Je retiens trois choses, qui m'ont beaucoup ému: d'abord la douceur des regards, des regards totalement dans le don, dans l'émerveillement de l'autre; ensuite, la gêne et les rires étouffés des femmes quand Zazie les interroge un peu sur leur vie sexuelle et affective avec leur mari (cette pudeur-là n'était pas judéo-chrétienne!); enfin, les pleurs d'un des hommes du clan en écoutant Zazie chanter pour eux, avec une vieille guitare. Un son qu'il n'avait jamais entendu. Cet homme, qui a perdu deux enfants, vit avec une blessure enfouie au fond de lui. Puisse la musique l'aider à l'accepter et à l'apprivoiser. Zazie lui a offert sa guitare qu'il a reçue avec un infini respect et une telle gratitude dans le regard.
Les esprits chagrins (on en trouve toujours sur sa route) expliqueront que l'émission est scénarisée, que les "bons sauvages" n'ont pas joué leur rôle pour rien, etc.
Un décès qui me touche: celui de Pina Bausch, immense chorégraphe allemande, qui vient de mourir brutalement à l'âge de 68 ans. Je lis avec émotion les hommages qui lui ont été rendus hier et aujourd'hui:
- Anne-Theresa de Keersmaker: "Il n'y a aucune autre personne qui ait pu amener la danse dans toute son humanité, sa jouissance, sa beauté, ses faiblesses".
- Hervé Guibert: "On tremble, on a la parole coupée, on sort le coeur blessé et pansé, baigné d'un effluve de larmes. Ce n'est pas Pina Bausch qui nous blesse le coeur, il était déjà blessé, seulement cette blessure était tombée dans l'oubli, on s'était employé à nous la faire oublier, à la faire passer pour futile, romantique, narcissique, et Pina Bausch, par l'intermédiaire du corps de ses danseurs nous rappelle à la réalité, à la vitalité de cette blessure. Elle ne nous en tend pas le miroir, ou l'illustration, mais une sorte de radiographie cinglante qu'elle accompagne en même temps d'émolients, d'une trousse de secours pour brûlés du second degré".
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