Mon fils, Sam, qui est plus que jamais décidé à prendre son avenir en main, est allé passé, hier, un test au Forem, préalable à une formation en électricité, elle-même requise en vue de se spécialiser dans les métiers liés aux énergies durables (panneaux voltaïques, etc.).
Il a très bien réussi le test, mais il n'est pas autorisé à suivre la formation.
Le motif : il a déjà suivi au Forem une formation de niveau équivalent (formation de cariste). On lui avait dit alors que, dans cette filière, 80 % des participants trouvaient un emploi dans les 6 mois. Cela fait un peu plus de deux ans qu'il cherche du travail, dans ce créneau, et doit se contenter de quelques intérims.
Il était donc décidé à se réorienter et à élargir sa palette de compétence : la réponse du Forem est non. La seule chose qu'il puisse faire aujourd'hui est de suivre une formation spécialisée en logistique.
Deux motifs d'incompréhension :
- le Forem aurait pu avertir Sam qu'il ne lui servait à rien, compte tenu de son profil, de passer ce test ; d'autant que Sam l'a conscieusement préparé et qu'il s'y est rendu dans un grand état de stress ;
- la mission du Forem n'est-elle pas d'aider à l'insertion dans le monde du travail et donc d'offrir le plus de chances au candidat ? Or, ici, on le limite pour des raisons incompréhensibles. Et on risque de lui dire ensuite que, s'il reste demandeur d'emploi trop longtemps, on réduira ses allocations sociales ...
A mon incompréhension correspond la révolte et le dégoût de Sam.
Il ne suffit donc pas pour un jeune peu diplômé de devoir subir le rejet du marché de l'emploi ; il doit en outre être empêché par les organismes publics d'aide à l'emploi quand il essaye de s'en sortir. Sam manifeste pourtant la volonté claire de ne pas être un assisté.
Quant à mon autre fils, c'est la quatrième fois qu'il rate l'examen théorique du permis de conduire. Cela fait trois fois qu'il obtient 43/50; or, il faut 45/50. Il est aussi dégoûté, parce que lui aussi avait révisé. Et cela coûte 15 euros à chaque fois. Le comble est qu'il l'avait réussi du premier coup il y a 4 ans, avait obtenu un permis provisoire de 18 mois, qui s'est passé sans encombre, mais qu'il n'a jamais réussi l'examen pratique ensuite. Situation paradoxale puisqu'on l'a autorisé à rouler pendant 18 mois, puis qu'on le lui a interdit ensuite, alors qu'il n'a en rien démérité et qu'on lui demande de recommencer tout à zéro.
On parle si souvent d'exclusion dans notre société. Mes deux fils viennent de vivre ce sentiment d'exclusion, une fois de plus, une exclusion qui leur paraît arbitraire, ce que je puis comprendre. Ils sont exclus en effet de manière assez arbitraire, qui plus est en vertu de la loi. Quels peuvent être leurs sentiments à votre avis ? Sentiments que je dois tenter de canaliser, comme père. Révolte, dégoût, lassitude, tentation de vivre hors-la-loi.
L'exemple de mes fils est bien minime, mais, si on le transpose, au niveau de la société, il y a de quoi réfléchir et s'inquiéter. Car, des hors-la-loi, il y en a vraiment beaucoup, et même de plus en plus en ce pays ... Tous ne sont pas sanctionnés de la même manière cependant.
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