Proclamation des résultats. Cette année est une première et plus grand monde n'y comprend grand chose. Dorénavant, l'Université de Liège n'accorde plus aucun diplôme en droit "tout court"! On proclame des diplômés en master avec finalité (droit privé, droit pénal, droit social, droit des affaires, droit public et mobilité interuniversitaire). C'est un peu comme si, en pharmacie, on ne diplômait plus de pharmaciens, mais des maîtres en anxyolitique et calmants, en homéopathie, en traitements pour maigrir, etc. Comme si, en lettres classiques, on diplômait des maîtres en Virgile sans Xénophon ou en Démosthène sans Cicéron.
Il n'y a que moi qui m'étonne. C'est Bologne qui veut ça. Ah bon! Et on ne doit pas s'étonner quand ça vient du décret Bologne. On doit faire avec. C'est vrai, on ne cesse de me le dire depuis qu'il existe et même avant. Mis à part les bons mots qu'il suscite, on en cherche toujours les mérites. Ainsi, le Recteur a, dans son petit discours, devant les jeunes diplômés et leurs parents affirmé: "On nous avait annoncé qu'avec le décret Bologne, il y aurait le double de travail. Et bien, c'est vrai". Cela fait rire tout le monde, mais réagir personne.
Car, il faut le dire, les étudiants et leurs parents ont eu droit à deux proclamations, et non pas une, sans très bien comprendre laquelle des deux est la bonne, c'est-à-dire celle qui figurera sur le diplôme. A-t-on posé la question au doyen? A-t-il pu répondre? Ainsi, des familles ont pu entendre que leur rejeton avait fait une GD en master 2, mais que finalement, pour le cycle, il n'avait droit qu'à une D. Et dire que le rejeton avait mis le paquet pour sa dernière année. Voilà du travail bien récompensé!
Mais redevenons plus léger. La proclamation, c'est aussi la question de la toge. En fin de délibé, il y a toujours une voix pour demander au doyen: "En toge? Monsieur le Doyen". "En toge, bien entendu … pour celles et ceux qui en ont une". Une telle réponse est fort ambigüe. Celles qui n'en ont pas seraient-elles dispensées? De même que ceux qui n'en ont qu'une? Et si la toge était le moyen de dissimuler ce qu'on a dans la culotte?
Je formulerai, de ce point de vue, quelques réflexions, dont je sais d'avance qu'elles seront mal perçues par certains.
Après le Concile Vatican II, beaucoup de prêtres et de religieux ont laissé tomber la soutane. L'habit ne fait pas le moine, n'est-ce pas? Comment inspire-t-on le respect? Par sa pensée. Par ses qualités humaines. Par l'exemple qu'on donne. Par les graines que l'on sème, sans jamais savoir comment elles germeront. Faut-il porter une soutane (une toge) pour cela? Je préfèrerai toujours être un curé de banlieu plutôt qu'un prélat. Disant cela, je ne juge personne. Mais la question mérite réflexion. Que cherchons-nous à véhiculer par notre comportement vestimentaire?
Un collègue que j'aime bien m'a fait part d'une réflexion qui m'a décontenancé: "Porter la toge, c'est la beauté de notre métier". S'il dit vrai, je dois alors être passé complètement à côté de la beauté de mon métier.
Quand on dit qu'il faut porter la toge, on ne précise jamais ce qu'il faut porter en dessous. Or, cet habit (cet accoutrement) du XIXème siècle a été conçu pour de nobles et respectables vieillards barbus, portant la redingote et la cravate nouée, afin qu'ils ne meurent pas de froid en donnant cours dans des auditoires non chauffés. Deux professeurs de cette époque illustrent la toge "Damart": Edouard Van Beneden et Théodor Schwann
Aujourd'hui, on voit de tout: des toges sur robe d'été et sandales, des toges sur chemise sans veston, des toges sur chemise sans cravate, des toges sur fond jaune, d'autres sur fond rouge, d'autres sur chemise à carreaux … La toge sur bermuda et tongs n'est pas encore apparue, mais cela ne saurait tarder. Vous croyez que je fais encore de la provoc … pas du tout. Observez bien la photo suivante.
Je suggère donc d'organiser un concours de jeunes créateurs et d'organiser un défilé pour une "toge du XXIème siècle".
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