La Faculté de droit remet, ce jour, à 11h00, les diplômes de seconde session à ses étudiants "dans la plus grande solennité". Tels sont les mots d'un courrier décanal. Cela me pose un sérieux problème. Je ne suis pas solennel par nature et je répugne à me déguiser pour donner l'air de ce que je ne suis pas. J'ai deux solutions, soit je n'y vais pas (pour ne pas faire tache dans la solennité), soit j'y vais incognito (juste pour être là, lors du verre de l'amitié, pour embrasser quelques étudiant(e)s arrivés au bout du parcours et féliciter leurs parents). Ma décision est prise.
Et la "taxe carbone" de Sarko: que me dites-vous là-dessus, monsieur le professeur?
1. - Cette taxe fera partie des accises sur les énergies fossiles. S'agissant d'accises (et non de T.V.A.), les entreprises ne pourront pas la récupérer et devront l'envisager comme un coût supplémentaire à répercuter dans leur prix. Dans le fond, c'est juste et pertinent dans une économie de marché. Aux consommateurs alors, par leurs comportements d'acheteur de peser sur les prix. Quand la demande est inférieure à l'offre, il paraît que les prix baissent.
2. - Comme Sarko ne peut pas augmenter les impôts (sauf à revenir sur ses promesses), la taxe carbone ne doit pas avoir d'impact sur la consommation globale des français et elle sera "intégralement redistribuée", sous la forme de "chèques verts" ou d'une réduction de l'impôt sur les revenus pour ceux qui ont le malheur de devoir le payer (un français sur deux seulement est redevable de l'impôt sur le revenu, ai-je découvert, mais avec un "bouclier fiscal" pour les plus gros revenus).
3. - A cette fin, elle sera d'un montant très faible de manière à ce que le particulier n'en ressente pas davantage l'impact que lors d'une hausse liée au cours des produits pétroliers;
4. - Il s'agit de la première éco-taxe française: soit une taxe dont l'objet n'est normalement pas de rapporter de l'argent, mais de modifier les comportements. Ah bon? Dans son aspect dissuasif, il est évident (cfr. point 3) que cette taxe n'aura aucune incidence sur les comportements, parce qu'elle ne sera pas assez dissuasive ou se heurtera à des comportements incompressibles. Se pourrait-il alors qu'elle ne serve qu'à rapporter de l'argent?
5. - L'électricité échappe à la taxation. Qu'elle soit nucléaire ou hydroélectrique ou marémotrice ou éolienne, elle n'émet pas de CO2, nous dit-on. Certes. Peut-on dire qu'elle ne suscite aucune nuisance? Dans cette discrimination, n'y a-t-il pas indirectement (ou implicitement) une aide d'Etat à des sociétés, jadis publiques, mais aujourd'hui privatisées, bénéficiant de la rente d'investissements qui ont été faits, à l'origine, par la collectivité?
6. - Comme toujours, la question de la justice distributive se pose. Les "citadins" bénéficient de transports en commun qui ne sont pas (ou plus) offerts aux "ruraux". Ceux-ci ne trouvent plus un service public de proximité (on a fermé des bureaux de poste, des gares, des écoles, des tribunaux, des hôpitaux). Et ceux qui ne peuvent pas changer de comportement, qu'en fait-on? Les pêcheurs et les mariniers, par exemple. Et ceux qui sont propriétaires d'un yacht?
Bref, beaucoup de poudre aux yeux, alors que, si vraiment il s'agit de trouver de l'argent, la suppression d'un certain bouclier fiscal pourrait suffire. Est-il inconcevable d'imposer plus la partie de la moitié des français dont le revenu est le plus élevé? Je ne parle même pas ici d'impôt sur la fortune, ni de comptes à l'étranger.
Pourquoi certaines photos nous touchent-elles plus que d'autres? Sans doute, parce que nous les trouvons belles.
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