrit sur la liste juste pour obtenir des voix, mais qui ne siégeront jamais (procédé détestable, car méprisant pour l'électeur). Il y a celles que l'on impose sur une liste, en dernière minute, comme représentant de la société civile, peu importe leur compétence. Ainsi de Jean-Denis Lejeune, sur la liste C.D.H., à Liège. Je me réjouis qu'il n'ait pas été élu. Et puis, il y a Michel Daerden, dont la présence sur la liste P.S. ternit à elle seule le succès du parti.
Le degré zéro. Une campagne avec un seul slogan 'Tout le monde aime papa". Une bête de foire, sur le marché de la Batte, juché hilare sur un tabouret dans l'étal d'un marchand d'épices et signant des autographes. Le P.S. se grandirait en n'admettant plus ce personnage sur ses listes.
7. - Et, pour finir, une constatation réjouissante. Habitant un quartier pluri-culturel, je me rends compte que les "nouveaux belges"s'investissent souvent bien plus que certains belges de souche dans leur devoir d'électeur. A la lassitude des uns répond la fierté des autres.
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