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jeudi 24 novembre 2011

L'université et la cité

Je pense, pour ma part, que l'université a un rôle important à jouer dans la cité, comme pôle de culture, de réflexion et de conscience et comme moteur de développement par la recherche, le brassage des idées, la créativité. Je pense aussi que l'université doit être présente auprès des membres de la cité. Il semble que ce rôle semble aller de soi, une fois qu'il s'agit de contacts avec les politiques, les patrons d'industrie et autres magnats de l'establishment, mais qu'il soit moins spontanément accepté, jusqu'à être stigmatisé, une fois qu'il s'agit d'être auprès de travailleurs menacés dans leur emploi, c'est-à-dire des pères et mères, des frères et soeurs de nos étudiants.

Je suis donc étonné par les réactions de certains membres de l'université de Liège suite à un courrier du recteur de celle-ci.

Le Recteur de l'Université de Liège a, dans un premier courrier, invité à une suspension des activités ordinaires de l'institution, le 7 décembre 2011, jour d'une manifestation syndicale dans le bassin liégeois pour contester les décisions de la multinationale Mittal mettant en cause des milliers d'emplois. Il ne faut pas se méprendre. Ceux qui manifesteront, le 7 décembre, le feront pour leur emploi, pour leur famille, et au-delà d'eux-mêmes pour l'emploi de sous-traitants. L'université, qui voit, ou devrait voir, à plus long terme, n'a-t-elle pas une place à jouer ? Est-il concevable qu'elle soit absente du débat ? Une présence, une solidarité, une action.

L'appel du Recteur lui a valu une volée de bois vert, qui en dit long sur la mentalité des corps qui composent l'université.

Morceaux choisis :
- Est-ce bien le rôle de l'université de prendre parti dans les questions qui ne concernent que la cité ?
- Le Recteur, par son appel, invite (?) à faire grève.  Si la grève est un droit, il ne faudrait surtout pas faire grève, sous la pression de l'autorité ;
- Réaction réelle d'un étudiant: oui, mais les cours seront donnés ou pas ?
- Réaction totalement imaginaire (?) d'un prof : il n'est pas question que je perde deux heures de cours ; je me fous d'être payé ou pas, mais mon cours compte 30 heures ; déjà que ce n'est pas assez, si on m'enlève encore deux heures, pour des broutilles ...
- Le même prof, suivi par la déléguée de cours "frotte-manche", on nous assure 30 heures de cours d'après les programmes, ce serait un scandale de perdre encore deux heures de cours, au prix du minerval.

Pauvre recteur ! Le travail semble bien long encore pour lui, et pour ses successeurs sans doute.

Les grands esprits, leurs principes et leurs arguments, semblent tellement à côté de la plaque.

Les principes ? Des jouets aux mains de purs esprits, qui feraient bien de temps en temps de mettre un peu la main dans le cambouis.

Le recteur a cru devoir préciser sa pensée, pour faire taire tous ces murmures (dans la Règle de Saint Benoît, le murmure est toujours une pensée qui ne vaut rien de bon, qui détruit plus qu'elle construit, qui enferme au lieu d'ouvrir les perspectives).

Bernard Rentier :

Mon souhait n'est évidemment pas de mettre l'Université en grève. Il consiste, au contraire, tout en suspendant les activités habituelles de l'Institution, geste dont la symbolique ne peut échapper à personne, à faire preuve, durant cette journée, d'esprit d'initiative et d'organiser, au sein de l'Université, des activités consacrées à la problématique du moment. Nous démontrerons ainsi que non seulement nous sommes solidaires, mais que cette solidarité se traduit par une réflexion, par des actions, et qu'il ne s'agit en aucun cas de prendre une journée de congé.

C'est la raison pour laquelle je n'envisage pas que cette journée ne soit pas rémunérée. Il va de soi que je compte sur la participation active de tous, précisément dans cet esprit.

Nous travaillons actuellement à l'élaboration d'un programme de conférences et de débats ainsi que d'ateliers qui occuperont cette journée, tout en laissant à ceux qui le souhaitent la possibilité de se joindre à la manifestation annoncée.

Je vous tiendrai informés de l'évolution de ce programme, et j'accueille dès à présent les différentes suggestions que vous souhaiteriez faire dans ce cadre.

Je précise également que la suspension des activités habituelles n'implique nullement celle des tâches indispensables qui doivent être assurées dans les services. Ces exigences seront rappelées par les responsables. L'Université ne sera donc pas fermée, mais hormis les nécessités professionnelles impérieuses, l'activité sera recentrée sur la thématique de la reconversion et du rebond économique régional. J'espère que cet évènement sera le déclencheur d'activités interdisciplinaires durables qui auront un prolongement bien au delà du 7 décembre 2011.

Je souhaite également que nos étudiants puissent être confrontés le plus directement possible à cette problématique. Cette journée doit être pour eux l'occasion de participer activement à une réflexion générale et à une prise de conscience des réalités qui les entourent.

C'est dans cet esprit constructif que j'envisage la journée du 7 décembre et c'est en ces termes que je souhaite que cette décision soit rendue publique. En effet, une manifestation de solidarité est bien peu de chose si elle ne s'accompagne d'une recherche de solutions à plus long terme comme l'Université doit pouvoir en proposer.

C'est là, à mon avis, une mission majeure des institutions universitaires, une participation active à la résolution des problèmes de notre société. J'espère que chacun d'entre vous comprendra l'esprit dans lequel cette opération s'organise et que vous aurez à cœur d'y participer activement.

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