Croisé, ce matin, un ami sous sa Chapka.
Il a été instituteur, puis a formé les jeunes instituteurs ; il travaille aujourd’hui à l’Université. Il est pédagogue, mais aussi philosophe, et un peu théologien. Il est père de famille, il chante aussi. Il est surtout une personnalité chaleureuse, comme j’en connais peu. Il pourrait bien finir sa carrière à l’université en faisant la thèse de doctorat qu’il n’a jamais faite.
Voilà qui me réjouit. La thèse représente un exercice que l’on impose aux jeunes chercheurs pour accéder à une carrière académique. Bref, les thèses sont souvent des œuvres de jeunesse, qui font parfois rougir leurs auteurs quelques années plus tard. Je me réjouis donc d’une thèse qui sera l’œuvre d’un vieux briscard, qui a vécu et a une réelle maturité intellectuelle et humaine.
Je l’ai donc croisé ce matin, alors que j’avais les mains gelées ployant sous mes achats au marché de La Batte. Il faut nous imaginer, au milieu de la passerelle, dans le froid, devisant de Thomas d’Aquin, de maître Eckaert ou de Ruysbroek l’admirable, puis tout à trac de pédagogie et de nos enfants.
Quand il était formateur pour de futurs enseignants, il avait défendu l’idée suivante, jugée saugrenue et indéfendable par les pédagogues de l’université. Il plaidait pour que l’on apprenne par cœur à l’école des grands textes, sans qu’ils soient nécessairement compris, jouant sur leur musicalité. Il expliquait que, plus tard, ces textes mis en mémoire s’ouvriraient à la compréhension au juste moment, au bon moment. Il a été très mal accueilli : son projet ne conduisait à aucune compétence concrète et mesurable (par un qcm, évidemment !).
Il n’a rien d’un vieux conservateur ; ce serait même plutôt le contraire.
Je me réjouis dès lors déjà de lire sa future thèse.
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