Rechercher dans ce blog

samedi 26 février 2011

Divers aspects de l'université un peu partout dans le monde

Je ne m'attarderai pas sur l'anecdote suivante: le parlement du Texas est favorable à ce que les professeurs et les étudiants des universités puissent porter sur le campus une arme, seul moyen de se défendre en cas de fusillade. Cela donne vraiment envie d'envoyer ses enfants dans les campus du Texas.

http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2011/02/23/flingue-le-texas-veut-autoriser-les-armes-a-luniversite/

En nos Etats, beaucoup plus pacifiques, on se contente, comme à l'Université de Liège, d'interdire l'usage du tabac dans tous les bâtiments universitaires. Cela en dit long sur les priorités des uns et des autres.

En France, la délicieuse (?) Valérie Pécresse a décidé de légiférer à propos des "week-ends d'intégration" au cours desquels certains étudiants, un peu trop imbibés, se livreraient à des excès intolérables ayant parfois des conséquences dramatiques. Ce faisant, elle suit fidèlement le propos présidentiel:  tout fait divers doit être suivi d'une loi. S'agira-t-il de mesures préventives ou répressives et surtout de mesures utiles et efficaces? Ce qui m'a amusé, dans les propos de la ministre, tels qu'ils ont été rapportés dans la presse, c'est le vocabulaire. Le bizutage (en Belgique, "le baptême") devient, sous la plume de celle-ci, un "week-end d'intégration". Décidément inspirée, quand il s'agit d'inventer de nouveaux mots et expressions, elle appelle à une régulation des rapports entre les "alcooliers" (sic) qui sponsorisent parfois ces événements estudiantins et les étudiant eux-mêmes. Le mot "alcoolier" existe-t-il dans la langue française? Mon ami Robert n'en a pas connaissance.

http://www.liberation.fr/societe/01012321979-pecresse-annonce-une-loi-pour-encadrer-les-weekends-d-integration

Elle ne sera pas la première, mais elle entend être à la proue: l'UCL  (Université Catholique de Louvain) a décidé d'une nouvelle orientation dans ses enseignements. Ceux-ci dorénavant seront davantage définis en fonction des "learning outcomes", en clair, des compétences requises sur le marché de l'emploi définies en coordination avec les employeurs potentiels.

http://www.lalibre.be/actu/brabant/article/644431/l-ucl-revoit-ses-programmes.html

L'idée n'est pas mauvaise en soi. Elle est même très tendance. Elle soulève pourtant bien des questions.

Deux réflexions à ce propos, sans prétendre épuiser le sujet:

- il ne faudrait pas que pèse sur l'université tous les défis. A chacun son rôle. L'université doit, selon moi, être, et rester, l'endroit où un certain savoir est détenu et où on réfléchit à propos de celui-ci pour faire, on l'espère, avancer les choses, en toute liberté et indépendance. Chaque filière d'études a sa spécificité. Parlons de celle que je connais le mieux: les études juridiques. Pour accéder à la plupart des professions juridiques, un stage professionnel est requis que ce soit au barreau, pour devenir notaire ou dans la magistrature. On y complète la formation intellectuelle reçue à l'université par une mise en situation. Quant aux professions juridiques, dans le privé, on imagine qu'une période probatoire y est aussi la règle. Ma crainte est la suivante. Il semble bien que l'on attende aujourd'hui de l'université de former de jeunes diplômés "prêts à l'emploi". On présente cela comme le résultat d'un meilleur dialogue entre l'université et le marché du travail. J'en doute. J'y vois plutôt deux effets pervers. Le premier se révèle dans une confusion des rôles. Elle fait peser sur l'université des missions, et une sélection, qui ne devraient pas relever de ses attributions. Le second, qui est le corollaire du premier, est que l'université perd de plus en plus son âme dans cette logique utilitariste et "professionnalisante";

- on s'est souvent amusé du cours de "Droit vétérinaire" organisé à l'université de Liège. Il trouve son origine dans le constat que le vétérinaire, dans sa vie professionnelle, peut être confronté à des questions juridiques (responsabilité, TVA, règles déontologiques, ...). Il s'agit donc bien de répondre à un besoin lié à l'exercice d'une profession déterminée, l'illustration en d'autres termes du dialogue entre l'université et le monde du travail. Mais il faut alors inscrire un cours de droit dans TOUTES les filières de l'université. Les futurs médecins, les futurs kinés, les futurs enseignants, les futurs journalistes,  les futurs psychologues, les futurs philosophes pourront être, un jour ou l'autre, confrontés à un problème juridique. De la même manière, tous ces futurs universitaires seront, un jour ou l'autre, confrontés à des questions philosophiques, économiques, sociologiques, psychologiques ... Cela voudrait-il dire qu'un tronc commun à toutes les disciplines universitaires est nécessaire? Si oui, quand et comment? Je me remémore les débats, à l'occasion des réformes des programmes des études en droit, à la suite du processus dit "de Bologne". Certains plaidaient pour un renforcement des cours de droit positif au cours des trois premières années: après trois années d'études, le diplôme devait avoir une valeur sur le marché du travail. Heureusement, à la faculté de droit de Liège, un compromis a pu être trouvé. Il n'en reste pas moins que ne cessent de se poser à la fois la question du contenu des enseignements proposés à l'université et celle de leur finalité.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.