Ce qui se passe actuellement au Japon laisse sans voix, nourrit une immense inquiétude peu à peu partout dans le monde et soulève beaucoup de questions.
Il y a d'abord un constat, me semble-t-il: nous vivons, sur le plan mondial, une période de turbulences. Et la nature, et les hommes, semblent manifester de plus en plus le rejet d'un certain monde, un monde que, il faut bien le dire, l'homme a façonné lui-même peu à peu. Car ce qui est en cause, c'est bien l'oeuvre des hommes: les manières d'exercer le pouvoir, le rapport à la nature, les idéologies économiques ou religieuses, les relations aux autres, à l'autre (l'étranger, par exemple) ou au "Tout Autre". Tout cela est en question aujourd'hui. Je dis bien tout. Tout ce qui existe semble fragilisé à un point tel qu'on n'hésite plus à parler de catastrophe ... et même, selon certains, d'apocalypse. Le terme n'a rien à voir avec la fin du monde. Il signifie plutôt "mise à nu" ou "révélation". Ainsi compris, il est particulièrement adapté à la situation actuelle.
Dans tout ce qu'il se passe aujourd'hui ou s'est passé récemment de la Tunisie à l'Egypte, en passant par la Lybie, et d'autres pays musulmans, à Haïti, en Indonésie, au Japon, en Irlande, en Islande, en Côte d'Ivoire, en Belgique et demain ailleurs encore ... ne peut-on pas voir les signaux d'une mise à nu? Je le pense pour ma part.
Jamais peut-être l'homme n'a-t-il été aussi fragile que maintenant. La mise à nu évoque la mue, mais aussi la fragilité. Adam n'a jamais été aussi fragile qu'après avoir transgressé l'interdit en mangeant la pomme du tentateur suggérée par Eve.
Je ne perds pas de vue les réalités concrètes, j'essaye de donner du sens aux événements.
Ainsi, je ne trouve pas les mots pour évoquer l'attitude du peuple japonais. Des hommes risquent leur vie, et ils le savent, sur les sites nucléaires pour éviter à d'autres l'improbable. Le gouvernement fait face, comme il peut, à une situation sans précédent. Comment gérer l'inconnu, l'imprévisible? Ici, point de pillages, d'hystérie, au contraire, une incroyable maîtrise de soi, qui n'exclut pas le chagrin ou la peur, une discipline. "Supporter l'insupportable", c'est ce que l'empereur Hiro Hito avait demandé à son peuple dans la période de reconstruction du pays après la tragédie d'Hiroshima et de Nagasaki. Dans la religion shintoïste, la religion du Japon, l'homme et la nature entretiennent un rapport où le premier se soumet à la seconde. C'est aussi mon credo.
On aimerait que la même maîtrise de soi anime le colonel Khadafi. La mise à nu chez lui ne semble pas pour demain. Il a bien trop peur de la fragilité. Il préfère crâner, se parer d'oripeaux, provoquer ou menacer d'autres que lui. Les hommes qui se disent forts, pour masquer leur fragilité, sont les plus dangereux; ils trouvent toujours des sujets pour les conforter dans leur délire. Il va de soi que d'autres que Khadafi relèvent de ce modèle. Je ne donnerai pas de noms! Observez autour de vous!
Un grand défi attend l'humanité. Il faudra peut-être attendre encore un peu: la mise à nu peut prendre un certain temps. Mais l'enjeu est évident: il s'agit d'inventer une nouvelle civilisation. Sans cela, il n'y aura plus d'humanité.
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