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dimanche 6 février 2011

Le vieil homme

Ce matin même, sur le marché de la Batte, j'ai rencontré un vieil homme. Nos regards se sont croisés. Il était dépenaillé. Jamais, je n'avais vu quelqu'un comme lui, ainsi vêtu, avec des vêtements tout troués, faisant ses courses.


Je me suis beaucoup interrogé sur mon regard sur lui et sur son regard sur moi. J'ai été surpris, mais il était déjà parti avant que je ne réalise vraiment. J'étais là avec mes bons fromages, mon poisson, mes charcuteries italiennes. Pas seulement pour moi, je les avais achetées aussi pour Sam et pour N. que j'ai invité à dîner mardi. Qu'a-t-il pensé de moi? A-t-il perçu mes bons sentiments?


J'ai eu honte un instant. Un instant, car il fallait continuer comme avant, comme toujours ...


Je ne suis pas allé à la messe, ce dimanche. Je me sentais mal à mon réveil, fatigué, sans envie, déprimé. J'aurais dû rejoindre ma communauté de Wavreumont, là où mon coeur s'ouvre.


J'ai cherché à lire, cet après-midi, les textes de la liturgie de ce dimanche. Ils disaient: "recueille chez toi le malheureux sans abri, couvre celui que tu verras sans vêtement, ne te dérobe pas à ton semblable. Alors ta lumière jaillira comme l'aurore, et tes forces reviendront rapidement" (Esaie, 58, 7-8).


Une fois de plus, en plein dans le mille! 


Mais pour quoi faire et comment?


Frère Etienne a dit ceci, ce matin, à ceux qui étaient là:


 "... si Isaïe met bien devant nos yeux la situation dramatique du sans abri, qui n'a pas à manger, il ne nous donne pas le mode d'emploi de la réponse humanitaire à donner. Il nous dit simplement: partage, couvre, ne te dérobe pas. Il ne nous dit pas comment on fait cela dans les différents contextes où nous nous trouvons. Il ne nous dit pas non plus que c'est Dieu qui va nous montrer le chemin et  nous expliquer les règles du jeu. Il se contente de provoquer un face à face et nous dit que nous pouvons chercher dans nos propres ressources les réponses à apporter. C'est de ta lumière et de ta justice dont il est ici question. Dieu, dit-il, t'accompagnera sur ce chemin-là. Il ne te montrera pas le chemin: il marchera à tes côtés, il te fait confiance.


La solidarité n'est pas simplement une question de bons sentiments. Elle ne provient pas non plus d'un désir plus ou moins rationnel d'équilibre des forces économiques ... La vraie solidarité juge le monde, parce qu'elle met le doigt sur ses dysfonctionnements les plus douloureux ... Celui qui ouvre son coeur, d'une manière comme d'une autre, à la détresse de l'autre, quelle qu'elle soit, accepte, je crois, de reconnaître en lui cette blessure fondamentale, qu'il porte lui aussi et qui en fait, différemment mais réellement, un petit".



























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