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dimanche 25 septembre 2011

Déclarations et silences

Certains parlent pour ne rien dire quand d'autres parlent d'or. Certains feraient mieux de se taire quand le silence d'autres pèse lourd. On peut trouver des exemples quotidiennement.

On a beaucoup souligné, dans les media, le silence assourdissant du président américain Obama à propos de l'exécution à mort, dans l'Etat de Géorgie, de Troy Davis. Pouvait-il, en tant que président fédéral, critiquer des décisions de justice de son propre pays, aussi iniques et révoltantes soient-elles ? L'indépendance des pouvoirs judiciaire et exécutif n'aurait-elle pas été mise à mal ? Bref, ce que l'on reproche à son homologue français qui a bien du mal à accepter que les juges soient indépendants et non à son service. Cela dit, il est heureux qu'une mobilisation internationale dans les media et par citoyens interposés ait dénoncé, non seulement l'aspect barbare et moyen-âgeux de la peine de mort, mais aussi l'arrogance des juges américains qui ont préféré assassiner un homme que bien peu de preuves accusent, simplement pour ne pas se déjuger, c'est-à-dire reconnaître qu'ils aient pu se tromper, invoquant un concept juridique totalement nouveau : "le doute insuffisant", qui scandalise les meilleurs juristes et pas seulement européens. Seule une initiative législative peut apporter une réponse à cet état de fait particulièrement choquant, mais que peut-on attendre de bon des élus de la Géorgie ou du Texas ? De là à dire, comme certains n'ont pas manqué de le faire, que le président Obama ne s'est pas montré digne de son prix Nobel de la paix, il y a, me semble-t-il, une marge.


Un autre président a parlé lui, avec audace, il s'agit du président de l'Autorité palestinienne, Amoud Abbas, devant l'assemblée générale de l'ONU. Il a demandé que la Palestine soit admise comme Etat au sein de l'ONU. Sa démarche unilatérale, a-t-on dit, torpille les négociations de paix, bilatérales et sous tutelle, qui sont au point mort depuis un an et alors que l'Etat d'Israël poursuit sa politique de colonisation et de discrimination. Elle a moins un mérite : elle met devant leurs responsabilités les Etats du monde entier. Leur réaction est fort instructive : rejet feutré mais net des Etats-Unis,  réaction scandalisée d'Israël, silence des pays arabes, indécision des européens. Le président français a suggéré, pour ménager la chèvre et le chou, qu'un statut d'observateur soit reconnu à la Palestine, calqué sur celui de l'Etat du Vatican. Les palestiniens ont apprécié comme vous pouvez le penser.


Chaque année, lors des rentrées académiques solennelles des universités, celles où l'on remet aussi les insignes de docteur honoris causa à des personnalités éminentes, un délégué des étudiants est invité à prendre la parole entre la poire et le fromage, je veux dire entre le recteur et l'administrateur. Est-ce la fougue de la  jeunesse, non encore corrompue, mais on trouve dans le discours des représentants des étudiants quelques vérités bonnes à entendre, plus même que dans le discours plus convenu des autorités.

Ainsi, le représentant des étudiants au Conseil d'administration de l'Université de Liège, Alexandre Defossez a posé la question suivante : "l'excès de liberté peut-il nuire gravement à la santé des droits de l'homme ? ". Il lie justement la liberté à la fraternité, autre pilier de la démocratie, et prend l'Union européenne pour exemple, pour souligner que l'Europe des libertés a donné plus d'importance aux marchés qu'aux individus, regrettant au passage l'absence d'une Europe sociale, une Europe de la solidarité. Il n'a pas tort. Quelques Etats viennent de remettre en cause un mécanisme de solidarité en vigueur depuis 25 ans. Cela n'a rien à voir avec la crise financière et la Grèce. Il s'agit d'un prélèvement minime sur le budget de la PAC (politique agricole commune) destiné à fournir une aide alimentaire et sociale aux plus démunis sur le territoire de l'Union. Ces Etats se retranchent derrière un argument juridique imparable : la politique sociale ne fait pas partie des compétences déléguées à l'Union européenne ; les Etats membres doivent rester souverains en cette matière. Bref, chacun fait ce qu'il veut de ses pauvres ! L'étudiant souligne aussi que le travailleur européen ne peut pas être libre, s'il est à la merci d'un dumping social permanent et soumis à la menace permanente de délocalisations. Ce jeune homme est lucide : ce que les Etats membres ont fait de l'Europe des libertés semble bien loin des idéaux des pères fondateurs, qui avaient pensé surtout à la liberté, la paix et la prospérité des peuples.


Jérôme Lechien, à l'ULB, dans un discours fleuve, qui ramène l'auditeur à la contestation étudiante de mai 1968, énonce, malgré de nombreux excès, quelques vérités bien senties. N'a-t-il pas raison quand il rappelle que l'université doit être " un espace de réflexion critique, de recherche fondamentale, d'expression libre et de démocratie interne " ? Et quand il dénonce le financement de chaires ou de la recherche par des entreprises privées ? N'a-t-il pas raison de dénoncer la contradiction entre le projet libre-exaministe de l'ULB et ses choix de gestion qui s'inspirent d'une seule idéologie, celle du libéralisme le plus pur. J'aime beaucoup que cet étudiant pense ceci : "Nous ne voulons pas d'une université soumise à la logique marchande. Ayons un peu de courage. Cessons de nous prostituer au monde professionnel. (L'université n'est pas) là pour produire des employés efficients, mais pour former des citoyens critiques qui construiront notre société de demain ". J'applaudis des deux mains : ce jeune homme a une vision très juste de l'université.

http://www.ulb.ac.be/dre/com/docs/actulb/discours-etudiant.pdf

Le discours de ces jeunes engagés tranche singulièrement avec celui de leurs autorités académiques, je ne sais s'il faut se désoler ou se réjouir. Et n'allez surtout pas conclure que tous les délégués étudiants sont de gauche et toutes les autorités académiques de droite ... Il s'agit plutôt de soumission ou de rejet à l'égard d'une pensée unique dont le poids est tel qu'il semble vain ou déplacé d'en débattre. Merci à ces étudiants de ne pas se soumettre.

Et puis, dans un autre registre, il y a toutes ces femmes qui, par leur parole, balancent à qui mieux mieux sur des personnages en vue pour mieux les dénoncer. Je ne vais pas les citer ... la liste serait trop longue, d'autant que vous les reconnaîtrez sans peine. Si leur parole est dénuée de tout intérêt, de toute esprit de vengeance et vise seulement à faire apparaître la vérité, j'applaudis des deux mains. Mais j'ai comme un doute. Observons que, dans la Bible, la première parole humaine est prononcée par Eve, qui répond au serpent qui la séduit (Gn, 3, 2). On voit ce que cela a donné et cela en dit long sur les motivations qui poussent une femme à parler. Pourquoi Anne Sinclair se tait-elle, peut-être parce qu'elle aime son mari avec ses turpitudes et ses incartades ? L'amour ne s'explique pas. Et si l'homme et la femme sont égaux en tout, ils doivent alors avoir autant de turpitudes l'un que l'autre. Faut-il espérer, par souci d'égalité, que les hommes se mettent à balancer allègrement sur leurs femmes et sur les femmes de pouvoir ? Peut-être les hommes ont-ils trop de respect pour les femmes pour en venir là ? Ils se contentent généralement de quelques plaisanteries entre eux.

PS : le dernier paragraphe de mon article a pour seul but de susciter les réactions outrées de mes amies féministes ! Il s'agit d'un exercice de style. 

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