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lundi 19 décembre 2011

Je vous salue, Marie

Pour bien des gens, " Je vous salue, Marie, pleine de grâces ", cela représente des mots, des mots dits - ou chantés - par coeur, en chapelet parfois, dans une infinité de langues de par le monde. Cela représente une manière simple de prier, de se confier, de se décharger - fût-ce symboliquement - d'un fardeau que l'on sent trop lourd ou d'un manque affectif.

Il faut, une fois au moins dans sa vie, aller à Lourdes, non comme touriste, mais comme accompagnant de personnes blessées, et dire, avec elles, en même temps qu'elles : " Je vous salue, Marie ". Même si vous ne priez généralement pas avec ces mots-là, même si vous ne priez jamais, et même si vous n'êtes pas croyant, faites-le simplement, sans réfléchir, avec celui que vous accompagnez. Je vous garantis que vous allez vous sentir transformé. C'est cela le miracle de Lourdes et non pas les apparitions, les guérisons inexpliquées, la source. J'ai vécu cette expérience. Elle n'a pas toujours été facile, je vous préviens. J'ai été confronté à des situations que je n'avais pas imaginées, parfois très prosaïques. Mais le miracle du lien créé avec ceux qui m'étaient confiés m'auraient fait soulever les montagnes proches. Cela m'a marqué pour toujours.

Mais, mon propos de ce jour n'est pas celui-là.

Je suis surpris de constater à quel point la salutation de Gabriel à Marie a marqué les esprits, au point que certains parmi les moins susceptibles d'être croyants ont cru utile de s'y référer (qu'ils en détournent le propos m'importe peu ; ce qui compte c'est qu'ils n'ont pas pu s'empêcher de dire eux aussi : " Je vous salue Marie "). Ainsi de Jean-Luc Godard, en 1985, avec son film "Je vous salue Marie ". Ou quand Georges Brasssens chante, dans " La prière ", des vers de Francis Jammes (1868-1938), issus de son poème Rosaire. Et puis tous ces peintres, croyants ou non, qui ont représenté l'événement,  et que tant de croyants, ou non, contemplent dans les églises et les musées.

Mais il y a avant tout le récit de l'évangéliste Luc (1, 26-38).

Un récit qui peut paraître simplet, avec un ange nommé Gabriel, une jeune vierge nommée Marie, et un Esprit Saint qui, pour permettre à la vierge d'enfanter, sans l'intermédiaire de Joseph auquel la vierge est promise, viendra sur elle et la prendra sous son ombre. De quoi imaginer bien des scénarios !

Le croyant d'aujourd'hui sait très bien que ce récit ne relate rien de réel.

Le croyant d'aujourd'hui lit, dans ce récit, bien d'autres choses. Je veux vous en confier deux.

Les plans de Dieu sont toujours surprenants, inattendus, voire invraisemblables.


Enfanter un enfant avec un grand destin ? Comment veux-tu, Gabriel, que je donne naissance à un enfant ; je suis vierge, je n'ai jamais connu d'homme, dit Marie.

J'aime beaucoup la réaction de Marie, pétrie de bon sens. N'est-ce pas ainsi que nous réagissons (parfois, souvent .. cela dépend de notre caractère) ? Par exemple, quand il nous arrive de dire, de penser ou de rêver une chose impossible à nos yeux. Nous opposons alors frileusement notre bon sens. Et nous passons peut-être à côté de ce que Dieu nous propose.

Les naissances impossibles sont pourtant légion dans la Bible : que de femmes stériles ou trop âgées qui finissent par enfanter : Saraï, femme d'Abraham et mère d'Isaac (Gn, 18, 10-15) ; Anne, mère de Samuel (1 Sam, 1); Elizabeth (Lc, 1, 36), par exemple.

Dieu serait-il celui qui fait naître la vie quand on ne l'espère plus ?
Dieu suggérerait-il aussi que la stérilité ne rend pas nécessairement infécond ?
On peut enfanter de tant de façons.

Le récit indique aussi, me semble-t-il, que le plan de Dieu n'emprunte pas toujours les voies les plus naturelles, je veux dire les les plus conformes à l'ordre établi ou attendu.

Dieu serait-il anti-conformiste ? Je n'en ai jamais douté.

Si les plans de Dieu sont toujours surprenants, inattendus, voire invraisemblables, je gagne en espérance. Mon parcours de vie ne m'exclut pas du plan de Dieu, peut-être était-ce son plan d'ailleurs ? Et je n'ai rien à perdre à être l'ouvrier de la onzième heure (Mt, 20, 1-16).

Les plans de Dieu ne se réalisent jamais sans un consentement.


"Que tout se passe pour moi selon ta parole" (Lc, 1, 18). Loin d'être une soumission de Marie au message de Gabriel, ces mots signifient un consentement, ce qui sous-entend une liberté. N'a-t-elle pas eu précédemment, dans le récit, tout loisir d'exprimer ses doutes, ses objections, ses questions ? N'hésitons jamais à les exprimer ; après, tout dépend de notre liberté.

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