Voici le passage incriminé:
Précisément, que pensez-vous du sida ? Y voyez-vous une ‘punition de Dieu’ suite à la libération sexuelle ?
On a posé à Jean-Paul II un jour cette question-là : « Est-ce que le sida est une punition de Dieu ? » Il a répondu avec beaucoup de sagesse : « Il est très difficile de connaître les intentions de Dieu ». Pour ma part, je ne raisonnerais pas du tout en ces termes. Tout au plus je verrais cette épidémie une sorte de justice immanente, pas du tout une punition, un peu comme, sur le plan écologique, quand on malmène l’environnement, il finit par nous malmener à son tour. Et quand on malmène l’amour humain, peut-être finit-il par se venger, sans qu’il faille y faire intervenir une cause transcendante. Peut-être s’agit-il d’une justice immanente, mais quant aux causes immédiates, ce sont les médecins qui seront aptes à dire où cette maladie est née, comment elle s’est transmise au début, quelles ont été les voies de sa propagation… Si vous souhaitez une considération plus générale, je la verrais plutôt dans l’ordre d’une certaine justice immanente. Malmener la nature physique amène celle-ci à nous malmener, et malmener la nature profonde de l’amour humain finit toujours par engendrer des catastrophes à tous niveaux. »
(Monseigneur Léonard : Entretiens avec Louis Mathoux, p. 243)
Voici mon analyse, car tout le monde n'a peut-être pas bien lu:
- il se refuse à parler de punition, mais il ne l'exclut pas; il dit qu'on ne peut connaître les intentions de Dieu. On appelle cela un "jésuitisme";
- il parle de "justice immanente" et, pour faire comprendre son propos, se livre à une comparaison. Le comportement de l'homme, ses excès sur le plan environnemental, donnent lieu aujourd'hui à des désastres climatiques. La nature répond au comportement de l'homme. Il ne s'agit point ici de Dieu (il exclut la transcendance à ce propos). Il sous-entend qu'un processus d'auto-régulation existe dans la nature;
- il applique ensuite la comparaison au SIDA: quand on malmène l'amour humain, cela finit toujours par engendrer des catastrophes à tous niveaux. Monseigneur Léonard semble oublier que le virus du SIDA ne touche pas que les libertins: il touche des transfusés, des enfants contaminés par leur mère, des familles entières en Afrique. Le SIDA n'est pas toujours lié à un comportement qui malmène l'amour humain.
Monseigneur Léonard, ayant avec surprise "l'impression" d'avoir été mal compris, a jugé utile de faire une mise au point qui n'en est pas une:
http://www.lesoir.be/actualite/belgique/2010-10-15/mgr-leonard-a-l-impression-d-avoir-ete-mal-compris-798418.php
Pour lui, il va, sans dire, que ses propos ne concernaient pas les transfusés et les enfants contaminés! Ils visaient ceux qui ont des relations sexuelles avec des partenaires multiples. Il fallait lire ceci entre les lignes!
Imaginons un instant que l'interview ait été un examen universitaire, le professeur et Monseigneur Léonard aurait sans doute été recalé pour une réponse aussi mal formulée, peu nuancée, détachée des réalités.
Vu les responsabilités qu'il a aujourd'hui, je pense qu'il est souhaitable qu'il se taise. Mais, il parlera, vu que sa fonction l'habilite à parler.
Je n'ai pas la réponse, mais j'aimerais qu'il me la donne: où se situe la "justice immanente" dans les scandales liés à la pédophilie dans l'Eglise?
Une amie facebook me répond ceci: le libertinage a toujours existé. Un pape est même célèbre pour ses enfants prodiges, qui se prénommaient Lucrèce et César! Je ne crois pas qu'il ait même contracté la vérole! Ces propos de bon sens démontrent à eux seuls la faiblesse des arguments de Mgr Léonard
RépondreSupprimerUn autre ami facebook me dit ceci: "Sauf à croire en une vérité de l'amour, Xavier, je ne me permettrais pas de juger les libertins et de considérer qu'ils le malmènent. Il n'est pas nécessaire d'évoquer les enfants ou les transfusés pour montrer le caractère ignoble des propos de Léonard".
RépondreSupprimerIl n'est pas nécessaire en effet ... Par "libertins", je désignais ceux que le sieur Léonard visait, sans l'avoir dit assez explicitement: ceux qui ont des relations sexuelles avec plusieurs partenaires.
Cela dit, l'amour n'est pas pour moi une vérité en laquelle il faudrait croire, mais une réalité à vivre.