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jeudi 29 octobre 2009

29 octobre 2009

Etrange sentiment: je ne vis pas dans le même espace-temps que les autres. Quand ma faculté me demande de me faire suppléer pour le dernier cours qui me restait, ce n'est pas mon incompétence qui est avancée, ni mes médiocres qualités pédagogiques, mais le fait que je suis imprévisible en termes d'horaire et de présence. Cela est, il est vrai, extrêmement préoccupant. Au palais de justice, on parlerait tout naturellement de remise. Il est fort rare qu'un médecin qui a fixé un rendez-vous soit là à l'heure. Il faut quand même être clair sur mon imprévisibilité: il ne s'agit jamais d'un caprice. Et, en termes de cours donné, je ne suis pas plus absent que d'autres. Et, si j'en crois, ce que des étudiants me disent, ils n'estiment pas avoir été mal formés par moi.
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Je pourrais en nourrir une grande amertume. Cela n'est  pas le cas, et je vais expliquer pourquoi. Car, je médite beaucoup à ce propos.

Si mon employeur était une société privée, je me serais peut-être déjà suicidé sur mon lieu de travail ou j'aurais été licencié. Je remercie donc l'Université de me permettre de survivre.

J.P. m'explique qu'il peut faire face à un agenda de marathonien, parce que sa fonction comporte des responsabilités et qu'il les assume. Cela ne peut pas être la seule explication. Il est, à mon avis, impossible de vouer toute sa vie à des responsabilités que l'on assume. De plus, ce n'est pas ma vocation à moi, mon charisme. Ma vocation, à moi, n'est pas d'agir, mais d'être, et d'échanger avec d'autres un peu de cet être. Cela n'est pas très rentable, j'en conviens. Mais cela a été plus d'une fois utile.

J'essaye de cultiver seulement deux vertus: l'honnêteté et la sincérité. On ne peut pas être vertueux en tout. Mais, quand on reçoit la charge de la formation de jeunes gens, leur apprendre et leur donner l'exemple de ces deux vertus me paraît plus important que tout (loin avant l'efficacité). Et chaque étudiant qui m'a été confié a toujours été pour moi le principal objet de ma profession. Les deux pieds dedans!

Il n'y a pas si longtemps, on expliquait encore que le propre de l'université était que l'enseignement y était nourri par la recherche. Et, comme le soulignait un jour mon collègue Michel Pâques, qu'est ce que la recherche en droit, sinon la tentative de connaître un corps vivant en quotidienne mutation? D'y déceler, après contemplation, des voies de réflexion. Depuis une dizaine d'années, un nouveau paradigme a été peu à peu imposé: l'enseignement du droit doit se nourrir de la pratique (on ne dit plus de la recherche, c'est-à-dire la réflexion). On a, dans la foulée, engagé comme enseignant des praticiens (un peu comme à HEC); aux autres, on a fortement recommandé d'avoir au moins un pied  dans la pratique et l'autre à l'université. Comme mes collègues plus jeunes sont des "surhommes", ils sont même capables de beaucoup plus que cela. A croire qu'ils ont trois pieds. Ils doivent être des "tripodes", alors que moi je ne suis que bipède.

"Si on l'a dit, on le fait". Il m'a bluffé, M. Il est venu, malgré le rendez-vous très matinal. C'est un garçon fort attachant, intéressant, un peu insaisissable. Nous avons passé deux heures de conversation fort agréables. Quand nous nous sommes quittés, il m'a demandé s'il y aurait d'autres conversations comme celle-là. Comment dire: non?

Bientôt, un nouveau projet de spectacle Balis ... peut-être n'aurai-je pas le droit d'y être actif?

En avant-première, en tout cas:





Bientôt au Portugal ....


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