Le tragique et spectaculaire accident d'autocar survenu, il y a quelques jours, à Sierre, en Suisse, avec son effroyable lot de victimes directes et collatérales (je pense aux familles) a suscité une vague d'émotion réelle dans le pays.
Elle est amplifiée par le fait que la plupart des victimes sont des enfants (22 enfants tués). De nombreux pères et mères s'imaginent à la place des parents de ces jeunes enfants. Les condisciples des jeunes victimes ne sont pas moins concernés. Ils ne reverront plus certains de leurs amis et doivent se dire qu'ils auraient pu être à leur place. C'est dire si le traumatisme est grand et touche un grand nombre de personnes de tous âges.
Comment réagir face à un tel événement ?
D'abord se taire pour communier. Ou confier à d'autres les mots justes.
J'ai ainsi apprécié, pour sa grande justesse, l'hommage de mon ami J.P.R. renvoyant aux Kindertotenlieder de Malher.
http://rousseaumusique.blog.com/2012/03/14/kindertotenlieder/
J'aime aussi Gabriel Ringlet quand il évoque, dans la Libre Belgique de ce jour, Dostoïevski : " Si vous considérez que Dieu est un Dieu tout puissant, censé régler vos problèmes dans l'heure, alors, après un tel événement, vous devenez incroyant sur le champ, car vous ne pouvez plus le reconnaître, il ne peut appeler que votre colère. Mais si, comme moi, cvotere vision est celle d'un Dieu fragile, qui souffre de ma souffrance, qui marche à mes côtés, cela change votre ref-gard. Dostoïevski disait que si l'enfer existe, alors Dieu s'y trouve et il ne le quittera pas tant que le denier homme n'en sera pas sorti. Les parents des victimes, les victimes elles-même sont en enfer et Dieu est en enfer avec eux. Il restera à leurs côtés et n'en sortira que quand ils en sermon eux-même sortis".
Les media ont, dans un premier temps, joué leur rôle d'information, pour bien vite céder au sensationnalisme : je ne vois pas en quoi la qualité de l'information se trouve améliorée quand elle filme et exhibe (avec leur accord ?) les visages bouleversés et défaits de parents, de sauveteurs, du responsable de la police du Valais ou quand elle interroge des passants dans la rue qui témoignent avec un trémolo dans la voix. Cela manque de dignité. Je salue la décision des autorités suisses et belges de tenir à distance des familles les media. Il faut permettre à ces familles blessées de vivre cette blessure intime dans l'intimité.
Le gouvernement a décidé d'un jour de deuil national (drapeaux en berne) et d'une minute de silence, ce matin, à onze heures, en hommage aux familles et aux victimes.
La mesure est exceptionnelle. Elle est le plus souvent réservée au décès d'un souverain.
Le gouvernement a-t-il voulu en faire trop dans la compassion ?
Certains le pensent et, sur les forums, on peut lire une fois de plus tous les amalgames, tous les raccourcis, toutes les comparaisons égoïstes, possibles et imaginables. Certains jours, il y a vraiment de quoi désespérer de ses semblables. D'autres sont déjà passés à autre chose et s'estiment saoulés par l'envahissement de leur univers par cet événement.
Il semble que l'initiative du gouvernement, que je trouve légitime, a été suivie dans certains cénacles. N'étant point à onze heures dans un lieu public, mais chez moi, j'ai fait une minute de silence que je pensais être close, d'après ce qui avait été annoncé, par les cloches des églises sonnant le glas et les sirènes dans les casernes de pompiers. Je n'ai pas vu de bus à l'arrêt, ni de passants s'arrêtant de marcher ; de sirènes il n'y en eut point et, seule, une pauvre église sur les nombreuses églises que compte ma ville a sonné le glas.
Bref, ce deuil national ne m'a pas paru en être un à la mesure du lieu où je vis.
L'initiative était-elle adéquate ? A moins que l'émotion médiatisée et officielle ne corresponde pas vraiment à ce qu'éprouve la population. Cruelle question.
Asphalt Jungle, un podcast littéraire à découvrir !
Il y a 11 mois
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