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vendredi 20 avril 2012

Athée, croyant et agnostique

Ce que j'aime sur Facebook, ce n'est pas de savoir où se trouvent mes amis, ce qu'ils font, avec qui ils se trouvent, où ils mangent : cela m'ennuie profondément ; c'est lorsqu'ils partagent une réflexion, une pensée, une citation, une musique qu'ils aiment qu'ils m'intéressent. Parfois, cela me fait rire ; parfois, cela me fait sourire ; parfois, cela suscite en moi de la compassion ou une communion ; enfin, parfois, cela me fait réfléchir et me pousse à réagir.

J'ai ainsi pu lire, ce matin, la citation suivante : "Si Dieu n'apparaît pas aux athées, c'est parce qu'il a peur qu'ils ne le convertissent à l'athéisme" (François Cavanna). La vanne est drôle, mais ...  suppose l'existence de Dieu ! De la part d'un vieil "anar", qui n'a pas été nourri avec les grenouilles de bénitier, c'est plutôt surprenant.

Dans le style inimitable, qui est le sien, mon collègue, Lucien François, aujourd'hui émérite, a réagi en ces termes : " Les athées et les croyants sont de la même espèce en ce qu'ils affirment sans preuve, les uns que non, les autres que oui, les uns une existence, les autres une inexistence, au lieu de douter tout simplement. Sous la réserve de ce qui précède, les agnostiques sont proches des athées quand ils pensent que la charge de la preuve pèse plus sur la thèse de l'existence que sur celle de l'inexistence, parce que les apparences sont contre la première ".


Je suis d'accord avec mon collègue quand il préfère le doute à la certitude absolue, voire bornée.  Un lecteur attentif lui faisait toutefois remarquer qu'il est impossible de prouver ce qui n'est pas ... Le vrai débat est-il de savoir, et donc de pouvoir affirmer, avec des arguments scientifiques et rationnels, que Dieu existe ou pas ?

J'aimerais ouvrir une voie de réflexion un peu différente.

Mon ami Nicolas, qui est tout sauf un croyant, m'avouait ressentir quelque chose dans les églises, lors de notre escapade à Maastricht. Appelons cela une sensibilité laïque à une certaine spiritualité.

Ceci est capital.

Pour moi, la question n'est pas d'être sûr que Dieu existe, ou pas, et de le prouver, mais de vivre une dimension autre, qui nous échappe souvent, mais qui nous touche quand même et peut nous faire avancer. Je veux dire par là qu'il est important, dans une vie, d'ouvrir celle-ci, de lui donner une dimension qui se situe au-delà de nos simples résultats et échecs, de nos convictions raisonnées, de nos émotions. Etre vu par un autre regard que le sien propre. N'est-ce pas la base de l'apprentissage de l'altérité ? N'est-ce pas le centre de la prière contemplative ? L'autre, l'Autre, ne me voit peut-être pas comme moi je me vois. Accueillir cela est une ouverture.

La foi n'est rien d'autre qu'une acceptation lente et progressive de l'altérité dans nos vies. Il y a toujours un ailleurs, un plus loin, une autre voie. Etre croyant, c'est adhérer finalement à l'Altérité. C'est considérer que tout ne dépend pas de nous et qu'il faut parfois s'abandonner et se laisser porter.

Les religions ne sont qu'un véhicule, plus ou moins pertinent, pour vivre au quotidien cette réalité. Je puis témoigner que la fréquentation régulière de la Bible, dans mon cas personnel, contribue grandement à cet exercice.

Je voudrais encore ajouter ceci : si la foi en Dieu, même si on ne pourra jamais prouver son existence ou son inexistence, porte des fruits, et aide certains à avancer, elle mérite le respect et même une attention bienveillante. Sans la foi en Dieu, le meilleur de nos civilisations n'aurait sans doute pas vu le jour. Je ne suis pas sûr que la raison soulève autant les montagnes que la foi. La raison peut toutefois jouer un rôle utile pour dénoncer les dérives de la foi. Il en existe aussi. Mais les croyants, autant que les athées et les agnostiques, ne sont-ils pas tout autant capables de raison ?









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