Le temps étant clément, les places sont chères à la terrasse du café Randaxhe. Monsieur André, et son inséparable chapeau, a demandé à partager ma table, alors qu'il arrivait avec un cornet de frites pleines de mayonnaise. Bon prince, je l'ai accueilli à ma table, malgré les frites et la mayonnaise.
Je le croise depuis longtemps. On se salue depuis longtemps aussi. J'ai fermé mes bouquins et nous avons devisé entre deux frites dégoulinantes de mayonnaise. A son accent, j'ai tout de suite vu qu'il était de Bruxelles. Cela l'a surpris que je le remarque: il habite la région liégeoise depuis plus de trente cinq ans!
J'ai ainsi tout appris de son premier métier (publiciste et dessinateur), de la précarité de son travail, de sa reconversion comme étalagiste, de son travail chez les "bons faiseurs" (les magasins Butch qui étaient le must de la mode anglaise à Bruxelles et à Liège). Comme souvent, une femme, un mariage, un divorce ont brisé bien des choses. Il m'a dit s'être retrouvé, après tout cela, avec presque rien. Le reste a été plus confus, mais il s'en est sorti.
Il est parti après avoir payé sa bière et, moi je suis resté.
D'abord, avec mes pensées: il s'en est sorti (il a dû s'en sortir!); et moi, et mes fils, nous ne nous sortons de rien!
Ensuite, un peu trop seul, je l'avoue, mon regard est allé de mon bouquin à ce que je pouvais voir, quand je levais le nez de mon bouquin. Au loin, il y avait R., qui m'a fait signe. Un trentenaire comme j'aime, mais accompagné bien sûr; ce soir, d'une jolie jeune femme, trentenaire elle aussi sans doute. Chaque fois que je repérais des yeux un "candidat" potentiel, il était bien entendu accompagné. Faudra-t-il donc que je me prostitue, si je veux être joliment accompagné? C'est alors que j'ai reçu le coup fatal. Un autre homo esseulé du quartier, un peu plus âgé que moi, au physique très particulier, était accompagné d'un "mignon".
Conclusion: ou je pars au monastère et je m'extrais de tout cela ou je reste et il me faut un "mignon" au plus vite!
Question: comment ils font?
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Il y a 11 mois
Un micheton ? Cher blogueur, vous confondez, sans doute par approximation de sonorités. Un micheton, ou miché, c'est le client (payeur, donc) d'une fille de joie, ou un homme qui entretient une femme, ou encore, par une extension de sens plaisante, un sot, un dupe. Un mignon, ou plus précisément encore un giton, voilà ce que vous souhaitez.
RépondreSupprimer@anonyme: merci pour ces judicieuses précisions de vocabulaire ... ma faute doit être pardonnée, car je parlais bien de me prostituer moi afin d'être accompagné! N'est-ce pas révélateur? Puis-je encore parler de souhait (voire de désir), si d'emblée je situe la chose volontairement, quoiqu'inconsciemment dans un premier temps, dans le domaine de l'impossible, de l'irréalisable? Comment appelle-t-on encore, en psychologie, ce comportement?
RépondreSupprimerEtant linguiste et non psy, je ne saurais vous être utile... à part l'évidente référence à Eros/Thanatos, mais pour la psychologie clinique, plus personne.
RépondreSupprimerMais je comprends mal : vous parlez d'un autre homo esseulé, plus âgé que vous, qui sort son petit "micheton". Qui est le prostitué, dans l'histoire ? Il y aurait maintenant de jeunes homos qui paient un homo plus âgé ???
Plutôt que de vous prostituer, donc de tenter de monnayer les faveurs que vous offrez, pourquoi ne pas être pragmatique, et comme dans toute la littérature, payer, vous, pour en recevoir - ce qui ferait de vous, très classiquement, un micheton et de votre prostitué un giton (au passage, le nom provient d'un passage du Satyricon de Pétrone)?
Un mignon peut-être, on peut l'être d'ailleurs jusqu'à un certain âge. Un giton sûrement pas (si je me réfère à la version du Satyricon de Fellini, le giton y est à peine pubère).
RépondreSupprimerQuant à la tarification des services ... Socrate payait-il les jeunes gens qui l'entouraient? Certes, je ne suis pas Socrate, j'en conviens.