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lundi 12 septembre 2011

Dimanche, 11 septembre 2011

Dimanche, 11 septembre 2011 ...

Comme tout le monde risquait d'évoquer l'attentat et les Twin towers de Manhattan, il y a dix ans, je me suis d'abord dit que je m'abstiendrai, puis je me ravise.

Je suis - ô combien - solidaire et compatissant avec les victimes et leurs familles et admiratif pour les héros qui ont pu sauver des vies, mais je n'arrive pas à me défaire d'un certain malaise. Comme si le crime était presque trop parfait. L'Amérique était, ce jour-là, atteinte par un ennemi extérieur qui maîtrisait en tout cas parfaitement les scénarios hollywoodiens. Aucun autre attentat attribué à Al Quaïda n'a jamais pris cette ampleur et ce côté spectaculaire que des media ont montré quasiment en temps réel. J'ai toujours trouvé cet attentat un peu "trop américain".

Cet événement est surtout devenu un symbole, mais quel symbole ?

ll représente, selon certains, le moment où l'Amérique aurait découvert qu'elle pouvait être vulnérable sur son propre territoire, ce qui était jusque là parfaitement inconcevable pour un américain. Un tel événement aurait pu dès lors susciter un sentiment d'humilité ;  il n'est pas impossible en effet que d'autres puissent devenir, un jour, plus forts que les américains.  Une telle prise de conscience aurait pu être salutaire. Ce ne fut évidemment pas la réaction du président G. W. Bush et de ses meilleurs conseillers. Ils auraient pu, car depuis leur arrogance a pris de sacrés coups. A vrai dire, la société américaine est bien plus fragile qu'on ne le dit aux américains : crise des subprimes en 2008, faillite de Lehman Brothers, endettement colossal,  ... plus peut-être pour des dépenses militaires que pour des dépenses sociales. A vrai dire, la société américaine n'a jamais été aussi fragile qu'aujourd'hui, comme si l'attentat avait déclenché et accéléré un processus révélateur de ses erreurs et de ses dérives.

La seule question qui vaille est la suivante. Au-delà de l'hommage aux victimes, essentiel, quelles nouvelles perspectives ont-elles été ouvertes à la suite de cet événement : la lutte contre le terrorisme, justification facile pour de nouvelles guerres ? les restrictions aux libertés individuelles pour assurer la sécurité ? Alors que la réponse se trouve peut-être dans les questions suivantes: quelles solidarités nouvelles ? quelles priorités ? quels engagements ? Je souhaiterais qu'au moins, ces événements terribles servent à quelque chose, pas seulement à  faire des commémorations à forte connotation nationale.

Car, des victimes et des héros, on en trouve aussi dans la Corne de l'Afrique, soumise à la famine. On en trouve dans les pays du "printemps arabe" qui aspirent à la liberté et à la démocratie. On en trouve dans tous les pays qui ont connu récemment une catastrophe naturelle. Il ne s'agit point de compter les morts pour décider si un événement mérite d'être couvert par les media. Mais de reconnaître certaines vérités.

Ainsi, on a fort peu évoqué le fait que le 11 septembre (!) 1971, le président du Chili, Salvador Allende, porteur d'espoir pour son pays, qui prônait l'indépendance par  rapport aux capitaux étrangers et la nationalisation des ressources naturelles, a été destitué par un putsch militaire dirigé par le général Pinochet, lui-même pantin des Etats-Unis, inaugurant une période de répression, d'emprisonnement, de tortures et d'assassinats en bonne et due forme, dont les victimes se sont comptées par milliers ...

Je vais finir par me demander si le nombre de morts, justifiés par la défense des intérêts américains, n'excède pas très largement le nombre des victimes du terrorisme islamique.

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