Dans le monde sauvage, un prédateur est un organisme vivant qui met à mort des proies pour s'en nourrir ou pour alimenter sa progéniture. Il peut s'agir d'un animal ou d'un végétal. Il se nourrit d'un autre, de l'autre. De l'homme du paléolithique, celui qui vivait il y a bien longtemps, on a dit qu'il était un prédateur, car il vivait de chasse et de cueillette.
Le monde des hommes d'aujourd'hui n'est plus le monde sauvage, cependant, les hommes tuent toujours d'autres espèces animales pour manger, ils ont même développé - depuis très longtemps - l'élevage à cette fin ; ils cultivent aussi aujourd'hui de manière extensive ; dans nos sociétés occidentales, on industrialise tout. On y tue donc dorénavant, de manière organisée et planifiée, pour nourrir des cohortes d'êtres pas nécessairement affamés, et même parfois obèses. Il faut être riche pour manger de la viande. Pendant ce temps, d'autres, dans la Corne de l'Afrique, meurent de faim.
Certains peuples sont adeptes d'une cuisine végétarienne (voire végétalienne) par respect de la vie animale. Grande question ! Celui qui mange un oeuf de poule tue-t-il la poule dans l'oeuf ? Il est vrai que la poule ne se pose guère de questions : le lendemain, elle pond de nouveaux oeufs. Puisse-t-elle seulement avoir la liberté de courir partout et ne pas être enfermée dans une batterie. S'il devait s'agir de manger la poule, cela serait évidemment tout différent ! Il faut laisser les poules mourir de vieillesse. Celui qui mange des carottes, ou du riz, ou des pommes tue-t-il la plante qui a produit ce qu'il mange ? Non, il en recueille les fruits et la plante continue pour autant qu'on lui donne un peu d'amour et de soin. Cela dit, l'éleveur qui aime sa vache, vend son lait et mène à l'abattoir les veaux qu'elle accouche, n'en fait-il pas autant ?
Mais, il est un autre aspect, car qui dit "prédateur" dit "proie" et "mise à mort". Il y a alors toujours un plus fort et un plus faible. Le plus faible nourrit le plus fort, selon une loi que d'aucuns qualifient de naturelle. Le plus fort se nourrit donc, et nourrit sa progéniture, avec la vie même du plus faible. Dans le monde sauvage, cette loi naturelle garantit, dit-on, un certain équilibre. L'appétit du plus fort évite la prolifération des plus faibles. Une sélection naturelle s'opère ainsi.
Considérons maintenant le monde des hommes, tel qu'il se présente à nous, aujourd'hui, après des siècles et des siècles de civilisation, de philosophie, de religions, de création artistique, de Lumières et de droits de l'homme.
On y trouve toujours autant de prédateurs. Et on y trouve toujours autant de faibles à la merci de plus forts. Comme si la civilisation n'était pas assez forte pour sortir de la sauvagerie ... ou de la loi naturelle.
Despotes et tyrans, politiques trousseurs de jupons, corrompus et corrupteurs, fauteurs de troubles et vandales, spéculateurs et agences de notation, tous vivent de la vie des autres, dans le plus profond mépris de ceux-ci.
Tous ces gens-là se nourrissent, ou cherchent à se nourrir, de la vie des autres.
La société des hommes, tellement sophistiquée, qui a donné lieu à tant de belles créations de la pensée, serait-elle, envers et contre tout, soumise à une loi naturelle celle du monde sauvage où le plus fort se nourrit toujours du plus faible pour garantir un équilibre naturel ? Je frémis rien qu'à y penser, mais espère.
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Il y a 11 mois
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