C'est l'histoire d'un couple de garçons et d'un enfant Samuel. Un enfant enfin dans les bras de son père, de ses deux pères.
http://www.lesoir.be/actualite/belgique/2011-02-26/un-couple-gay-belge-a-enfin-recupere-son-fils-adoptif-824754.php
Ils ont eu recours à une mère porteuse en Ukraine. La femme qui a donné le jour à cet enfant peut-elle être appelée sa mère? Elle l'a fait pour de l'argent. Elle a été un ventre porteur moyennant finances. Est-ce bien? C'est un fait. Elle ne peut pas, à mon avis, vraiment être considérée comme la mère de cet enfant.
Je l'ai déjà dit, je suis plus que réticent à l'idée du désir d'enfant "à tout prix". Pour ceux qui veulent un enfant à tout prix, cependant, le moyen importe peu, qu'il s'agisse de l'adoption, de la procréation médicalement assistée ou du recours à une mère porteuse. Peut-on les juger?
Les deux papas auraient sans doute préféré que leur histoire ne soit pas médiatisée. Elle l'a été parce que leur histoire est devenue une affaire diplomatique et l'expression de législations rétrogrades et inhumaines.
J'ai beaucoup hésité à publier la photo d'un des deux papas tenant son fils dans ses bras. Je le fais parce que, dans cette photo, je me revois moi-même, il y a 29 ans, dans un orphelinat de Porto Alegre, au Brésil.
Puis quelques années plus tard, à l'aéroport de Zaventem, quand un deuxième petit est arrivé dans un couffin, tellement petit que je n'avais plus trop ma place. C'était alors bien entendu l'affaire des femmes: A., les grand-mères, les tantes ...
Moi, je n'étais pas un papa gay au départ, mais j'étais déjà un papa gay pourtant.
C'est difficile à expliquer. Pour mes fils, jamais je n'aurai été un "papa comme les autres". L'attachement qu'ils me témoignent me rassure. Pour eux, il valait mieux que je sois moi-même. Je leur offre peut-être des choses que d'autres papas n'offrent pas. Cependant, ils me disent parfois avoir besoin d'un modèle plus puissant, plus ambitieux, plus combatif. Or, je ne puis leur offrir que ma connivence, mon écoute, ma sensibilité, ma présence, mon soutien indéfectible, la sécurité. Je me rassure parfois en me disant qu'ils trouvent chez moi autant un père qu'une mère et qu'ils trouvent fort bien en dehors de moi des modèles masculins.
Depuis une dizaine de jours, je converse avec un garçon qui ne trouve ni chez son père, ni chez sa mère, l'attention qu'il voudrait. Comme moi je le suis, il n'est pas "comme les autres" et cette différence n'est pas reconnue. Il veut, par conséquent, qu'on le lui dise. Il doute de lui et des autres: il veut se plaire à lui-même et plaire aux autres. Il attend beaucoup d'interlocuteurs masculins plus âgés que lui pour avancer.
Pourquoi l'évoquer ici? Parce que cette expérience toute récente me conduit une fois encore à réfléchir à mon rôle paternel. Etre père, c'est beaucoup plus qu'être un géniteur. Et on peut être père, sans être géniteur. Je ne suis pas le géniteur de mes deux fils, mais ils m'ont reconnu comme père. N'est-ce pas là le noeud: la reconnaissance. Etre reconnu comme père, être reconnu comme fils.
J'en reviens aux deux papas et au petit Samuel. Je ne connais pas les deux papas, mais je sens que leur amour est grand. Si grand qu'il fera taire les commentaires désobligeants et étroits d'esprit qui malheureusement caractérisent tellement les commentaires des lecteurs sur les sites des journaux.
J'embrasse affectueusement Samuel et ses deux papas.
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Il y a 11 mois
Mon Samuel à moi m'a dit qu'une chose le dérangeait dans mon texte, c'est quand je dis que je ne suis pas le géniteur de mes deux fils. Il m'a déclaré ceci: je veux que tu sois mon papa à 100 %, car tu l'es.
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