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mercredi 18 janvier 2012

Art in Brazil

Ce dimanche, avec Benjamin, mais pas Samuel qui n'en voulait pas, nous avons visité une exposition sur l'art brésilien ("Art in Brazil" aux "Bozar", près de la "Cinematek", oui, oui,  à Bruxelles , là où l'on parle le "volapuk").

Le parcours était pointu : l'âme brésilienne dans l'art et existe-t-il un art proprement brésilien ?

Sans l'aide de notre guide, compétente, charmante, naturellement aristocratique, la visite aurait pu nous paraître sans grand intérêt ; les oeuvres présentées, à part quelques unes, ne m'ont pas paru des chefs d'oeuvre ... (j'ai surtout aimé certains bijoux, une étonnante collection de petites têtes en bois que l'on accroche encore aujourd'hui comme ex-voto derrière le maître autel des églises).

L'intérêt de ce parcours artistique résidait, pour Ben, et pour moi, dans la découverte de l'histoire du Brésil.

Quand les portugais, champion des mers, ont abordé, un jour, au Brésil, il croyait que c'était une petite île, ils y ont laissé deux des leurs pour coloniser le territoire !

Quand ils ont vu que c'était un continent habité en outre par des indiens, ils ont décidé d'une vaste politique d'immigration, des portugais bien sûr, mais le Portugal, fort sur les mers, n'a jamais été très peuplé. Les portugais possédaient cependant de nombreux comptoirs commerciaux sur la côte occidentale de l'Afrique. Une importante immigration africaine a donc vu le jour, liée à l'esclavage. Le plus étonnant est ceci : les portugais avaient pour mission de peupler le pays en engrossant les esclaves indiennes ou africaines et ainsi d'encourager la natalité. Le métissage du Brésil a commencé comme cela. Par la suite, l'immigration a été surtout italienne (Sao Paulo est une ville italienne par l'architecture et par la langue), espagnole (dans le sud), suisse, libanaise, allemande (dans le sud aussi) et plus récemment japonaise. Un Etat sans nation. La définition d'une identité brésilienne est finalement récente. Le portugais comme langue officielle date de moins de cent ans. Cela se ressent dans l'art. L'exposition ne donnait malheureusement aucune place à la musique. Or, la samba et la bossa nova ont largement contribué à unifier l'âme brésilienne.

http://www.youtube.com/watch?v=UJkxFhFRFDA
http://www.youtube.com/watch?v=W6H_4YAF4zI
http://www.youtube.com/watch?v=X5OzURiXQVc

Les esclaves n'avaient pas le droit de porter de chaussures, porter des chaussures était le signe qu'on était un esclave affranchi. Les esclaves parfois portaient un masque de fer : leur sort était tellement misérable qu'ils cherchaient à se suicider en mangeant de la terre ; pour les en empêcher, leurs maîtres leur faisaient porter des masques de fer, qu'ils n'ôtaient que pour se nourrir.

Les esclaves africaines portaient souvent autour de la taille des amulettes qui faisaient du bruit lors de leur déplacement. Leurs maîtresses envieuses se sont fait fabriquer des bijoux en argent destinés à jouer le même rôle.

Les riches créoles (les portugais nés au brésil) aimaient afficher leur réussite et leur richesse. Ainsi, lors des fêtes religieuses, les patronnes faisaient porter par des esclaves bien choisies les bijoux qu'elles ne pouvaient porter. Ces jeunes femmes devaient rester assises, ainsi parées devant la maison de leur patronne. Quels beaux bijoux ! Quelle tristesse dans le regard de ces femmes objets !





Une tradition existe encore, en ce pays très catholique, mais encore empreint de superstitions, déposer des ex-votos derrière le maître-autel des églises. Il s'agit de demander une grâce pour une personne déterminée. On la représente alors dans une figurine (lien avec le culte vaudou ?), sculptée dans le bois, de manière naïve et plus ou moins réaliste. Une superbe collection de ces figurines a été pour moi le point culminant de l'exposition. On y croisait toutes les traditions : masque africain, tradition asiatique, figure réaliste, visage brut esquissé ressemblant à certaines vierges romanes, visage stylisé, épuré, à la manière de Brancusi ...

La partie plus moderne de l'exposition m' a moins convaincu. J'en retiens néanmoins deux, trois, choses : l'art brésilien semble s'être affirmé dans la couleur (les couleurs vives, le bleu outremer, le rose indien) ; il n'a pas grand chose à faire avec la perspective classique (il ressemble plus aux gravures chinoises qui superposent les plans, sans les mettre en perspective) ; quand il ose l'abstraction, il le fait avec les moyens du bord, les traits sont faits à la main, à vue, sans support, sans dessin préalable. On est loin du manifeste de Piet Mondrian. Ici, la forme géométrique bouge, le tableau vit. Piet Mondrian estimait, quant à lui, que le tableau doit exister pour lui-même et ne doit susciter aucune émotion.




Au Brésil, tout est vie et émotion. Toujours.

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