Il faudrait en finir, dans les media, avec l'affaire DSK, d'autant que des choses bien plus importantes, bien plus graves, méritent l'attention.
Je pense à la famine dans la Corne de l'Afrique ; à ce qu'il se passe en Lybie, en Syrie, et à tout ce printemps arabe qu'il va falloir accompagner ; je pense aussi à tous ces indignés de par le monde (en Espagne, au Chili, en Grèce, en Israël, au Maghreb, en Belgique ...) qui réclament un changement radical de société et qui espèrent une société plus juste, plus respectueuse de chacun, plus solidaire. J'ai vu aussi plus d'un million de jeunes aux JMJ à Madrid. Face à eux, des politiques, le plus souvent à vie, qui ne voient pas l'avantage de rompre avec ceux qui détiennent le pouvoir de l'argent auxquels ils sont soumis, voire compromis. L'ange/dieu Mammon, celui qui corrompt tout, est bien présent. "Nul ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l'un et aimera l'autre, ou bien il s'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l'Argent " (Mt, 6, 24) , avait annoncé Jésus, toujours le plus lucide d'entre nous. La société américaine, qui aime invoquer Dieu à tout bout de champ - vu que " God bless America " - n'a manifestement pas réussi à choisir le bon maître. Et dire que certains nous la présentent comme modèle.
Dans l'affaire DSK, le juge de New York, monsieur Obus, a accepté de tirer les conséquences découlant des conclusions du rapport du procureur Cyrus Vance et a décidé d'abandonner toutes les poursuites pénales contre DSK. DSK ne sera pas jugé et est libre. Cet événement suscite des commentaires un peu partout ... parfois délirants.
J'aimerais apporter quelques précisions :
1. - La justice américaine, étant ce qu'elle est, a fonctionné correctement. D'une part, la procédure américaine est accusatoire : le procureur doit dès lors disposer d'éléments suffisants pour convaincre douze jurés "au delà du doute raisonnable". Le procureur a estimé, au vu des éléments dont il disposait, qu'il allait droit dans le mur. Jamais, il ne parviendrait à convaincre les douze jurés, il y avait trop de zones d'ombre et d'incertitudes dans le témoignage de la prétendue victime. Notons aussi que DSK n'a pas nié le rapport sexuel. D'autre part, il faut retenir qu'être procureur dans l'Etat de New-York ne correspond pas un statut de fonctionnaire de l'Etat, comme chez nous. Le procureur est un avocat comme les autres, auquel l'Etat confie ses intérêts ... à la condition de se montrer à la hauteur. Bref, le procureur Vance engageait son avenir et un échec devant le tribunal, dans une telle affaire, risquait de compromettre sa carrière.
2. - A ce stade, l'argent de DSK n'a joué aucun rôle dans ses rapports avec sa prétendue victime. DSK n'a jamais proposé à celle-ci quelque argent que ce soit pour étouffer l'affaire. Ce sont plutôt les avocats de madame Diallo qui agissent en ce sens : n'ont-ils pas introduit une action au civil, avant même l'issue de la procédure pénale ? Ils continuent, je crois, à penser qu'il y a, en cette affaire, de l'argent à prendre pour leur cliente et sans doute pour eux-mêmes. Comment ne pas s'étonner qu'une simple femme de chambre, immigrée, et dans un statut précaire, dit-on, bénéficie aujourd'hui, comme on le rapporte, d'une cohorte d'avocats aux Etats-Unis, mais aussi en France, pour défendre ses intérêts ? Qui paiera leurs honoraires ?
3. - La justice américaine ne sort pas grandie de cette affaire. Certes, on ne peut totalement éviter les erreurs judiciaires ; il y en a eu et il y en aura encore. Mais, quand on décide de soumettre à l'opprobre publique un suspect, avant même qu'il ne soit jugé et sur la base de déclarations non encore vérifiées d'une plaignante, on se situe au Far-West, à l'époque du goudron et des plumes, pas dans un Etat civilisé. La volte-face du procureur en dit long sur le système en vigueur là-bas. Cela est inacceptable pour un européen pour qui la présomption d'innocence est un principe absolu.
4. - Les media font leurs choux gras de cet étalage sur la place publique. Rien ne leur fait plus plaisir que de montrer un puissant humilié pour une incartade sexuelle (cfr. Clinton). Dans ce pays, qui est le plus grand producteur de films porno, mais qui se veut puritain, toute parole, tout geste, toute attitude peut donner lieu à une plainte, dès lors qu'une prétendue victime peut y trouver un intérêt et des avocats pour la défendre ... Sincèrement, je ne pourrais jamais vivre dans ce pays-là.
5. - Certains, à la curiosité malsaine, espéraient savoir ce qu'il s'est réellement passé dans cette chambre du Sofitel. La décision de justice qui a été rendue les prive de ce qu'ils attendaient. Leur frustration les rend hargneux et haineux. DSK et madame Diallo seront, à tout jamais, les seuls à savoir.
6. - Les commentaires les plus affligeants émanent de deux catégories très ciblées :
- les féministes, ou néo-féministes. Bien entendu, toutes les décisions judiciaires intervenues sont un affront à la femme, au bénéfice d'un homme, macho, puissant et prédateur ;
- les habituels défenseurs des "gens de couleur" qui font de la couleur de peau l'explication de toutes les oppressions et manie le racisme ... avec plus de maladresse que d'adresse (cfr. mon précédent article sur le racisme ordinaire : http://xavierciconia.blogspot.com/2011/08/racisme-au-quotidien-et-cauchemar.html ).
7. - Quelles sont objectivement les victimes de cette lamentable affaire ?
Madame Diallo peut-être, selon ses dires, mais elle ne se révèle pas une victime très crédible. Je lui laisse le bénéfice du doute. Il lui appartient aujourd'hui de démontrer, au civil, le dommage qu'elle a subi. Et, si j'étais le juge, je mettrais son dommage, à supposer qu'il soit vrai, en balance avec le dommage que sa plainte a fait subir à d'autres.
DSK ? Oui, il est bien une victime de cette lamentable affaire. Il a dû démissionner de son poste au FMI ... et curieusement (mais je ne voudrais pas insinuer quoique ce soit), il y a été remplacé par une française, proche du Président Sarko, Christine Lagarde. Aucun débordement sexuel n'est reproché, à ce jour, à cette dernière, simplement des arrangements financiers pas très catholiques, sur le dos des contribuables, avec monsieur B. Tapie, ce qui est beaucoup moins grave évidemment qu'un comportement sexuel inadéquat. Politiquement, DSK est grillé, en France, pour l'élection présidentielle de 2012. Le candidat de la gauche le plus à même d'emporter la victoire est mis au tapis. A qui profite le crime ?
Anne Sinclair. Voilà peut-être la principale victime de cette affaire. Epouse trompée, elle est restée digne de bout en bout et indéfectiblement aux côtés de son époux. On ne parle pas assez d'elle, notamment chez les féministes acharnées, qui n'ont d'autre but que de s'acharner sur le mâle fautif.
Les enfants de DSK. Imaginez un instant la situation. Une inconnue porte plainte contre votre père pour des faits de nature sexuelle ; votre père est montré à la télévision, comme un criminel de grand chemin ; il est assigné à résidence. Et vous êtes son fils ou sa fille.
J'ai donc un peu de peine à mettre en balance les dommages présumés, mais non prouvés, de madame Diallo, et les dommages, bien réels, subis par DSK et son entourage.
Ainsi, en ce monde, une dénonciation, une plainte, fondée ou pas, peut décider de la carrière et même de la vie de quelqu'un. Je trouve cela fort inquiétant.
Je tiens à préciser, pour conclure, que je n'éprouve aucune sympathie particulière pour DSK.
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