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dimanche 7 août 2011

A propos de certains cafés en Hollande et de certains usages

Des cafés hollandais, et surtout amstellodamois, on connaît généralement les "bruine cafés", les cafés bruns. Ici, on est dans la tradition. Celle qui se distingue de lieux plus modernes, vastes, "hype", "design" et lumineux, où l'on mange bio et léger, en buvant du thé, des tisanes, des jus frais, des eaux minérales. Dans un café brun, la lumière est tamisée, on y boit de la bière ou du genièvre ; l'espace est étroit et l'on y fume du tabac, les murs gardant le souvenir des nombreuses générations de clients qui sont passées par là. J'ai bien dit alcool et tabac. C'est le lieu préféré des néerlandais.





Tout autres sont les "coffee shops". On y vient essentiellement acheter ou fumer du cannabis, de l'herbe, de "la beu", comme disent les jeunes. Ils attirent plus les touristes que les cafés bruns. Le touriste a toujours aimé s'encanailler, au Moulin Rouge, à Puckett ou à Marrakech. Goûter à la licence semble être un grand plaisir pour certains touristes. Ils fréquentent donc, plus que les gens du cru, les "coffee shops", où l'accueil n'est pas toujours aimable et où il n'est pas bien vu de venir boire un café, ou un jus fruits, malgré l'enseigne, sans acheter l'herbe précieuse. Juteux commerce, soit dit en passant. Il m'a été rapporté que toutes les herbes ne se ressemblent pas et qu'il y a des grands crus.








Car, le cannabis est en vente libre aux Pays-Bas, pays réputé tolérant ; il faut quand même présenter sa carte d'identité pour attester, je suppose, qu'on est majeur.

Fume-t-on plus de cannabis aux Pays-Bas qu'en Belgique ou en France, où la vente est interdite, mais la consommation personnelle tolérée ? Peut-être pas. Fume-t-on plus de  cannabis aujourd'hui qu'hier ? Sans doute oui. Des parents parfois inquiets découvrent que leur progéniture, parfois encore jeune, fume de temps en temps un joint. Le phénomène touche tous les milieux, toutes les classes sociales. Pour un jeune aujourd'hui, fumer un joint est une chose banale, avec une petite part d'interdit qui permet de s'affirmer par rapport à la communauté des adultes et de communier avec ses pairs.

Tout le monde sait que Maastricht doit une petite part de sa prospérité au tourisme de la drogue. Les "coffee shops" se nichent un peu partout, au détour d'une rue, au bout d'une autre ou sur des bateaux amarrés le long de la Meuse. A voir le ballet des voitures qui défilent, et leurs plaques d'immatriculation, à voir aussi le temps passé dans ces cafés par les passagers, il est clair qu'ils ne prennent même pas le temps d'y prendre un café. Il a été beaucoup question, ces derniers temps, d'une réglementation restrictive où la vente de cannabis aux non-néerlandais serait interdite, afin de limiter les nuisances liées à ce tourisme. Merveilleuse initiative qui revient à dire aux pays limitrophes : " prenez vos responsabilités ! A vous de gérer - la consommation de cannabis étant un fait - dans le cadre de vos politiques sécuritaires et répressives, la vente illégale de cette substance". Bonne chance ! Les tenanciers de "coffee shops" ont dû faire pression sur leurs édiles : il semblerait que la restriction ne s'appliquera pas aux belges et aux allemands limitrophes ! Les français s'indignent.

http://www.francesoir.fr/actualite/international/maastricht-francais-interdits-coffee-shops-125164.html

Je suis parfaitement ignorant des méfaits du cannabis pour la santé. Certains me disent qu'il vaut mieux fumer un joint le soir pour se détendre que de boire une bouteille de vin. C'est peut-être vrai. Comme en tout, il doit s'agir d'une question de mesure.

J'aimerais relever deux choses :

- les méfaits du tabac et de l'alcool sur la santé, eux, sont connus et très inquiétants ; la tabac et l'alcool sont pourtant en vente libre (sauf, en ce qui concerne l'alcool, pour les moins de seize ans, mais qui contrôle vraiment ?) ;
- par le passé, fumer sa première cigarette ou boire son premier verre d'alcool, était une manière de passer dans le monde des adultes. Cela était même encouragé par les adultes eux-mêmes ; du genre, "viens, mon fils (ou mon petit-fils), je vais te raconter quelque chose de la vie ; tu veux un cigare ou un verre de whisky ?". Même quand la première cigarette était fumée entre copains, c'était "pour faire comme les grands". Avec le cannabis, et les drogues, c'est bien différent. Il s'agit de marquer sa différence avec le monde des grands, des autres. L'enjeu est tout autre.

J'ai lu récemment aussi, sous la plume d'un économiste, que la légalisation de la vente du cannabis en France, moyennant une taxation comparable à celle du tabac, pourrait rapporter un milliard d'euros à l'Etat français. Que faire de cette manne ? Comme il n'y aurait plus lieu de mener une politique de répression, des moyens considérables existeraient enfin pour une politique efficace de prévention et d'éducation. C'est pas con, mais j'ai comme un doute.

http://lexpansion.lexpress.fr/economie/ce-que-la-france-gagnerait-a-legaliser-le-cannabis_259829.html

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