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dimanche 13 février 2011

La Tunisie, l'Egypte, les cyniques et moi

J'ai suivi de très près les révolutions tunisienne, puis égyptienne, parce qu'il m'a semblé que quelque chose d'important se jouait, et se joue, encore là-bas. N'étant pas sur place, j'ai bien entendu vécu les événements par procuration, à travers les media, mais pas seulement. J'ai beaucoup évoqué le sujet avec des amis d'ici et de là-bas au sens large (par internet).

Pendant ce temps, j'ai enregistré aussi les propos de quelques-uns d'ici, notamment sur Facebook:
- "Je ne partage définitivement pas l'enthousiasme entourant les révolutions arabes. Faire quitter le pouvoir à un cancéreux de 82 ans, est-ce cela la révolution? Quant à ce stupide Obama, il nous donne encore une fulgurante vision de la pensée américaine. Laisser tomber un homme qu'on a maintenu au pouvoir à raison de 1,5 milliards de dollars d'aide par an, puis parler de transition vers la démocratie, c'est lamentable. Franchement, si un régime islamiste en Egypte leur permet de ne plus avoir à supporter les cohortes de touristes en short qui s'extasient devant les pyramides ...";
- "Combien, parmi ceux qui s'intéressent aujourd'hui, parce que les media en parlent, aux révolutions arabes n'ont-ils pas passé leurs vacances en Egypte ou en Tunisie? Moi, je ne fréquente en touriste que les pays qui ne sont pas des dictatures";
- "Le panurgisme révolutionnaire: le panurgisme des révolutionnaires en peau de lapin, ceux qui regardent les autres faire leurs "révolutions" en s'extasiant et en fantasmant depuis le confort douillet d'une vielle démocratie qui n'offre plus la possibilité d'être soi-même révolutionnaire. On projette alors sur d'autres, surtout quand ils nous renvoient l'image que l'on attend, celle d'un peuple qui se libère".

Un commentaire sur internet m'a paru très juste: "symétriquement, il faudrait aussi parler du panurgisme des cyniques, qui se reconnaissent les uns les autres dans ce caractère, en fantasmant d'appartenir à la race des seigneurs; ceux qui par dépit de ne pouvoir en quoi que ce soit présider aux mouvements de la foule, la méprise comme un troupeau de bêtes ...".

Mon analyse à moi, qui vaut ce qu'elle vaut, est la suivante:
- il s'agit d'un mouvement populaire (une manipulation par les grandes puissances étrangères semble peu probable: l'embarras des Etats-Unis en témoigne, l'angoisse dans les autres pays arabes et en Israël aussi);
- le peuple a manifesté pacifiquement et, quand il y a eu violence, elle est toujours venue du pouvoir, pas des manifestants;
- nous occidentaux, avons un peu de peine avec la figure du martyr; en l'espèce, celui qui s'immole par désespoir, mais surtout pour une cause;
- ce mouvement populaire repose sur des revendications simples et claires: la liberté (de penser, d'agir, de s'exprimer), la justice sociale et la démocratie, au sens premier du terme: le pouvoir "par" et "pour" le peuple;
- la religion est restée absente du mouvement. Les aspirations exprimées se situaient en dehors.

Ceci témoigne d'une grande maturité et permet d'espérer dans l'avenir. De quoi, l'avenir sera-t-il fait? Nul ne le sait exactement. J'ai, pour ma part, la conviction que le peuple n'acceptera pas que sa révolution soit récupérée par qui que ce soit (les anciens du régime, les militaires, les religieux, les occidentaux).

Le défi est immense: car il faut créer et structurer un espace pour un libre débat politique en vue d'élections libres, là où cela n'existait pas.

Je fais confiance à la créativité des principaux concernés. Nos vieilles démocraties occidentales semblent tellement enrayées ou dévoyées que je me mets à rêver d'un modèle de démocratie arabe qui puisse nous faire la leçon.

Cela serait une belle page d'histoire. Un retour de balancier. N'oublions pas ce que la pensée musulmane a apporté à la pensée occidentale par le passé.

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