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lundi 21 novembre 2011

Les chansons d'enfance

Enfant, nous chantions bien des choses sans tout comprendre.

Qui étaient donc cette mère Michel et son chat ? Et surtout ce père Lustucru ? Ce nom m'a toujours fait peur, même après que je l'eusse associé à des pâtes, mais pas des Panzani. Internet me donne aujourd'hui raison. Il était un personnage douteux. Ne parlons pas de la mère Michel, elle sévit encore ! Pourquoi d'ailleurs écris-je spontanément "Michel" et non "Michèle" ? Quant au pauvre chat ?

A la claire fontaine, se passaient bien des choses que je ne pouvais nommer. Mais quand même que venait faire ce rossignol voyeur, qui a le coeur à rire quand la belle a le coeur à pleurer ? Et moi, dans tout ça ? Pourquoi aucun oiseau ne venait-il, quand moi j'étais à la claire fontaine, même pas un corbeau, alors que je n'avais pas le coeur à rire, mais plutôt à pleurer ?

Pourquoi le bon tabac n'était-il pas pour moi, mais toujours pour les autres ? Cette chanson n'arrêtait pas de me dire : "tu n'en auras pas". Je ne savais pas alors qu'il s'agissait d'autre chose que le tabac.

Et puis, il y avait le cerf, le lapin et le chasseur. J'aurais pu m'identifier au cerf ou au chasseur, ce que ne manquaient pas de faire certains de mes congénères, que l'on retrouve aujourd'hui aux plus hautes fonctions. Pas de chance pour moi, j'étais bien entendu le lapin !"Cerf, cerf, ouvre-moi, ou le chasseur me tuera".  Quand un gamin de 8 ans chante cela avec toutes ses tripes, cela doit vouloir dire quelque chose. Il doit, je veux dire, ressentir comme un danger. La peur peut-être de ne jamais pouvoir être lui-même.

Alors, il s'arrête sur une chanson plus douce, plus "dans ses cordes", pourrait-on dire. Il a fini par choisir,  pour compagnons, la lune et l'ami Pierrot.  En cet ami, il finira par trouver l'interprète pour dire en son nom : "ouvre-moi la porte pour l'amour de Dieu". J'enjolive un peu la chanson, ne m'en veuillez pas.


Frère François, dans une homélie inattendue comme toujours, a évoqué cette chanson dimanche dernier. Il devait parler du Christ-Roi pourtant !

Habile, comme toujours, il a évoqué Lacordaire. Lacordaire, dominicain et grand prédicateur (une plaque commémorative dans la cathédrale Saint Paul de Liège, rappelle qu'il y a prêché un jour le carême), aurait dit - il s'agit de ses dernières paroles : " Mon Dieu, ouvrez-moi, ouvrez-moi ". Il ne l'a pas dit une fois, mais deux fois. Pourquoi deux fois ? Pourquoi cette insistance ? On peut imaginer, pourquoi pas, que ses deux invocations ne voulaient pas dire exactement la même chose.

Ouvre-moi la porte de ton Royaume, comme le lapin implore et comme le demande l'ami de Pierrot, qui avait besoin, lui, que les choses soient dites précisément.

Mais aussi, ouvre-moi, ouvre mon coeur, rends moi accueillant ... Car, s'il y a une porte à ouvrir, pour entrer dans le Royaume, n'est-ce pas celle-là : une porte ouverte où on laisse entrer ce qui vient. N'est-ce pas ce que Jésus veut dire quand il nous dit que le Royaume de Dieu est "parmi" ou "en" nous (les traducteurs hésitent) ?

Et pour conclure, avec humour, car c'est un peu moi dans le fond :

http://www.youtube.com/watch?v=CnrtqGRh7vA&feature=related

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