Une émission sur l'adoption a été diffusée sur Fr3, lundi dernier (19/10/2009), à 20h35.
Elle a ravivé en moi bien des souvenirs et surtout suscité un profond malaise, qu'il m'est difficile de partager. Et pourtant, je vais tenter de le faire. Une fois encore, je vais partager des émotions, des sentiments. Je ne me prononce pas ici pour ou contre l'adoption.
La première chose que je citerai, c'est la séquence d'un couple français en Lettonie (je crois), dans un orphelinat, venus là sans intermédiaire, en vue de l'adoption d'une fratrie (3 enfants). Chaque enfant réagit selon ce qu'il est. L'aînée de la fratrie ne voulait pas trop de ces parents sortis de nulle part. L'enfant plus jeune est peut-être plus malléable. Pour avoir vécu à peu près la même chose au Brésil, j'étais choqué, mais vraiment choqué, par l'absence de discrétion entourant cette rencontre. La directrice, les nounous, la télé, trois enfants en pâture ... et tous les autres enfants, là, qui devaient se demander pourquoi on leur accordait si peu d'attention à eux. Et ces parents ... qui, alors qu'ils auraient dû vivre une aventure des plus intimes, acceptaient d'être filmés. On aurait dit qu'ils jouaient à être parents.
Deuxième impression: le côté - passez-moi l'expression - "nunuche", et des spécialistes de l'adoption, et des parents adoptifs. On est dans un monde de bébés, de dames patronnesses, de minauderies. On ne dit rien de ces enfants adoptés, une fois devenus grands et adultes. On n'en parle même pas aux parents. Des spécialistes ont, lors d'une commission, choisi tels parents, parmi plusieurs candidats, pour tel enfant. Je n'ai pas entendu beaucoup parler d'amour, ni d'avenir.
Troisième impression: rien n'est dit de ces couples. De leur motivation réelle. De leur vie affective et sexuelle. Les pères adoptants avaient parfois l'air plus "en manque" que les mères. Ce n'était pas le sujet du reportage, il est vrai. Il prétendait ne décrire que le point de vue de l'enfant adopté. Mais celui-ci a-t-il seulement été exprimé?
Au risque de paraître dur, je voudrais énoncer quatre réflexions:
- l'adoption AU GRAND JAMAIS ne doit être utilisée comme un moyen pour conforter un couple bancal (quelle qu'en soit la raison);
- pour mener à bien un projet d'adoption, il ne suffit pas, mais vraiment pas, d'avoir un désir d'enfant ou de la générosité à revendre. Ce ne sont pas de bons motifs. A certains moments, même l'amour ne suffit pas;
- l'adoption, c'est une mise en danger autant pour l'enfant que pour les parents. Il arrive qu'on en sorte brisé matériellement et psychiquement;
- aux candidats qui se présentent pour adopter de jeunes enfants, il faut dire que, quand les enfants seront grands et poseront parfois des problèmes bien plus graves que simplement ceux de l'adolescence, par exemple, il n'y aura plus personne pour vous aider dans les organismes d'adoption.
Dieu sait pourtant si j'éprouve du bonheur avec les petits enfants.
Ce matin, je croisais dans le hall d'entrée un couple de jeunes voisins. Ils sont bizarrement assortis, mais bon. Disons que le papa est très féminin, doux, un peu maniéré et la maman plutôt du style énergique, un peu cheftaine scoute. Ils ont un petit garçon de 17 mois. Adorable. Ils étaient chargés. Je tiens la porte. Et puis la maman dit à son petit: "Allez, M., tu viens!". J'ai offert ma main au petit garçon "Tu viens, M., on va rejoindre papa et maman?". Il a pris ma main en toute confiance. Je vous assure qu'à ce moment-là je me suis senti TRES heureux.
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