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samedi 9 avril 2011

Appelons-le A.

A. ne partira pas pour les vacances de Pâques. Il ne sait d'ailleurs pas de quoi son avenir sera fait d'ici Pâques.

Voici son histoire, telle qu'il me l'a racontée à Wavreumont, pendant mon séjour, puis encore quelques jours après à Liège, où je l'ai croisé par hasard. A. a besoin qu'on l'écoute raconter son histoire.

A. a été marié. De ce mariage, deux beaux enfants sont nés. Puis, il y a eu un divorce, comme il en est tant aujourd'hui. A. avait une profession: il avait créé une société, une école de pilotage liée au circuit de Francorchamps, dont on dit qu'il est le plus beau du monde.

A. a rencontré une femme et ils se sont plu. Une nouvelle vie s'ébauchait. Certes, les deux partenaires avaient déjà vécu et chacun avait des enfants. Cela ne doit pas être un obstacle. Cette nouvelle union semblait bien partie. On y parlait de mariage et, comme pour sceller la promesse, option avait été faite sur une nouvelle maison destinée à remplacer le logis commun.

A. est parti huit jours à l'étranger pour affaires. Quand il est revenu, les serrures du logis commun avaient été changées. L'immeuble avait été vidé de tout son contenu, ses comptes en banque, professionnel et privé, aussi.

A. se retrouvait à la rue. De sa famille, il n'espérait plus rien. Sa nouvelle relation l'avait conduit à une rupture avec ses frères et ses propres enfants.

Telle est l'histoire de A., vraie ou fantasmée, je ne puis dire. Peu importe, dans le fond, A. est un être en détresse, quelqu'un qui est au fond du trou. Les moines de Wavreumont lui ont donné un toit et de quoi manger pendant quelques jours, une écoute aussi. J'étais là à ce moment-là.

Il multipliait les démarches pour un logement, même modeste. Il se heurtait toujours à l'obligation de devoir verser trois mois de loyers en caution.

Quand je l'ai croisé à Liège, une semaine après, il m'a dit être dans un foyer d'accueil avec des SDF et de nombreux toxicomanes. Il se sentait vraiment très mal. Il ne voulait pas de cela. Il avait l'impression de tomber encore plus bas jusqu'à perdre sa dignité. Il voulait repartir vers Stavelot et Malmédy.

Que dire? Que faire?

Ecouter. Donner un numéro de téléphone au cas où. Et après?

Le jour même où j'ai croisé A., place de la Cathédrale, sans savoir où il allait passer la nuit, beaucoup autour de moi se préparaient à partir pour les vacances de Pâques. Ils avaient réservé leurs hôtels, leurs locations de vacances, leur avion, leur train ... Aucune inquiétude pour eux: là où ils iront, ils auront le gîte, le couvert et le surplus. En plus, ils goûteront le bonheur.

Mon fils S. est ainsi parti, ce matin, en Haute-Provence, avant de passer quelques jours en Haute-Savoie, avec sa mère et la nouvelle famille de celle-ci. Ce qu'il adviendra à A. ne les concerne évidemment pas.

Surtout qu'on ne me dise pas qu'ainsi je juge. Simplement, je me sens, moi, interpelé, divisé, impuissant; et finalement conscient.

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