- la défense d'un territoire bien à eux;
- la défense d'une langue bien à eux sur leur territoire bien à eux;
- et, ce n'est pas le moindre, la conviction que la richesse flamande doit aller aux flamands.
Sur le troisième sujet: comment nomme-t-on ceux qui, quand ils ont de l'argent, entendent le garder pour eux-mêmes, et font en sorte d'en avoir plus encore? On ne peut pas, à leur propos, parler d'avarice, puisqu'ils veulent bien donner de leur argent, mais pas à n'importe qui. Comme du temps où l'on avait "ses pauvres". On pourrait dire éventuellement, en se livrant à une généralisation hâtive, que les flamands sont tous devenus des capitalistes néo-libéraux, ce qui fait chic dans quelques cénacles et considéré, par certains, comme une justification sans faille. En d'autres temps, plus inspirés par la sagesse, on aurait dit d'eux qu'ils sont des égoïstes captivés par l'argent et captifs de celui-ci, et qu'ils se trompent. Il y aura toujours, dans l'histoire du monde, ceux qui pensent d'abord à eux et ceux qui pensent aussi, ou surtout, aux autres. Pour ma part, je trouve admirable celui qui a peu, ou moins, et partage néanmoins avec celui qui a encore moins.
Sur le deuxième sujet, celui de la langue, je n'arrive pas à être convaincu. J'ai appris pendant 9 ans le néerlandais cultivé (Algemeen Beschaafd Nederlands). Je le parle, paraît-il, avec l'accent du Limbourg hollandais, bien qu'ayant fait mon apprentissage à La Haye (Den Haage, diminutif de 's Gravenhage). Bref, le néerlandais que j'ai appris n'est pas celui que j'entends, quand j'entends des flamands parler entre eux ou quand j'adresse la parole à des flamands (même dans les classes les plus élevées). Les flamands de Belgique parlent un sabir, qui leur est propre, il est mâtiné de flamand, de français et d'anglicismes. Le francophone qui parle à un flamand est d'une certaine manière confronté à quelqu'un qui parle une espèce de créole néerlandophone variable selon les régions. Le mythe de la Tour de Babel fonde la diversité entre les hommes: trop d'orgueil a créé la diversité. On ne se comprend plus. Mais on peut voir la diversité comme une richesse ou comme un facteur de division et de repli sur soi. Les deux options n'ont pas la même valeur.
Reste le territoire.
La Flandre n'est pas prête à céder un pouce de son territoire. Même un échange de territoire heurte sa raison. Il est par conséquent exclu de lui parler d'un élargissement du territoire de la Région bruxelloise, région que la Flandre ne reconnaît d'ailleurs pas comme telle. Pour la Flandre, Bruxelles est une ville-région, c'est-à-dire une ville avec quelques compétences en plus, mais qui est commune à la Flandre (elle en est même la Capitale !?) et à la Wallonnie et qui doit être co-gérée. Rien à voir, pour les flamands, avec la nation Flandre (et accessoirement la Région wallonne).
Aucun centimètre carré du territoire flamand ne peut être perdu.
J'ai donc trouvé piquante l'information suivante.
Ne voilà-t-il pas en effet que la Flandre se met à craindre un élargissement de son territoire! La mer du Nord a ceci de particulier qu'elle crée en nos contrées des bancs de sable. Il y a quelques siècles, la ville de Bruges (Brugge) était tout près de la mer. Le littoral recule donc. Les flamands devraient se réjouir! La nature permet d'accroître le territoire de la Flandre, peu à peu sur la mer. A Monaco, ils ont dû lutter pour cela. Aux Pays-Bas aussi. Et bien ce n'est pas le cas. Le sieur Lippens, bourgmestre de la commune de Knokke-Heist (et accessoirement le Zoute) est inquiet. Si le littoral recule (on parle de deux kilomètres !), les touristes risquent de ne plus venir: seront-ils prêts à marcher deux kilomètres pour tremper leurs pieds dans l'eau?
Il y a deux ans, je me trouvais, avec un ami portugais, dans la région de Faro, au sud du Portugal. La nature là-bas met la mer à distance des zones habitées et conçues pour l'accueil des touristes. Pour rejoindre l'océan, il faut soit marcher, soit prendre le bateau, soit prendre un petit train. Grâce à cela, j'ai eu un contact privilégié avec la mer et l'horizon : nous étions en décembre, et j'étais seul, ou avec mon compagnon, face à la nature infinie, loin des endroits pour touristes.
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