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samedi 27 juin 2009

27 juin 2009

Je vis dans une ville d'un peu plus de 200.000 habitants qui se permet d'avoir non seulement un centre-ville, mais un vrai quartier au-delà du centre. Celui où je vis. Outremeuse.

J'y vis depuis un peu plus de dix ans. Il me colle à la peau.

Connaissez-vous un seul endroit au monde où on est réveillé, le matin, par la fanfare du quartier et son "bia boukèt" (beau bouquet) pour annoncer l'été? Où le petit peuple est l'âme du quartier. Où toutes les cultures et les races se mélangent. Un quartier où l'on se parle. Et un quartier où il se passe toujours quelque chose.

Hier, il s'agissait de la 5ème nuit du court métrage, en plein air, gratuite, à 50 mètres de chez moi. Un écran géant dressé sur une péniche. La Meuse et les ponts illuminés comme décor.

L'imagination de ces jeunes réalisateurs, voire très jeunes réalisateurs, est étourdisssante et interpelante.

Ce serait bien, pendant l'été, un cinéma en plein air. L'architecte urbaniste qui a pensé à créer, à cet endroit, un amphithéatre, jusqu'à avoir les pieds dans l'eau, a vu juste.


Le matin, lors de la braderie, la fanfare de la Commune libre de Saint Pholien, son rubicond mayeur et ses personnages hauts en couleur en étaient déjà à leur quatrième pose au bistrot quand je suis arrivé vers … 11 h du matin.

A propos des personnages "hauts en couleur" du quartier, une petite expo assez réjouissant évoque des personnages ayant existé dont les surnoms sont délicieux:

- "Marcatchou", le pêcheur chanceux. J'habite en fait "Quai des Marcatchous" que l'on a rebaptisé, pour faire bien, "Quai de Gaulle". Mais Marcatchou a bel et bien existé;

- "Facile a heye" était un monsieur moustachu, avec redingote et chapeau melon, bardé de clés, de tournevis, de fils de fer, de tenailles; il avait une solution à tous vos problèmes domestiques;

- "Bibi mamour" a existé aussi au tournant du siècle, mais je ne sais pas exactement en quoi il excellait. Je trouve son nom adorable;

- "Frère Alfred" était la star des étudiants de l'Université. Il se disait l'ami des chats. Il avait créé, dans les années 60, un parti politique, dont il était seul candidat, le "parti vitaliste". Il discourait au pied de la statue de la Vierge de Delcour, au centre ville, et son unique slogan, à la fin de ses diatribes enflammées contre l'urbanisme, était: "Mangez du pain gris". Il recueillait, à chaque élection, quelques centaines de voix d'étudiants!

Moi, j'ai besoin de tous ces gens-là pour vivre!

Je suis né à une époque - est-elle si lointaine? - où il y avait encore des tramways, un marchand de lait qui faisait sa tournée avec son vieux cheval, des marchandes de "cûtes-è-peures" (poires cuites) avec leur charrette à bras, des marchandes de noix au coin de la rue "madame, monsieur, voléz-ve des novelles djeyes?", un marchand de soupe, un marchand de glace italien avec son tricycle et sa trompette … Tous ces petits métiers ont disparu. On a ainsi beaucoup perdu.

C'est lui le mayeur et la mémoire des traditions locales, Jean-Denys Boussart.



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