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vendredi 27 juillet 2012

Se surpasser

Tous les athlètes qui vont concourir aux Jeux Olympiques 2012, à Londres, sont mus par deux moteurs :
- se surpasser, faire mieux encore que la fois précédente, gagner deux centièmes de seconde, améliorer leur score personnel : il faut reconnaître qu'ils travaillent dur pour cela, jusqu'à l'obsession, sinon l'absurde, pour certains, des coaches sans pitié n'autorisant chez eux aucune faille ;
- être le meilleur ou un des trois meilleurs, revenir avec une médaille, d'or, de bronze ou d'argent (qu'ils exposeront dans leur salon), l'Etat, sous la bannière duquel ils concourent, ne manquant pas de se glorifier de ses ressortissants (?) et les citoyens de cet Etat de vibrer dans une fière communion nationale. Il faut parfois attendre cet événement pour voir des Etats, frileux sur les populations étrangères, considérer tout à coup qu'elles font partie du ferment national.

Cela est évidemment à l'extrême opposé de ce qui me paraît important dans la vie, sans parler des sommes astronomiques que nécessite l'organisation de ces jeux, indécentes face aux besoins criants qui se manifestent un peu partout dans l'humanité.

Comment ne pas voir, dans cette recherche de la performance, la tentation de se prendre pour un demi-dieu, la croyance que, par ses propres forces, on peut toujours repousser plus loin ses limites, plutôt que de les accepter ? Grandit-on en suivant cette voie ? Pourtant, les sportifs de haut niveau doivent connaître plus souvent qu'à leur tour l'échec et les remontrances de leur coach pour arriver à se surpasser. Jamais, à mon avis, on ne doit leur dire ceci : "c'est lorsque je suis faible, que je suis fort" (2 Cor, 12, 10) ou, "ma grâce te suffit, ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse" (2 Cor, 12, 9).  La faiblesse ne fait pas vraiment partie des valeurs olympiques. Il s'agit plutôt d'être sans faiblesse, pour être le meilleur.

Etre le meilleur, plus fort que les autres ! Quelle belle satisfaction ! Je n'ai aucune affinité avec la culture du mérite, la glorification du meilleur. J'ai toujours eu en horreur la séance où, à l'Université, on proclame les résultats en commençant par les meilleurs, les moins bons étant dans l'angoisse de savoir si leur nom sera seulement cité. J'ai toujours pensé qu'il fallait commencer par les moins bons et finir par les meilleurs, ne fût-ce que pour laisser ceux-ci un temps dans l'angoisse de savoir s'ils auront une GD ou une PGD, c'est tellement moins important que de savoir si on a réussi. Le mieux serait d'énoncer simplement par ordre alphabétique les reçus, sans mention du grade, avec publication de la liste des reçus/non-reçus avant la date de la proclamation. Mais ils aiment tous tellement cela ; il faut voir les "pères et mères de" se rengorger des performances de leur rejeton ! Si en plus, ils reçoivent une médaille du doyen, alors la fierté les envahit ! Les portes d'un avenir radieux attend leur progéniture, les portes des cabinets d'avocat aussi. Moi, dans ces circonstances-là, j'ai toujours été près de ceux qui avaient échoué ou de ceux qui avaient réussi, sans être "le fils de". J'ai la compétition en horreur. Je lui préfère de loin la solidarité. Mais, comme d'habitude, les héros seuls sont adulés.

Viennent ensuite les sentiments nationaux ... Les Etats-Unis, la Chine et la Russie vont encore pavaner avec leurs lots de médailles qui leur donnent vraiment le sentiment d'être de "grandes nations", alors qu'il n'en est rien, sauf en taille, si on regarde d'un peu près ce qui s'y passe. Peut-on dire aujourd'hui, en l'état, et honnêtement, que ces trois Etats sont des modèles de civilisation ?

Je ne suis pas sportif et ne suis pas intéressé du tout à contempler des sportifs s'affronter. C'est ainsi. Ce n'est pas pour cela que je ne reconnais aucune valeur au sport, à l'exercice physique, bien au contraire. Je regrette même de ne pas m'y adonner davantage. Mais alors en toute convivialité, sans compétition, sans enjeu financier, sans sponsor, sans barnum, sans media. Gratuitement, juste parce notre corps mérite autant d'attention que notre esprit.

Ah oui, à propos, sait-on déjà où auront lieu les prochains jeux olympiques ?






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