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vendredi 18 décembre 2009

17 décembre 2009

Plus de 25 ans après ma première lecture, je viens de relire Les amitiés particulières de Roger Peyrefitte (1907-2000). Ce roman, écrit en 1943, et paru en 1944 (éd. J. Vigneau), obtint le prix Renaudot en 1945.

L'intrigue tourne autour de Georges de Sarre, un garçon de quatorze ans envoyé dans un internat jésuite dans la France des années 1920.  Ce monde qui se recommande de la rigueur dans les études, de la discipline et de la religion dissimule des passions, des sentiments, des émotions qu'il n'est pas convenable de dire.
Georges y entame une « amitié particulière », c'est-à-dire une amitié pleine de sous-entendus homosexuels, avec un élève de douze ans, le ravissant Alexandre. Les prêtres qui dirigent l'école désapprouvent ce genre de relation, même si elle ne va pas plus loin que quelques baisers et des poèmes d'amour et ne rentre jamais dans le domaine sexuel. En dépit de la condamnation affichée de la pédérastie, certains des prêtres cultivent en eux - et cachent plus ou moins habilement - les mêmes sentiments homosexuels envers certains garçons qui leur sont confiés.
Un d'entre eux, le Père de Trennes, aime inviter des garçons à le rejoindre dans sa chambre la nuit pour boire quelques verres et fumer quelques cigarettes. Suite à la découverte par celui-ci de l'amitié qui lie Alexandre et Georges, ce dernier, agissant par ruse, fait renvoyer le Père de Trennes grâce une lettre anonyme. Cependant le Père Lauzon, ami de la famille d'Alexandre et protecteur du garçon, apprend leur relation et exige qu'elle prenne fin immédiatement.
Lauzon impose à Georges de renvoyer à Alexandre les lettres d'amour qu'il avait reçues de lui, ce qui, à l'époque du roman, signifiait la fin de la relation. Malheureusement, Alexandre ne peut pas se rendre compte que Georges a été forcé à agir ainsi - bien qu'en réalité ses sentiments à son égard n'aient pas changé - et met fin à ses jours.




Ce texte m'inspire les réflexions suivantes:
- j'ai été élève dans un collège de jésuites à la fin des années 1960. J'étais externe (plus précisément, j'étais "quart campagne", parce que je ne prenais pas le repas chaud à midi, mais mangeait mon pic-nic). Des choses avaient changé, heureusement, mais ce roman me renvoie pourtant à de nombreuses expériences personnelles (les salles d'études, les billets, la confession hebdomadaire, le "père spirituel", les différents préfets, le père un peu ambigu dont la chambre était porte ouverte à la récréation et après les cours ...).
- l'hypocrisie et les non-dits sont encore bien actuels, dans beaucoup de milieux;
- je ne cesserai jamais de dire et redire que le domaine du sentiment, de l'affection, de l'amour mérite le plus grand respect. Le droit ou la morale y seront toujours des parasites. A une condition, essentielle: ceux qui s'aiment doivent l'un et l'autre être libres (je veux dire par là qu'ils ne peuvent pas être contraints ou sous influence). La vérification de cette condition est peut-être moins simple que je ne le dis;
- mon expérience de vie n'a cessé de me démontrer la très grande diversité de nuances que peut prendre une relation. Il devient alors assez vain de se demander si c'est de l'amitié ou de l'amour.

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