L. ne prononce jamais le mot "amour", nous concernant; je m'en garde aussi. Le mot est trop précieux. Et pourtant, tous les instants que nous avons passés ensemble ont été plein d'amour l'un pour l'autre.
Je suis frappé par le fait que le partage (la communion?) s'exprime parfois plus aisément avec le langage du corps qu'autrement (les mots, la pensée, l'expression des émotions). Ce qui ne veut pas dire du tout que le partage (la communion?), avec L., se limite aux corps. Il est vrai, ouvrir son coeur ou son âme, c'est-à-dire son intimité, à un autre n'est pas chose facile.
Je ne connais pas C. ou alors juste ce que L. m'en a dit. Il me ressemble, paraît-il, sur plus d'un point. Nous avons le même âge; il a une fille et j'ai deux fils. C'est le seul homme, à ce jour, à qui L. ait dit: "Je t'aime". C'était il y a longtemps, m'a-t-il dit … Pas si longtemps que cela, puisque L. a 26 ans. Ils partagent la vie quotidienne, c'est-à-dire leur vie, et sans doute plus. Ils forment un couple ouvert. Là est le noeud du problème. Comment, dans un couple, concilier durée et intensité, quand un des partenaires a encore tout à découvrir, alors que l'autre aborde la seconde partie de sa vie? Et moi, dans tout cela? Plus les années passent, plus j'ai l'impression d'être le garant de l'intensité pour d'autres couples. Et si tel était mon destin? C. en tout cas n'adopte pas vis-à-vis de L. une attitude d'exclusivité ou de totalitarisme. Cela peut être le signe qu'il est un homme bon et sage.
Etre davantage apte (ou appelé) à aimer comme amant que comme père (ou mari, ou conjoint), est-ce une faute? Pourtant, j'aimerais beaucoup aussi partager avec un partenaire le quotidien.
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Connaissez-vous "couchsurfing"? http://www.couchsurfing.org/. C'est encore moins cher que l'hôtel. Des personnes désireuses de rencontrer d'autres personnes vous offrent un canapé, un matelas ou, au mieux une chambre, juste pour le plaisir de la rencontre. C'est gratuit. Juste la rencontre. C'est génial!
L., à part son étape chez moi, a organisé tout son voyage sur cette base. Il y a de bonnes surprises et parfois des angoisses. Ses hôtes viennois l'attendront à l'aéroport. Les deux filles qui doivent le recevoir, après, à Moscou, l'ont laissé jusqu'à hier dans une grande incertitude. A Berlin, pas de problème en perspective.
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Ils regardaient le ciel dans l'attente d'un signe et ils ne voyaient pas tous les signes qui leur étaient adressés autour d'eux. Ils? … Je.
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Ne pas attendre, mais construire. Oser l'aventure, l'ailleurs, l'incertitude, l'inconfort passager … Ne suis-je pas un peu vieux pour vivre cela?
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Liège-Maastricht.
L. n'a pas manqué de constater que, dans mon quartier, et place Saint Lambert, on trouve un casting inouï pour un "Fellini-Liegi", après le célébrissime "Fellini-Roma", ou le "Satyricon".
Maastricht a un charme fou, mais c'est une ville bourgeoise, élégante, et surtout sans fausse note. L. préfère Liège. Ses erreurs urbanistiques, sa population hétéroclite, et parfois paumée, sa mixité. Il préfère la terrasse du café Randaxhe aux terrasses du Vrijthof. C'est une des raisons pour lesquelles j'aime beaucoup L.
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Le site du Grand Hornu (http://www.grand-hornu.be) mérite plus qu'une seule visite. Il faut y revenir, puisque, outre l'ancien site minier en lui-même, la politique du Mac's, musée d'art contemporain de la Communauté française de Belgique (http://www.mac-s.be), installé en ces lieux, repose sur les expositions temporaires. Les collections permanentes sont, à mon avis, moyennement intéressantes, mais l'ensemble repose sur une politique que je trouve excellente: un grand espace, très bien conçu, et peu d'oeuvres exposées. On a le temps de s'arrêter, de respirer.
Nous avons particulièrement apprécié l'exposition consacrée au designer belge Charles Kaisin, à la fois pour la très haute qualité de son travail et pour la mise en scène très originale de l'exposition. Son credo: l'extension des matériaux et le recyclage. Petit exemple:
L'installation de Ann Veronica Janssens (Représentation d’un corps rond, Installation, 1996) me fascine, à chaque fois, tout autant.
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Nous avons regardé, un moment, un documentaire (c'était, pour moi, la troisième fois) sur les grandes familles de France. En d'autres termes, l'aristocratie après la république. Les deux sociologues de service ont l'air de sociologues, c'est-à-dire de braves gens intellos un peu perdus. Les aristocrates restent les aristocrates … ou des caricarures d'aristocrates. J'accorde un brevet, parce qu'elle est plutôt sympa, à la marquise de ????, qui a fait semer par son jardinier marocain 6 milliards quatre cent millions de graines de coquelicots (fleur epéhémère), soit autant que d'être humains! Pas mal non plus, la duchesse de ????, en bottes et veste barbour, qui, à un âge très respectable, régit encore sur son domaine les chasses à courre avec son 4x4 et sa trompe de sonneur! Etonnant vraiment. Par contre, je ne donne pas la palme à celui qui a imposé la ritournelle musicale intervenant entre chaque séquence. Elle m'énerve au plus haut point.
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Le site du château de Jehay est vraiment très beau.
Il s'y tient actuellement une exposition sur des estampes de Paul Delvaux. Impossible pour moi d'y trouver un quelconque intérêt. Pour L., non plus.
Le rez-de-chaussée du château (que l'on peut visiter) est le plus grand bric-à-brol que je connaisse. S'y cotoient, dans une proximité sans nom, des choses sublimes (notamment dans le domaine de l'argenterie et du mobilier) et des croûtes (copies de tableaux, sculptures du dernier occupant des lieux, tête réduite par les jivaros …).
Chaque année, à l'initiative de la Province de Liège, le parc et les jardins du château abritent des créations contemporaines intégrées dans l'environnement naturel. Cette année, le thème est: "Couleur(s)". Joli thème. Et quelques découvertes. Un conseil: surtout ne pas lire les panneaux décrivant l'intention poursuivie par l'artiste. Sous une forme poétique, au contenu insondable, vous pourriez vous décourager. Laissez-vous plutôt aller au gré de votre fantaisie. Le parc et les jardins sont très beaux.
Une fois encore, il s'agit de créations éphémères, comme les coquelicots de la marquise ... J'en ai ramené les photos suivantes, pour vous donner l'envie d'y aller.
C'est comme cela, il faut parfois accepter de voir neuf choses sans intérêt pour en voir une enfin qui retient notre attention ou éveille en nous une émotion.
OK, je comprends mieux ton commentaire sur FB ;-) C'est cool d'échanger des photos d'un même sujet, ça ouvre les perspectives de création. Bises. Laurent
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