Rechercher dans ce blog

lundi 23 avril 2012

Premier tour des élections françaises

Je n'ai aucune compétence pour commenter les résultats du premier tour des élections présidentielles en France.

Voici néanmoins quelques réflexions.

Il est impossible de se faire une quelconque idée du paysage politique de la France, d'une part, à cause des abstentionnistes, d'autre part, à cause de la mécanique du scrutin majoritaire, qui conduit à prôner un vote "utile", plutôt qu'un vote d'adhésion. Commenter le résultat d'une élection française revient toujours à parler d'un état virtuel de la société française.

Compte tenu de ces réserves, que révèlent les résultats du premier tour de l'élection présidentielle ?

Le candidat/président sortant, hyper-président et omni-compétent, a gouverné la France, pendant cinq ans, en représentant à peine 31,38 % de l'électorat votant, au premier tour de 2007 (le seul chiffre qui compte, parce qu'il mesure son poids réel). Il ne représente plus aujourd'hui que 28,2 %, c'est dire s'il est désavoué. Que représente-t-il encore aux yeux de tous les français ?

On a dit, dans les rangs de son parti, que la campagne du premier tour, avait été 1 (lui) contre 9 (tous les autres) et que tout allait changer, au second tour, lors du combat des chefs. Il est vrai que N.S. a de la peine à se situer face à un problème, lorsque celui-ci n'est pas binaire et qu'il se montre
très bon, voire le meilleur, sur un ring, avec toute la subtilité que l'on peut attendre d'un boxeur. Si tel est le Président que les français souhaitent ...

François Hollande confirme l'espoir que de nombreux français mettent en lui. Ce n'était pas gagné. N'était-il pas un candidat par défaut ? Un candidat sans expérience ? Une "fraise des bois" et un "flamby"?  Il a fait preuve de sérieux, de dignité et a fait des propositions significatives. Les français le jugent crédible, moi aussi. Un paradoxe m'étonnera toujours : la France est majoritairement à gauche à tous les échelons, locaux et régionaux, mais se demande, quand il s'agit des élections présidentielles, si elle ne pourrait pas être de droite. La gauche pour la gestion quotidienne, la droite pour les affaires d'Etat. Etrange, non ?

Marine le Pen arrive troisième. C'est à la fois une surprise et une désolation. Son programme est désespérément vide (le plus vide de tous les candidats) et, quand elle propose, quelque chose, c'est irréaliste, indémontrable et inchiffrable. Elle partage avec le Président sortant une étonnante aptitude au mensonge (l'égérie du Président sortant, Nadine Morano, les dépassant bien entendu tous les deux à l'arrivée). Elle fonde son programme sur l'immigration source de tous les maux, la sécurité non garantie (dans les rues, sur le marché de l'emploi ...) et l'identité nationale (face à l'Europe et au monde). Après ça, on tombe dans les limbes. Le plus ahurissant est de voir près d'un français sur 5 adhérer à un tel discours aussi vide de contenu. Voilà qui est inquiétant, mais pas inattendu. Ce mouvement est présent dans d'autres pays européens. Je m'étonne qu'à situation égale, ce discours n'ait aucune prise en Belgique francophone. L'aigreur, le ressentiment, l'étroitesse d'esprit qui doivent habiter les électeurs du Front national doivent bien venir de quelque part. Marine le Pen ne fait qu'utiliser ces sentiments, sans état d'âme aucun. Nicolas Sarkozy, comme le laissent entendre nombre de commentateurs, n'a-t-il pas nourri, pendant son quinquennat, ce terreau peu engageant ? A la fois, par ses politiques racoleuses et par son incapacité à prendre en compte la réalité des français "qui se lèvent tôt " ? Le Front national peut se réjouir : son succès est dû à Nicolas Sarkozy lui-même. Aujourd'hui, d'un point de vue stratégique, le Front national a tout intérêt à ce que François Hollande soit élu pour incarner face à lui la "vraie" droite, laissant la droite traditionnelle se diluer, comme elle ne cesse de le faire depuis que Sarko est au pouvoir. Et la question se pose plus que jamais de la définition d'une droite républicaine à côté de l'autre qui risque bien d'occuper tout le terrain.

Jean-Luc Mélenchon a plus brillé lors de sa campagne qu'au moment des résultats. Je le regrette. Parce qu'il a donné à la campagne du souffle. Tout ce qu'il propose n'est pas réalisable, il le sait. Mais, à l'inverse de Marine le Pen, les valeurs qu'il prône n'opposent pas les uns aux autres : les français et les non français, les heteros et les homos, les blancs et les bronzés... Il préfère parler d'égalité et de solidarité. Il oppose quand même quand il affirme que le peuple n'a pas à être assujetti au monde de la finance et du grand capital (ce que disent aussi François Hollande et Marine le Pen). Il faut attendre maintenant les législatives : le front de gauche pèsera plus que certainement sur l'avenir de la France dans les années qui viennent.

J'ai toujours bien aimé François Bayrou. Il n'est pas un tribun. Il ne coupe pas la parole. Mais il réfléchit (contrairement à Nicolas Sarkozy). Ses diagnostics sur l'état de la France, du monde, de la société, sont toujours justes et pertinents. Les réponses qu'il apporte ne sont pas toujours très claires. Il ne faut pas se passer de François Bayrou, quel que soit son résultat, pour la lucidité de son jugement et son souci de parler vrai.

Quant aux autres, je voudrais juste ici évoquer Eva Joly. Elle a fait de son mieux. Nicolas Hulot, plus médiatique, aurait peut-être pu faire mieux. Je regrette qu'il n'ait pas été donné plus de place à l'écologie dans les débats. L'écologie politique pose des questions justes, à long terme. L'écologie politique interroge notre manière de vivre, la société dans laquelle nous voulons vivre et, après nous, nos enfants. De tous les partis, c'est peut-être le seul qui voit loin. Je m'étonne que les français soient aussi peu sensibles au discours écologique, alors que le parti écolo est le troisième en Belgique francophone.

Peu d'électeurs pour Ecolo, mais un grand nombre pour le Front national. La France m'inquiète.




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.