Je ne choisis pas d'aborder ce sujet à cause du temps morose et pluvieux, mais parce qu'un ami blogger a récemment abordé le sujet, dans une chronique d'une grande érudition.
http://jmomusique.skynetblogs.be/archive/2010/11/08/introspection.html
Il évoque, dans sa chronique, l'introspection et l'illustre à travers des représentations sculpturales s'échelonnant du haut Moyen-Age jusqu'à aujourd'hui. Un fil conducteur: le regard qui se porte ailleurs. On ne sait pas, et on ne dit pas, où il se porte. Mais on devine au fond de ces regards une part de tristesse. Comme si l'intérieur et l'extérieur ne coïncidaient pas.
La lecture de cette chronique m'a remis en mémoire un ouvrage qu'une amie, qui doit bien me connaître, m'a offert pour mon 50ème anniversaire: MELANCOLIE - Génie et folie en Occident (sous la direction de Jean Clair). Cet ouvrage, daté de 2005, a été composé à l'occasion d'une exposition organisée conjointement à Paris et à Berlin.
La mélancolie est-elle le propre de "ceux qui pensent les choses jusqu'au bout", comme le dit en préface la ministre d'Etat allemande, chargée de la culture et des media? Il est remarquable que, dans le monde mondialisé, le terme "mélancolie" s'identifie presque toujours au vague à l'âme et à une espèce d'abandon complaisant à la paresse. C'est oublier la puissance créatrice - cette énergie de la profondeur - de ceux qui, de tout temps, passent par des moments d'humeur noire.
Je suis convaincu, pour ma part, que, sans une plongée "au fond du fond" de l'être, les oeuvres peuvent exister, mais pas bouleverser.
Une fois de plus, je vais passer pour plus catholique que le pape ... mais l'ascension de Jésus, n'aurait pas pu avoir lieu, s'il n'était d'abord passé par le fond du gouffre. Il est intéressant de noter que, dans les églises orientales, l'accent est mis davantage sur l'ascension que sur la résurrection. "Qui s'abaisse sera élevé". Un double mouvement que comprennent bien les maniaco-dépressifs et les cyclothymiques.
Je précisais qu'il me paraissait convenable de parler de "mélancolies" (avec -s). Il est en effet des mélancolies stériles et d'autres fécondes, sans lesquels certains génies n'auraient pu nous livrer ce qu'ils nous ont livré.
Merci pour le commentaire et le lien vers mon blog.
RépondreSupprimerC'est bien de ce superbe ouvrage sur la mélancolie que m'est venue l'idée de rédiger ce texte et, d'ailleurs, la description sur l'Homme accoudé de Nicolas de Leyde en est directement inspirée. Je crois aussi que les mélancolies sont diverses, fécondes ou stériles. Je crois qu'elles peuvent, dans le cas de personnes en bonne santé,se révéler initiatiques et participer à la connaissance de soi-même et à la vision du monde que tout être humain cherche à avoir.