Que de bonnes nouvelles pour la Belgique depuis quelques jours!
Exprimées par des autorités ou institutions extra-étatiques.
L'Office européen de statistiques révèle que des 27 pays de l'Union européenne, la Belgique se trouve en troisième position (44 % du P.I.B.), derrière le Danemark (48,7 %) et la Suède (48,3 %), en ce qui concerne la pression fiscale et parafiscale. Il n'y a qu'en Italie que les revenus du travail sont plus taxés. Les impôts sur la consommation sont au dessus de la moyenne européenne et la taxation du capital aussi! Cette information diffusée par l'Agence Belga, le 22 juin 2009, comprend néanmoins une nouvelle rassurante: même si on paie beaucoup plus d'impôts en Belgique qu'ailleurs, on en paie de moins en moins.
Le programme 2009-2013 du Gouvernement fédéral belge en vue d'une stabilité budgétaire, présenté à la Commission européenne, a été recalé de manière assez cinglante. Tout simplement, parce qu'il ne fournit pas les informations minimales qu'implique le Code de conduite européen. Le commissaire européen n'a pas mâché ses mots: "Il serait plus simple de dire ce qui s'y trouve que de détailler ce qui manque". Seconde session: le 20 septembre. Aucun commentaire du ministre compétent. Son secrétaire d'Etat au Budget se défend avec un argument qui fera date: "la Commission nous reproche ce que nous nous reprochons à nous-mêmes", car, si on en est là, c'est parce qu'il s'avère de plus en plus impossible de s'y retrouver dans l'Etat, non pas fédéral, non pas confédéral, mais "défédéré" qu'est l'Etat belge.
La réponse de D.R., comme toujours vaut de l'or. Selon lui, nous n'avons aucune raison de nous sentir particulièrement mis en cause, puisque d'autres (20 des Etats sur 27 de l'Union européenne, selon lui) le seront aussi.
Aujourd'hui, on peut lire l'information suivante: la dette publique, en Belgique, a représenté 89,7 % du P.I.B., en 2008, contre 84 %, en 2007. Une dette par habitant d'environ 30.000 euros! Elle pourrait à nouveau dépasser les 100 % en 2010, selon la Banque nationale. En Belgique, on paie de moins en moins d'impôt (d'un point de vue très relatif), mais on s'endette!
La France est-elle mieux gérée que la Belgique?
En France, les caisses de l'Etat sont vides depuis déjà près de deux ans. Pour secourir les banques, pour financer le bouclier fiscal accordé aux plus riches, pour financer la réduction de la T.V.A. dans l'Horeca, l'Etat doit emprunter! Sous les ors du palais de Versailles, pour un exercice médiatique au coût défiant tout entendement, Sarko, qui n'accepte pas qu'il y ait plus d'impôt, se trouve acculé à solliciter le portefeuille des particuliers, en leur proposant de souscrire à un grand emprunt de l'Etat de solidarité. Pour en arriver là, il faut que la barque soit prête à chavirer.
Cela relève pourtant d'une certaine manière de faire de la politique, celle qui consiste à remplacer ses responsabilités par des mots et à faire porter aux suivants les suites des choix qu'on pose, tout en se glorifiant d'avoir fait quelque chose. Aux Français, qui sont inquiets, face à la crise, voient leur situtation de plus en plus précaire, leur pouvoir d'achat réduit, leur espoir d'une retraite décente de plus en plus compromise, ce mec a le culot de dire: participez à un grand emprunt d'Etat populaire (sans autres précisions), pour financer les grands projets d'avenir de l'Etat. Espérons que les bénéficiaires du bouclier fiscal souscriront en masse à cet emprunt populaire, car je ne vois pas pourquoi les autres le feraient.
Face à tant de médiocrité et de basses manoeuvres, il reste l'émotion artistique. Il s'agit d'un rien parfois: un timbre de voix, une harmonie de couleurs, le son d'un orchestre, une photo. Je ne défends pas ici une vision réductrice: l'art doit aussi interroger, déranger, provoquer. Mais, je pense très humblement à ces moments où à l'écoute d'une plage musicale, ou après une lecture, ou encore un film, je me trouve joyeux ou heureusement triste.
J'ai lu que l'emprunt d'état était une fiscalité qui ne disait pas son nom, habile et perverse : il n'y a économiquement pas de choix de ne pas y souscrire, en fonction de ses revenus (impôt), car ceux qui ne prêtent pas rembourseront ceux qui ont prêté par l'impôt. Cela dit, et cela n'engage que moi, je trouve une telle formule interessante car respectueuse de la liberté, sauf pour les très bas revenus. Tous ont le choix de consacrer une partie de leur épargne à l'effort de relance. Ceux qui la dépensent à d'autres choses ou thésaurisent verront cette épargne ou consommée ou dévalorisée par l'inflation (si tant est que le taux de l'emprunt soit compétitif par rapport à l'inflation attendue, et pas celle actuelle).
RépondreSupprimer@ Y.H. Merci pour ton commentaire contructif. Je ne suis ni économiste, ni spécialiste des finances publiques. Quand l'Etat s'endette, on peut en effet considérer que la charge de la dette pèsera sur les générations futures. Il y a quelques années, la charge de la dette (voire son remboursement) était financée par de nouveaux emprunts. Spirale infernale et sans fin. On peut donc considérer qu'un accroissement actuel du niveau d'endettement de l'Etat ne pourra que se traduire par des impôts demain, ne fût-ce que pour financer les intérêts de la dette. C'est ce que je mets en exergue: ceux-là même qui ne jurent que par une réduction des impôts aujourd'hui lient en quelque sorte leurs successeurs qui ne pourront faire autrement que de percevoir des impôts supplémentaires compte tenu des choix faits par leurs prédecesseurs.
RépondreSupprimerQuand tu dis qu'un emprunt, contrairement à l'impôt, laisse un choix. C'est vrai en partie. Il y a eu aussi, dans l'histoire, pourtant des emprunts forcés. Cet argument de la liberté de souscrire ou non à l'emprunt tombe bien, car, vu la perte de confiance, la réaction normale de ceux qui ont le loisir de compter un peu est d'épargner, sans risque. C'est naturellement là-dessus que la proposition du président français surfe: une épargne populaire captable. Si j'en crois ce que je lis, les trois grands emprunts populaires de l'Etat français (Pinay, Giscard, Balladur) ont été une catastrophe pour les finances publiques. Comme il fallait attirer le chaland, il fallait aussi octroyer des avantages exceptionnels …. À chaque fois, ils ont étranglé l'Etat (au point que l'emprunt Baladur a été remboursé anticipativement, pour mettre fin au désastre). En Belgique, la dernière inititative du genre a été l'emprunt spécial de 1991. Les avantages octroyés, à l'époque, sont devenus la règle.
Si donc la charge de la dette publique ne peut raisonnablement être financée que par l'impôt, encore faut-il dire un mot du système fiscal. En Belgique, l'essentiel des recettes de l'Etat provient du précompte professionnel sur les salaires, traitements et pensions, ainsi que de la T.V.A., impôt sur la consommation. L'impôt sur le revenu ne concerne plus les faibles revenus et beaucoup de ceux qui peuvent prétendre à un revenu élevé ont trouvé le moyen de ne pas le payer. Ceux qui trinquent, en fait, ce sont les revenus moyens (moyennement faibles ou moyennement élevés). Est-il sot de penser qu'en cas d'emprunt spécial, les souscripteurs pourraient être ceux qui ne contribueront pas plus tard à la charge de la dette ainsi créée?
En résumé, il s'agit de savoir qui, dans une société, mérite le plus d'être protégé. Et de pouvoir justifier la protection qui lui est accordée. Sujet sensible. De toute évidence.