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mercredi 21 septembre 2011

Escapade Vivabox

Il le fallait ... avant le 30 septembre 2011 ! Je n'avais pas aperçu la date limite du Vivabox que Ben m'avait offert à Noël. Une nuit pour deux + pdj dans un certain nombre d'adresses sélectionnées. Au petit déjeuner, ce matin, je me suis aperçu que je n'étais pas le seul, le couple qui avait partagé sa nuit avec la mienne - je veux dire au même endroit que moi - était dans la même situation. Et mon hôtesse ne comprenait pas pourquoi aucun ami ou aucune amie ne m'accompagnait. Il a bien fallu inventer un prétexte : j'étais là pour réfléchir.

Tout a commencé quand j'ai pris la route hier, en fin d'après-midi, pour rejoindre le village de Wéris, ses menhirs et son dolmen, un des plus beaux villages de Wallonie, paraît-il.




Un joli logis dans un joli village.






Mon hôtesse ne parlait pas bien le français. Et pour cause, elle est hollandaise et fait partie des très nombreux néerlandais qui ont quitté leur pays pour le nôtre ; ici elle gère pour sa part des chambres d'hôtes, tandis que son mari conçoit à domicile des sites internet. Ils sont ravis de la vie de village où "elke dag is zondag". Ja zeker ! Of course ! Inderdaad ! Dans ma région, je m'attendais cependant à pouvoir parler librement ma langue, ou, à la limite, le wallon. Non, j'ai dû, comme il y a une semaine, exercer mon néerlandais, gentiment, il est vrai, mais quand même.

Jolie demeure, charmant jardin, chambre et salle de bain impeccables, salon sinistre et salle de petit déjeuner fort tristounette pour een echte hollandse ontbijt cependant.

Où manger ? Le village étant un village, il fallait aller jusqu'à Barvaux ou Durbuy. J'ai choisi Durbuy, le lieu qui offrait le plus de possibilités, et ne l'ai pas regretté.

Je n'ai surtout pas regretté le restaurant sur lequel mon choix s'est porté : Le Clos des récollets. Surprise : ma logeuse hollandaise y dînait aussi avec son mari et d'autres bataves locaux.







Dans ce restaurant, j'étais le seul client francophone d'origine. A la table juste à côté de moi, un couple de flamands d'un certain âge, parfaitement bilingues, qui se faisait un point d'honneur de parler aux serveurs en français, plus loin, une table de dix hollandais du quatrième âge en goguette et puis, de l'autre côté, mais toute proche, une autre tablée de six hommes d'affaires fort bruyants et discutant en flamand de l'avenir de la région, de la possibilité d'un nouveau village de vacances, d'un parc d'aventures et de la rénovation d'immeubles pour faire des gîtes ruraux tenus par des flamands/néerlandais pour d'autres flamands/néerlandais. Comme je maîtrise un peu leur langue; j'ai bien compris de quoi il s'agissait. Eux parlaient uniquement en flamand/néerlandais au personnel. En plus, leurs rires étaient gras. Que faisaient-ils donc dans ce restaurant réputé pour sa cuisine ?

J'aime certes les plats canaille, mais de temps en temps un peu de raffinement ne me déplaît pas.
Je ne vais pas égrener ici le menu. Je me contenterai d'évoquer trois heureux souvenirs : le capuccino de cèpes, le carpaccio de boeuf et dés de foie gras, salade croquante à la courge "Butternut", vinaigrette acidulée et le filet de sandre, rôti sur peau, étuvée de jeune chou vert, sauce onctueuse au foie gras (inattendu mais succulent).

Le service fut excellent. Je me suis demandé, vu les attentions qu'on me portait, si on ne m'avait pas pris pour le goûteur d'un quelconque guide gastronomique. N'était-ce pas un peu too much de m'offrir en lecture, pour combler ma solitude, une pile de revues orientées soit sur la gastronomie et les vins, soit sur les finances. J'ai fait semblant de lire, ayant oublié mes lunettes.

Un des jeunes serveurs était plein de sollicitude pour moi. Il était rémois et effectuait là-bas son stage en entreprise. Un peu surpris de n'entendre parler que le flamand ou le néerlandais, depuis son arrivée, il m'a pris pour un français. J'ai sans doute un accent, mais il ne s'agit pas de l'accent belge, tel qu'on le conçoit en France, de là sa confusion. C'est étrange, mais quand un belge est pris pour un français, il en éprouve toujours une satisfaction, comme un peu de fierté.

J'avais envie de lui dire qu'étant originaire d'une ville connue autant pour son champagne que pour son ange au sourire il en était le digne représentant (car pétillant et souriant). Je me suis abstenu, par crainte de me montrer équivoque. D'autres que moi n'auraient pas hésité.

J'adore me réveiller à la campagne. Le petit déjeuner étant fixé à 9h00, j'ai parcouru les rues du village et quelques chemins creux au milieu des pâtures et des champs dès 8h00 du matin sans croiser âme-qui-vive. Grand calme, seuls les oiseaux et de jeunes agneaux bêlant rompaient le silence, exceptionnellement une voiture. A 9h00, la vie a repris, je veux dire les tronçonneuses dans la forêt, les tracteurs. Le petit déjeuner m'attendait.

La bruine s'est alors invitée. J'ai sillonné la région en voiture, de village en village, passant parfois sous de très longs tunnels de verdure où il est recommandé d'allumer ses phares. Le ciel s'est un peu éclairci quand j'ai rejoint le château de Petite Somme, un lieu important pour les disciples de Krishna. En fait, ils ont investi tout le hameau. Il y a les célibataires qui vivent en communauté dans le château et des familles dans les maisons aux alentours. Certes, voir passer ces adeptes dans leur tenue indienne sous la bruine est un peu étrange. Ils n'ont pas l'air drogués, ils ont même l'air plutôt sains, et s'ils sont un peu illuminés, ce ne sera en rien une critique de ma part. Si je devais choisir la voie de sagesse qu'ils suivent, je le pourrais à beaucoup d'égards, mais je ne verrais pas la nécessité, moi européen, de me vêtir à l'indienne surtout sous notre climat, ni de vénérer d'étranges statues, alors que nous en avons de si belles chez nous.


Une fois encore, le noyau de la communauté est manifestement hollandais. Le néerlandais est d'ailleurs la première langue utilisée, l'anglais la seconde, la communauté étant internationale, le français vient en troisième position. Je me suis rappelé avoir envoyé là-bas, avec mon collègue et complice N., un étudiant, l'année où nous avions organisé un séminaire sur les différentes manières possibles de vivre ensemble et sur l'organisation juridique que cela impliquait. Il y fut bien accueilli, mais il n'y est pas resté. Les séminaires proposés aujourd'hui doivent être beaucoup moins exotiques.

Les disciples de Krishna sont végétariens, mais pas végétaliens. Leur alimentation comprend donc tous les produits laitiers et les oeufs, mais pas de viande, ni de poisson (comme les trappistes). Ils le font par conviction, mais, si vous êtes un peu curieux, essayez donc au moins une fois, dans leur restaurant, un repas végétarien. C'est délicieux ! Et leur boulangerie offre des choses fort appétissantes. Je recommande en outre le magasin pour les textiles et les produits de soin ou cosmétiques naturels.




Si les disciples ont choisi un style de vie qui se démarque de la société ambiante, il y a un côté touchant dans certaines de leurs actions. Ainsi, ils veulent accompagner jusqu'à la fin leurs poules et leurs vaches en les aidant à mourir de vieillesse, en reconnaissance des oeufs et du lait qu'elles leur ont prodigué au cours de leur longue vie. Je trouve ça beau, parce que cela fait preuve d'un certain respect, respect qui fait fort défaut aujourd'hui. Le respect de la nature, des êtres vivants, de l'autre. Ils développent une action internationale dans ce sens. Cela me paraît sage, mais cela se heurte à des traditions, au mieux, à des puissances commerciales, au pire, qui risquent de faire obstacle encore longtemps à leur action. Mais comme le vin ou la bière ne sont pas contraires à leur régime, j'y vois une raison supplémentaire de l'adopter.

Je vous livrerai bientôt une suggestion de menu végétarien à ma façon pour toute une semaine ...
















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